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Le blues du businessman

On est bien peu de chose : Messier, idole des foules, foulé aujourd’hui aux pieds. Tout ça pour quelques malheureux petits points en moins sur la…

On est bien peu de chose : Messier, idole des foules, foulé aujourd’hui aux pieds. Tout ça pour quelques malheureux petits points en moins sur la grande courbe de la Bourse. Qu’est-ce que l’entreprise aujourd’hui où un patron ne peut plus faire ce qu’il veut, ni licencier dès qu’il a fait des bêtises, ni racheter à n’importe quel prix pour revendre ensuite beaucoup moins cher ? La liberté d’entreprendre n’importe quoi, qui est le fondement même du libéralisme vainqueur, sur lequel se sont bâtis tous les grands succès du monde moderne (Enron, France Telecom, Vivendi, etc.) est battue en brêche par des actionnaires sourcilleux, attachés à leur portefeuille comme la mante religieuse à son mari. On n’a même plus le droit de s’endetter tranquille de quelques milliards (euros, dollars, c’est la même chose) sans qu’on vienne vous pointer du doigt comme un malpropre, un malfaisant, c’est incroyable! Je n’ai qu’un conseil à donner à tous ces pauvres entrepreneurs victimes des aléas boursiers : vendez tout, stock-options (même à perte tant pis), voitures de fonctions, bijoux de vos maîtresses, stylos en or ; emportez vos golden parachutes, la caisse noire, les provisions pour retraites anticipées. Partez en courant à Saint-Barth, Saint-Martin, en Russie, à Cuba, aux Îles Caïman, que sais-je, bref dans des endroits normaux où on peut faire des affaires en bonne intelligence, en espèces, soutenus par des actionnaires fantômes et des banquiers aveugles. Là enfin, tout en dégustant des cocktails rouge et jaune sous les palmiers des bords de plage, vous pourrez médire en toute tranquillité de l’incompréhension des gens den bas. Car, croyez-moi, il vaut mieux être nouveau riche et oublié que futur pauvre et médiatisé.

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La rédaction