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La mission ” internet pour tous ” doit accélérer

Chargée depuis un an de populariser l’accès au net, la Mapi compte ouvrir 2 250 nouveaux espaces publics numériques d’ici à 2003.

La Mapi (mission interministérielle pour l’accès public à internet) fête son premier anniversaire. C’est en janvier 2001, en effet, que la Mission, outil voulu par Lionel Jospin, a réellement commencé ses travaux. Présidée par Alain Giffard, elle s’est donné comme objectif de couvrir le territoire français avec 2 500 espaces publics numériques (EPN) d’ici à 2003. Un programme qui a créé un marché public évalué à près de 100 millions d’euros (650 millions de francs) par an. 38,1 millions d’euros sont en particulier débloqués chaque année par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité, au travers d’emplois jeunes affectés aux espaces multimédias pour la formation aux nouvelles technologies. Alain Giffard a profité des entretiens d’Autrans ?” le rendez-vous annuel de l’internet public dont l’édition 2002 s’est tenue du 10 au 12 janvier ?” pour avancer un premier bilan : 250 points d’accès au réseau ont reçu à ce jour le label EPN et “les objectifs pour 2003 seront remplis”, a assuré l’ancien conseiller technique de Catherine Trautmann. Mais un an après sa mise en place, dans une France où 70 % des citoyens n’ont toujours pas accès à internet, l’investissement engagé par le Premier ministre pour combattre la fracture numérique et encourager une diffusion démocratique d’internet ne fait pas l’unanimité.

Aide aux ménages

“Avec quatre personnes et un budget de moins d’1,5 million d’euros, la politique d’accès public en France a non seulement été tardive, mais elle n’a pas su mobiliser les ressources suffisantes”, estime Bernard Benhamou, maître de conférences à Sciences-Po et spécialiste de la société de l’information. Dans l’entourage de Lionel Jospin, on reconnaît, à demi-mot, les limites de cette politique. Plusieurs cabinets ministériels réfléchiraient d’ailleurs à des mesures fortes en faveur de l’équipement des ménages et auraient déjà produit plusieurs études en ce sens. Cette aide, déjà baptisée “jospinette” numérique mais qui reste encore une hypothèse de travail, pourrait atteindre globalement 910 millions d’euros, soit près d’un tiers des investissements publics passés chaque année dans le cadre du plan État-régions pour la décentralisation. Sur ce sujet, la Caisse des dépôts et consignations doit publier en février une étude comparative, au niveau international, des moyens engagés par les pouvoirs publics pour le développement de l’accès au net. Un document qui, dans la perspective de la présidentielle, devrait faire référence dans les états-majors de campagne.

Sur les pas de l’éducation nationale

En attendant, le programme de développement des EPN doit encore, pour convaincre, trouver sa légitimité et sa place, entre l’Éducation nationale et le secteur marchand. “Les espaces publics multimédias ont une mission pédagogique”, répète Alain Giffard. Ce qui les distingue résolument des prestations offertes par les cybercafés. Pourtant, Alain Giffard reconnaît qu’en 2002, 20 à 25 % du financement de ces structures publiques devra provenir des usagers pour garantir leur viabilité économique. N?”uds d’un réseau public de formation multimédia, les EPN se sont donc greffés sur le tiers secteur, c’est-à-dire les centres sociaux, bibliothèques municipales et autres associations culturelles. Au risque de doublonner avec la mission de l’Éducation nationale ? Le ministre Claude Allègre, inspiré par l’exemple américain, avait, en son temps, choisi de miser sur une diffusion sociale des nouvelles technologies qui passe par le système scolaire. Jack Lang, son successeur, semble vouloir suivre la même voie. Absent de l’édition 2002 d’Autrans, le ministère de l’Éducation nationale a néanmoins préparé une circulaire, à paraître ces jours-ci, pour l’internet public. Son objet : ouvrir aux citoyens les ressources des salles informatiques des établissements scolaires pour combattre l’“analphabétisme” numérique. Un nouveau levier d’intervention qui permettra d’alléger l’effort financier des collectivités locales. Le ministère vient par ailleurs de nommer une mission internet et citoyenneté, chargée de définir un corpus relatif à l’enseignement public sur les nouvelles technologies. Un autre front qui pourrait, à terme, mettre au pas la formation délivrée dans les EPN, et rattacher encore un peu plus ces derniers à l’Éducation nationale.

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Sébastien Fumaroli