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La voix sur DSL fait des émules

Le dégroupage permet à un nouvel opérateur d’utiliser les lignes de l’opérateur historique. La technologie DSL (Digital Subscriber Line) est au c?”ur de cette démarche. L’Américain Virata se place sur le créneau de la voix sur DSL.

Marché émergent, la voix sur DSL (Digital Subscriber Line) suscite la création de nombre de start up. Ou la reconversion de sociétés plus anciennes. C’est le cas de Virata, entreprise américaine basée à Santa Clara, qui s’installe en Europe.
Emanation des laboratoires de recherche d’Olivetti, cette société a été fondée en 1992 sous le nom d’ATML. Dans l’euphorie des débuts de l’ATM, elle visait le créneau du 25 Mbit/s jusqu’au poste de travail, solution lancée par IBM. Les faits en ont décidé autrement : le mariage d’ATM et du PC n’a jamais été consommé. En 1997, ATML devient Virata et transpose son savoir-faire sur une autre technologie alors émergente : le DSL.
A l’origine, la technologie DSL avait été conçue pour accroître la bande passante de la ligne téléphonique. Limitée à 64 Kbit/s en usage normal, celle-ci passe, avec l’ADSL (Asymmetric DSL, l’une des variantes de la technologie), à 8 Mbit/s dans le sens descendant, c’est-à-dire du central de rattachement à l’abonné, et à 600 Kbit/s dans le sens montant – de l’abonné vers le central – sur une distance d’environ cinq kilomètres. Du coup, le DSL devient l’un des fers de lance du dégroupage (possibilité laissée à un nouvel opérateur d’utiliser la boucle locale de l’opérateur historique). Et, pour attiser encore la concurrence, une nouvelle évolution se fait jour : la voix sur DSL. Il s’agit de “découper” des canaux voix à 64, 32 ou 16 Kbit/s dans la bande passante des données afin de permettre aux nouveaux opérateurs profitant du dégroupage de proposer toute une palette de services voix et données. L’opération s’effectue dans un équipement appelé IAD (Integrated Access Device), situé chez l’utilisateur. Un créneau sur lequel se place Virata, et sur lequel la société rencontre notamment Efficient Networks, Accelerated Networks, Intel, Woodwind et 2Wire. Virata propose un jeu de circuits (Azurite Voice IAD), un nouveau processeur voix (Magnesium) et les logiciels de communication associés, intégrés dans les puces. Mais – nouvelle stratégie par rapport à ATML – l’industriel ne développe pas de produits : il licencie sa technologie à des clients prestigieux, comme Ericsson, Sagem et Siemens chez les constructeurs, ou Deutsche Telekom chez les opérateurs.
Pour renforcer ses compétences, Virata a d’ailleurs procédé à plusieurs acquisitions : D2 (90 millions de dollars – 630 MF), spécialiste de la compression de la voix, et Excess Bandwith (300 millions de dollars – 2,1 MdF) pour développer une interface SDSL (DSL symétrique à 2,3 Mbit/s dans chaque sens). Enfin, il vient d’enrichir son tableau de chasse d’Inverness Systems afin d’ajouter des solutions MPLS pour les futurs réseaux tout IP.
Une stratégie apparemment payante, puisque Virata termine son année fiscale 1999/2000 sur une hausse de 136 % de son chiffre d’affaires, atteignant ainsi 21,8 millions de dollars.

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Jean-Pierre Soulès