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Le gouvernement va plancher sur le statut des travailleurs indépendants des plates-formes numériques

Après la décision de la Cour de cassation de requalifier un chauffeur Uber en salarié, la ministre du Travail Muriel Pénicaud promet une mission et des propositions d’ici l’été.

Le gouvernement réagit au jugement de la Cour de cassation prononcé hier sur un chauffeur Uber. La ministre du Travail Muriel Pénicaud a annoncé jeudi matin, au micro d’Europe 1, le lancement d’une mission sur le statut des travailleurs des plates-formes numériques de services et des « propositions d’ici l’été ».  

La plus haute juridiction de l’ordre judiciaire a validé mercredi la requalification en contrat de travail du lien entre Uber et un de ses anciens chauffeurs, une première en France contre le numéro un des plates-formes de voitures avec chauffeurs (VTC). La Cour a estimé que le lien de subordination entre le chauffeur et la plate-forme américaine était caractérisé lors de la connexion et que le statut d’indépendant du conducteur était donc « fictif ».

Une zone de flou

« La Cour de cassation juge en droit », a réagi Muriel Pénicaud jeudi à l’antenne d’Europe 1. « Ce qu’elle dit c’est qu’aujourd’hui, dans le droit du travail, soit on est un salarié, soit on est un travailleur indépendant ». Or, « on a une zone de flou parce que la grande majorité des travailleurs des plateformes veulent être indépendants, veulent la liberté mais veulent à juste titre aussi avoir des protections », a affirmé Mme Pénicaud. « Il faut inventer des règles qui permettent la liberté et la protection (…), tout en donnant un cadre qui est clair pour les plates-formes », a-t-elle estimé. « On en a déjà discuté avec les organisations syndicales, avec les plateformes. Il faut trouver un cadre qui permette aux travailleurs d’être protégés, qu’ils veuillent ou non être salariés », a-t-elle poursuivi. « En attendant », la décision de la Cour de cassation « fait jurisprudence », a indiqué la ministre.

La loi d’orientation des mobilités (Lom), adoptée fin 2019, a mis en place un socle d’obligations (droit à la déconnexion et transparence du prix des courses) pour les plateformes. Mais le Conseil constitutionnel a partiellement censuré un article qui empêchait un juge de requalifier en contrat de travail l’engagement des travailleurs indépendants. Matignon a déjà chargé mi-janvier Jean-Yves Frouin, ancien président de la chambre sociale de la Cour de cassation, d’une mission destinée à réfléchir à une meilleure représentation des travailleurs des plates-formes. La mission évoquée par Mme Pénicaud sera « à la fois complémentaire et différente », et lancée « très prochainement », selon l’entourage de la ministre.

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La rédaction avec AFP