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Le gouvernement centralise la lutte contre la pédophilie en ligne

Le ministère délégué à la Famille lance un site où les internautes pourront signaler des contenus illicites et qui centralisera des données jusqu’ici dispersées.

La lutte contre les réseaux pédophiles en ligne s’organise. Prévu par le conseil de sécurité intérieure du 13 novembre 2000, un site institutionnel (et sécurisé)de signalement des contenus illicites sera mis en ligne d’ici fin octobre, sous la houlette du ministère délégué à la Famille et à l’Enfance. Tout internaute pourra donc, nominativement ou anonymement, communiquer l’adresse des pages web contenant, selon lui, des contenus pédophiles.

La rapidité, enjeu d’efficacité

Les informations seront dépouillées et centralisées par l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC). “ Nos services vérifieront d’abord l’exactitude de l’information, puis localiseront, si possible, l’hébergeur du site, avant de transmettre l’ensemble de ces données aux autorités territoriales compétentes pour enquête judiciaire “, explique la commissaire principale Catherine Chambon, chef de service de l’OCLCTIC.Un site pédophile reste rarement plus de deux jours en ligne sous la même adresse web : le signalement par internet permet d’aller vite, multipliant, pour les enquêteurs, les chances d’identifier les contenus illicites avant leur migration sur d’autres pages. En mai dernier, c’est d’ailleurs une communication sur internet qui avait conduit au démantèlement du réseau pédophile connu sous le nom de code ” Forum 51 “.Jusqu’ici, les internautes n’avaient, officiellement, que la possibilité de se rendre à la police ou à la gendarmerie pour effectuer un signalement. Dans la pratique, les sites internet de ces dernières, mais aussi ceux du ministère délégué à la Famille et à l’Enfance ou d’associations de protection de l’enfance, recevaient, ponctuellement des informations par e-mail, mais sans qu’un formulaire dédié soit mis en ligne.

Créer des passerelles avec les FAI

Internet-mineurs.gouv.fr va donc régulariser cette procédure, et permettre de créer une base de données commune, puisque, jusqu’ici, police et gendarmerie disposaient chacune de leur liste de sites illicites, mais ne communiquaient guère entre elles “, confie-t-on au ministère délégué à la Famille et à l’Enfance. Restera une étape à franchir : créer une passerelle avec Point de contact, un site crée par l’Association française des fournisseurs d’accès (AFA) pour permettre de signaler des contenus racistes ou pédophiles.En ligne depuis déjà trois ans, ce site reçoit une centaine d’e-mails par mois, dont une quinzaine concerne véritablement des contenus pédophiles. L’AFA ne transmet pas les informations aux autorités, mais se contente, si le contenu est hébergé par l’un de ses membres, de demander la suspension de l’accès au site, et de fournir à l’internaute les adresses utiles pour réclamer lui-même des poursuites judiciaires.” Il faudrait que nous travaillions main dans la main avec l’AFA, dit-on dans l’entourage de Ségolène Royal, car l’AFA ne peut faire la justice, mais a la capacité, immédiatement, de faire couper les robinets d’accès aux sites illicites. Or, pour l’OCLCTIC, c’est exactement l’inverse ! “Des discussions sont en cours pour parvenir à une éventuelle coopération. Premier pas (prometteur ?) : Internet-mineurs.gouv.fr propose un lien direct vers le site de l’AFA et cette dernière promet de renvoyer l’ascenseur.

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Sophie Janvier-Godat