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La voix sur IP, encore du travail pour s’imposer

La tentation est grande de faire transiter par les mêmes tuyaux voix et données en utilisant le protocole lié à internet. Mais la voix sur IP a encore des progrès à faire pour convaincre les entreprises.

Les réseaux IP (Internet Protocol) engloutissent tout sur leur passage. Après y avoir fait transiter les données, les équipementiers de télécommunications et les opérateurs tentent d’y ajouter la voix, une donnée comme les autres. Selon le cabinet d’études IDC, la voix sur IP drainerait quelque 91,5 millions de minutes de communication en 1999 pour un chiffre d’affaires de 11 millions de dollars (12,3 millions d’euros) soit 0,01 % du volume global de la téléphonie. En 2004, le trafic devrait grimper à 47 milliards de minutes pour un chiffre d’affaires de 2,5 milliards de dollars. Ce qui représentera alors 3,5 % du volume total de la téléphonie.Pourquoi pas davantage ? Tout simplement parce que la qualité des communications n’est pas encore à la hauteur de la téléphonie traditionnelle dite commutée, même si elle s’est sensiblement améliorée. Elle arrive peu ou prou au niveau des communications mobiles. Et pour cause, la voix est plus sensible à transporter que les données convoyées par paquets, comme l’exige le protocole IP. Les temps de latence ne peuvent dépasser quelques millisecondes et il est hors de question de perdre des paquets en route. Pour les acteurs du secteur, “l’une des clés de la réussite est de maîtriser l’ensemble de la chaîne de transport des données“, explique Emmanuel Noutary, directeur marketing et communication de Pc2call.com qui propose des solutions de voix sur IP aux entreprises et aux particuliers. En effet, contrôler la chaîne de transport permet d’éviter la perte de qualité due éventuellement au transit sur les lignes appartenant à l’opérateur de la boucle locale ou au fournisseur d’accès internet. Dans le cas contraire, pour garantir cette qualité, il faudrait que les protocoles soient harmonisés, les normes définies et les divers équipements compatibles. Ce qui est loin d’être le cas. L’équation se complique car les acteurs viennent de milieux très divers : équipementiers de réseaux (3Com, Alcatel, Cisco, Lucent…), fournisseurs de passerelles IP (Ascend, Arcanset…), fabricants de téléphone (Ericsson, Siemens…).Ce manque d’harmonie n’incite pas les entreprises à s’équiper. D’autant plus que les infrastructures à mettre en place peuvent être lourdes et coûteuses. “ Les entreprises ne sont pas prêtes à lâcher un système qui marche [le réseau téléphonique classique, ndlr] sans garanties“, insiste Stéphane Aubin, directeur du développement de Natural Microsystems, spécialisé dans les solutions technologiques pour les équipementiers. “ Les PMI ont besoin d’un élément moteur pour se lancer réellement “, souligne de son côté Jean-Philippe Slovès, directeur marketing chez Avaya, fournisseur de systèmes de communications pour entreprises né de la scission de Lucent en plusieurs entités. Le marché n’est pas encore au rendez-vous de la technologie de la voix sur IP à tel point que Cisco vient d’arrêter la commercialisation d’un routeur pour réseau de fibre optique. Les PME-PMI profitent le plus souvent d’un déménagement ou du rachat d’une entreprise pour optimiser leurs infrastructures.Cependant, “ le rôle de la téléphonie sur IP n’est pas de remplacer la téléphonie traditionnelle, mais de lui proposer une alternative “, prévient Maurice Abecassis, directeur général France de l’équipementier télécoms Zhone Technologies. L’avantage de la technologie réside dans sa convergence avec le réseau internet et donc les services qu’il autorise : la messagerie unifiée, le numéro unique, la visioconférence, la création de centre dappels…

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