Passer au contenu

LD Com joue la récupération et occupe le terrain

La filiale de Louis-Dreyfus consolide peu à peu le marché français. Jusqu’à s’approcher de France Telecom.

Quel est le point commun entre l’un des tout premiers fabricants mondiaux de jus d’orange (LD Citrus) et le troisième opérateur français de télécommunications (LD Com) ? Le groupe Louis-Dreyfus. Et dans chacune de ces entreprises, la société de négoce mêle opportunément l’esprit d’entreprise à l’habileté financière. Un esprit qui le situe aujourd’hui en consolidateur du marché français des télécommunications.En effet, c’est au cours de la première semaine de juillet que l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) devrait donner son aval au rachat de Firstmark, deuxième opérateur de boucle locale radio (BLR, internet rapide par voie hertzienne) par LD Com. Une opération qui suit de quelques jours la conclusion du rachat de 9 Telecom (branche française de Telecom Italia), et qui ancre l’opérateur derrière Cegetel et France Telecom.

Des bateaux aux réseaux

À l’origine de cette ascension, les métiers d’armateur et de négociant. Ces activités ont conduit le groupe Louis-Dreyfus à un raisonnement économique assez simple : plutôt que de se contenter du négoce et du transport, autant récupérer la marge issue de la transformation et de la vente en gros. D’où la position que s’est arrogée le groupe d’abord dans le jus d’orange, et maintenant dans les télécoms.Cette dernière aventure ne sera effectivement lancée qu’en 1997 “grâce à MCI Worldcom qui recherchait alors en Europe, et particulièrement en France, quelqu’un capable de lui bâtir un réseau d’infrastructures le moins cher possible en douze mois”, se souvient Stéphane Lelux, président de la société Tactis, qui conseillait alors l’opérateur américain. Disposant d’une expertise en milieu humide, à travers son activité de câblier sous-marin, Travocéan, filiale du groupe Louis-Dreyfus, est retenue pour installer le réseau de Worldcom le long des voies navigables. Sur le milliard de francs investi par l’Américain, Travocéan héritera des deux tiers. Entre temps, Louis-Dreyfus négocie un contrat de quinze ans avec les Voies navigables de France pour emprunter canaux et rivières dépendants du domaine et tirer à coût marginal ses propres fourreaux. Il devient ainsi un intermédiaire de Worldcom, mais aussi de KPN Qwest, de Global Crossing, de Level 3, et de tout autre opérateur souhaitant relier les grandes villes de France. La machine à cash est enclenchée.En 1999, l’entité devenue LD Com, progresse encore d’un cran dans les télécoms, et passe du métier d’intermédiaire à celui d’opérateur d’opérateurs. Il se met à construire des boucles locales, au plus près des centraux téléphoniques de France Telecom et de ses clients. Une position qui ne lui suffit pas, puisque via BLR Services, LD Com devient également opérateur de boucle locale radio. Cette fois-ci, c’est le client final qu’il vise. Toujours guidée par le souci de valeur ajoutée, la filiale de Louis-Dreyfus se lance dès 2000 dans une phase d’acquisitions, alors même qu’elle doit renoncer à son entrée en Bourse.Qu’à cela ne tienne. “En négociant au mieux ses acquisitions, elle récupère en actifs et en apport de trésorerie l’argent qu’elle n’a pu lever en Bourse”, explique Stéphane Lelux, chez Tactis. Kaptech, Kertel, Belgacom, Fortel, 9 Telecom et bientôt Firstmark viennent consolider le réseau de LD Com, et lui apportent une base de clientèle d’entreprises et de particuliers.Aujourd’hui, LD Com est présent sur tous les maillons de la chaîne (services de télécommunications aux opérateurs, aux entreprises et aux particuliers, transport de données, services internet) à l’exception du mobile. “LD Com se devait de pallier la défaillance de ses clients”, explique un autre observateur. Mais quid de l’avenir ?

Melting group

La société devrait pouvoir compter sur 500 millions d’euros de trésorerie à la suite de ces dernières opérations. En 2001, elle a dégagé un résultat brut d’exploitation de 41 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 181 millions. “Il existe aujourd’hui deux pôles alternatifs à France Telecom : LD Com et Cegetel. Je ne peux pas imaginer qu’il n’y ait pas de plan pour rapprocher LD Com de la partie fixe de Cegetel”, estime un cadre nouvellement intégré au groupe Louis-Dreyfus. Quelle que soit l’issue de ce plan, le plus dur reste à faire : construire un groupe homogène à partir dentités distinctes, voire concurrentes, dans un environnement économique et financier peu porteur.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Thierry del Jésus