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Laurent-Pierre Baculard (AT Kearney) : ” Les opérateurs sont face à un défi marketing “

Pour la société de conseil, le retard pris par l’UMTS ne nuira pas forcément aux opérateurs qui peuvent ainsi mettre en phase leurs futurs services et les attentes des clients.


Le Nouvel Hebdo : Tous les clignotants de l’UMTS virent au rouge, les retards s’accumulent, les opérateurs croulent sous la dette. Y a-t-il péril ?
Laurent-Pierre Baculard, vice-président d’AT Kearne
y : Paradoxalement, le fait que les opérateurs ne pourront pas fournir leurs premiers services avant 2003 ou 2004 ne constitue pas forcément un handicap pour eux et pour le marché. Ce retard, par rapport aux premiers calendriers annoncés, va leur permettre d’affiner leur stratégie marketing et d’appréhender la valeur d’usage de cette nouvelle technologie. Mais, dans tous les cas, il existe une certitude, l’UMTS n’avancera que progressivement. Comment expliquez-vous qu’il y ait eu tant de précipitation de la part de tous les acteurs de ce marché ? En 1998, les équipementiers s’aperçoivent que le marché du GSM arrive bientôt à maturité avec des taux d’équipement qui ne pourront guère progresser. Ils travaillent depuis plusieurs années déjà sur la troisième génération et parviennent in fine à convaincre les opérateurs comme les régulateurs nationaux et les instances européennes qu’il faut aller vite sur ce dossier. Ensuite, les gouvernements sont entrés en piste et ont pris les équipementiers à leur propre piège. La Grande-Bretagne et l’Allemagne ont récupéré des sommes colossales. Résultat, ce qui devait être une opportunité de croissance pour les équipementiers se retourne contre eux avec les conséquences que l’on sait pour les opérateurs.Vous évoquez des opportunités de croissance. L’UMTS va-t-il réellement en offrir aux opérateurs ? La croissance en valeur du marché dépendra de la capacité des services proposés à générer de nouveaux comportements d’achat. On sent déjà un mouvement avec le SMS qui permet à chacun de s’initier à une nouvelle approche du terminal mobile. Ces messages courts génèrent déjà 13 % du chiffre d’affaires de Vodafone en Allemagne et 8,5 % en Grande- Bretagne. Le client commence à entrer dans une logique d’interactivité en ligne. Je vous rappelle que personne ne s’attendait à une telle explosion des SMS. Mais la vraie question est plutôt : les applications et les services seront-ils en phase avec la montée du marché et le porte-monnaie du client ?Les opérateurs 3G ne sont donc pas menacés ? Aujourd’hui, les opérateurs doivent relever le défi financier que leur pose le coût d’acquisition des licences. Elles cassent leur rentabilité alors que les premiers services n’ont pas démarré. Les plans d’affaires des opérateurs conduisent à la rentabilité au bout de dix ans. En diminuant le prix des licences, on avance ce délai. Dans le schéma actuel, les opérateurs ont une phase de deux ans difficile à traverser, en attendant l’apparition des premiers services UMTS. Mais, outre cet impact financier, ils devront mener leur stratégie marketing avec précaution. Le péril potentiel, pour les opérateurs UMTS, est d’abord marketing avant d’être financier, au bémol près du coût des licences.

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Propos recueillis par Thierry Del Jésus