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Le design collaboratif porté aux nues par CargoLifter

La start-up allemande CargoLifter tente de relancer le concept du dirigeable. Mais loin des mythiques Zeppelins d’avant-guerre, ces aéronefs sont destinés à la logistique. Un projet irréalisable sans l’apport des technologies internet.

Si l’apparition, dans les années 80, des systèmes de conception assistée par ordinateur (CAO) ont révolutionné le travail des bureaux d’études, les technologies internet, sous la dénomination de design collaboratif, élargissent aujourd’hui considérablement les capacités de ces outils. Ainsi, le projet CargoLifter aurait été un pari impossible à tenir sans ces nouvelles techniques de collaboration.Imaginez 4 à 5 millions de pièces (dont 70 000 uniques) à concevoir et à assembler, pour donner vie à un dirigeable de nouvelle génération, qui mesurera 260 m (soit près de 4 fois la longueur du Boeing 747) et transportera 160 tonnes de fret sur plus de 10 000 km. Une idée originale pour acheminer de lourdes charges, surtout lorsque l’on sait qu’un convoi exceptionnel atteint péniblement les 8 km/h de moyenne sur la route. Avec ses 90 km/h de vitesse de croisière, le futur CL-160 fait figure de formule 1 du transport industriel…

Une course contre la montre est engagée

Ce défi que tentent de relever les ingénieurs allemands de la start-up CargoLifter représente un enjeu de taille, d’autant que les délais imposés pour le projet se révèlent extrêmement restreints. Entre le premier vol de la maquette du CL-160 au 1/8e (octobre 1999) jusqu’à l’achèvement de la construction du prototype (prévu en 2003), 4 années à peine s’écouleront.Entre temps, la grue volante CL-75 a pris l’air (janvier 2000) et le hangar du futur dirigeable a été assemblé (fin 2000). Un pari insensé lorsque l’on sait qu’en aéronautique, 10 ans sont nécessaires entre les premières ébauches d’un projet et l’assemblage du premier avion sur sa chaîne de fabrication.Aujourd’hui, se lancer dans une telle entreprise d’ingénierie implique évidemment le recours aux derniers logiciels de CAO, mais pas seulement. La vision de Gregory Opas, chef du support ingénieur de CargoLifter, va bien au-delà.“En octobre 1999, nous avons retenu la plate-forme logicielle de collaboration PTC Windchill en raison, notamment, de son architecture web, de son ouverture et des fonctions offertes dans sa version initiale. La première phase de notre déploiement a consisté à ajouter de nouvelles fonctions à l’installation de base de Windchill. Nous l’avons ainsi enrichi de 3 interfaces majeures vers les applications Doors de Telelogic (outil de gestion des contraintes), PS7 de Scitor (destiné à la gestion de projet et de données techniques) et Catia 4.2.2 Enovia de Dassault Systèmes.”En outre, chez CargoLifter, le design collaboratif ne s’applique pas uniquement à l’échange de fichiers 3D. Documents de tous types, plannings de projets, cahiers des charges et processus purement administratifs sont également concernés. “Une fois la structure du produit définie, toute personne impliquée dans le projet peut commencer à travailler sur le produit lui-même. Alors que les éditeurs de solutions de CAO considèrent la géométrie comme la clé de tout, je pense qu’elle n’est qu’un attribut. La clé consiste en une représentation abstraite de l’élément qui sera stockée dans le PDM (Product Data Management). Seul cet élément favorise la collaboration, indépendamment de la plate-forme. Il devient le point de ralliement des processus collaboratifs.”

Impliquer les fournisseurs dans les process de l’entreprise

Le contrôle des flux d’information entre ces interfaces constitue la clé de la réussite d’un tel projet, comme le souligne Gregory Opas : “Interfacer un système à un autre implique la communication de données entre deux entreprises, ce qui soulève la question fondamentale du contrôle du flux d’information. Ou, plus précisément, comment définir les différents états des objets pour s’assurer de ne pas le faire sans divulguer trop d’informations, de type commerciales par exemple. En définitive, il faut vraiment que ce soit déterminé au cas par cas, plus particulièrement lorsqu’il existe des différences subtiles dans l’organisation interne des fournisseurs.
Notre philosophie consiste à impliquer les fournisseurs dans notre processus de développement, de façon à ce qu’ils accèdent à nos données et interagissent avec nos systèmes. Avec la gestion des droits d’accès sur nos espaces de stockage d’information (des
workflows spécifiques selon les types de données), nous contrôlons quelle information pourra être consultée selon les différents fournisseurs et contractants, et à quel moment elle pourra l’être”, résume Gregory Opas. La nécessité de sécuriser les données vis-à-vis de l’extérieur se révèle tout aussi impérieuse entre les fournisseurs : “Un document renfermant une information susceptible d’apporter un avantage compétitif à un fournisseur par rapport à un autre, sera examiné afin d’être caché à l’ensemble des fournisseurs jusqu’à la signature du contrat.”

Les fournisseurs adoptent la plate-forme

Chez CargoLifter, le bilan semble plutôt positif quant à l’adoption de la plate-forme par les fournisseurs. Et c’est paradoxalement auprès de ceux déjà équipés en PDM que se sont portés les efforts de Gregory Opas : “Nous nous sommes concentrés sur eux pour intégrer nos workflows et adapter notre façon de travailler avec les leurs. Très peu ont été réticents. Nous les avons finalement convaincus. Étant engagés dans notre approche, ils se sont formés à des technologies que leurs prochains clients utiliseront dans le futur.”

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Alain Clapaud