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La maîtresse du candidat

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler?” et parfois crier ?” plus librement…

Au bureau, on ne parle plus que des élections. Notre groupe de nouvelles technologies ne se passionne plus que pour les vieilles recettes de cuisine électorale, auxquelles on découvre d’insoupçonnables vertus aphrodisiaques. Roland, notre boss, n’en peut plus : l'”érection ” présidentielle semble le mettre dans le même état que tous les commentateurs faussement blasés du Café du Commerce, qui disent qu’on ne la leur fera plus, mais n’arrêtent pas de fantasmer sur la manière dont on va la leur faire. Bref, au bureau comme ailleurs, la France ?” Histoire oblige ?” a la Gaule.Les candidats aussi : entre le “désir” de Jospin et la “ passion” de Chirac, la rigidité républicaine de Chevènement et la “ relève” de Bayrou (que prétend-il donc lever si haut ?), il y a de quoi s’exciter dans les chaumières. Et ne jugez surtout pas ces métaphores gratuites : la “fusion avec le peuple” promise par chacun des candidats ne peut pas se faire que par l’opération du Saint-Esprit… Et le “contact charnel avec l’électorat” (dixit Bernadette Chirac sur France 2, le 21 avril dernier), que croyez-vous que ce soit ? Hum ? Roland, notre PDG, qui, dans le business, est à sa manière un grand politique, tire donc de ce constat toutes les conséquences libidineuses qui s’imposent. La première est qu’un grand patron doit se faire désirer, la seconde qu’il doit lui même se désirer s’il veut qu’on le désire. Résultat, il se bichonne comme un chien de concours : gomina à la Chirac et brushing à la Madelin. Et, lui qui nous saluait à peine, entre maintenant dans chaque bureau pour nous broyer la main et nous donner l’accolade, comme si l’on avait sauvé sa fille des griffes de David Douillet, ou sa femme d’un slow avec Roselyne Bachelot…À propos d’épouse, Roland, en campagne permanente pour sa reconduction à la tête de notre groupe high-tech, hésite à exhiber sa femme Diane-Aude qui ?” grosse actionnaire ?” le traite en public comme son valet de pied. Imagineriez-vous Sylviane en meeting traitant Lionel comme un huissier de Matignon, ou Bernadette assommant Jacques à coups de sac à main ? Roland, persuadé que, dans notre branche, on ne peut qu’être moderne, arbore donc sa pimpante maîtresse, habillée jeunes créateurs et moulée dans du latex de récup’ furieusement tendance. Précisons qu’il ne s’agit pas de l’une de nos stagiaires tout juste post-pubère et lardée de piercing?”le boss n’intervenant qu’en cachette dans leur CV intime?” mais de sa maîtresse officielle, Charlotte. Oui, notre pulpeuse directrice générale adjointe est au PDG ce que Monica était à Bill Clinton. “Il n’y a pas de fumée sans pipe“, ricane bêtement Romont, qui partage le poste de numéro 2 avec Charlotte, et pense ainsi la discréditer avec un scoop de Polichinelle, qui ne ferait même pas tiquer les lecteurs de La Croix. Bref, si Bill a niaisement nié l’évidence, ce nest pas le cas de Roland. Il mise là-dessus pour rajeunir et libéraliser son image, ce qui est excellent dans notre secteur. Il regrette même que ses pairs, Chirac et Jospin, ne se montrent pas avec certaines des bombes sexuelles croisées dans les couloirs de leur permanence électorale, et qui ont manifestement le feu au QG. Françaises, Français, ne serait-ce pas bon pour la Gaule ?

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La rédaction