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L’art du Net à l’honneur au Web Flash Festival

La sixième édition du festival dédié à la création en ligne vient de fermer ses portes à Paris. Retour sur ces deux jours d’expérimentations et de performances sur le thème de la fiction.

Au sous-sol du Centre Pompidou, la petite communauté de la création on line vient de tenir festival. Pendant deux jours, du 25 au 27 mai, le
Web Flash Festival a donné lieu à des conférences, des expérimentations et des performances autour du thème Fictions. La manifestation, organisée par le centre de formation Regart.net, se
veut le rendez-vous de la création et de la diffusion artistique numérique en ligne.Le grand gagnant de cette sixième édition est sans conteste la société de production Upian.com. Le web-documentaire Thanatorama
(www.thanatorama.com) remporte le trophée de la catégorie Art Graphisme ainsi que le Grand Prix du jury. Le site primé entraîne le visiteur dans une plongée réaliste, photos et commentaires à
l’appui, dans un au-delà terrestre ?” que se passera-t-il pour vous après votre mort, depuis le jour J jusqu’au cimetière. Faute de média ou d’éditeur intéressé par cette recherche journalistique, le Web a accueilli avec
succès le projet.

Promenade interactive

Dans un autre genre, le prix du Net Art salue la dernière initiative du groupe d’expérimentations artistiques Anonymes.net, baptisée Le Partage de l’incertitude (anonymes.arte.tv). Il s’agit là de vidéo, ou plutôt de cinéma interactif. Le projet a pris un an et demi de travail, soutenu par Arte Cinéma, le Centre national de la photographie, ainsi que la Mairie de
Toulouse.Ce film n’a rien de conventionnel car il est projeté dans deux ou trois espaces différents sur l’écran. Sans clic, en bougeant simplement le curseur de la souris, l’internaute spectateur agit sur le visionnage des
scènes en rapprochant les fenêtres au rythme qui lui convient, avec un intéressant travail sur la musique, qui elle-même évolue en fonction des écrans visionnés.En plus d’une recherche d’interaction, le film se distingue par sa farouche volonté de ne pas raconter d’histoire : les auteurs ont choisi des personnages archétypaux, représentant trois générations
différentes, et les scènes tournées ne sont liées les unes aux autres que par l’imagination du spectateur.Troisième expérience visuelle marquante de ce festival, primée cette fois par le Prix du public : Graphibulation,
(graphibulation.lamayonnaise.com), qui était sélectionnée dans la catégorie Art Graphisme. L’auteur a conçu une promenade interactive dans le monde des rêves. Pour
découvrir cet univers, l’internaute est amené à utiliser tous les outils dont il dispose : souris, clavier, webcam ou micro.

L’impasse financière de la création sur Internet

En même temps que la découverte de talents, le Web Flash Festival est l’occasion de faire un point sur la création du Web. En réalité, le problème se pose chaque année : les financements sont quasi inexistants, et aucun
modèle économique ne se dessine du fait de la gratuité de la diffusion on line.‘ Il est assez difficile pour l’art en réseau et l’art numérique d’être représentés dans le milieu de l’art contemporain, note Guylaine Monnier, organisatrice du festival.
Et très peu d’artistes peuvent vivre de leur art, beaucoup travaillent en agence de création. En France, c’est encore plus compliqué car le modèle du mécénat privé n’existe pas. ‘
Anonymes.net, par exemple, a été financé, pour la réalisation de son film, à hauteur de… 20 000 euros, une goutte d’eau au regard d’un film classique qui a juste permis aux porteurs du projet de rémunérer
comédiens et techniciens.L’art du Web souffre en prime de l’image du geek, bidouillant en solo son ordinateur pour s’amuser. Et si le Web Flash Festival est une manifestation vitale pour l’art en réseau, il est
lui-même presque trop attaché à la technologie. La manifestation tente de se détacher au fil des ans de son image 100 % Flash ?” Adobe étant cependant le principal sponsor du festival. Mais pour le public du Centre Pompidou
arrivé par hasard au festival, la manifestation a encore des couleurs un peu trop technoïdes.

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Laure Deschamps