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La littérature informatique en panne

La manne des sujets bureautiques et Internet s’est tarie. Le petit monde de l’édition informatique cherche une solution en attendant la reprise, et ne pas finir en faillite comme Sybex France. La concurrence d’Internet est devenue réelle et le lectorat ?” professionnel ou grand public ?” en profite.

On pourrait croire que seules les start-up, profondément colorées high-tech, ont pâti de la désintégration de la ” bulle Internet “. Il est pourtant un autre secteur où la crise de l’Internet Net a engendré une baisse des revenus. ” Après l’ère bureautique de la fin des années 1990, l’Internet et sa galaxie avaient maintenu le marché en 2000 au-dessus de la demande naturelle “, explique Philippe Olivier, PDG de Micro Application. Dans un marché français très concurrentiel, la baisse des achats est significative, même si les chiffres qui permettraient d’étayer cette contraction sont quasi inexistants, chaque éditeur préférant rester discret.Seuls les bilans livrent quelques indications. Ainsi, sur l’exercice 1999-2000 (clôturé à la fin août 2000), Micro Application avait, toutes collections confondues, vendu 1,11 million d’ouvrages informatique. Sur l’exercice courant (donc sur seize mois), l’éditeur annonce un volume de ventes de 1,415 million d’exemplaires pour un chiffre d’affaires de 11,67 millions d’euros.” Si la quantité de livres reste pratiquement stable, il est clair que la typologie des ventes a changé. Aujourd’hui, les collections de poche partent nettement mieux que les ouvrages de référence de mille pages “, commente Philippe Olivier. ” A la question, existe-t-il encore un marché pour la littérature informatique en France ? je répondrai que le problème n’est pas circonscrit à l’Hexagone. Les deux grands marchés, que sont traditionnellement l’Allemagne et les Etats-Unis, sont également en recul de 20 à 30 % “, poursuit le président de Micro Application.

Un lectorat plus aguerri et souvent internaute

Après la faillite de Sybex France, dont seule la collection ” Pour les nuls ” a été reprise par First Interactive, et l’arrêt de Microsoft Press France (dont les ouvrages sont traduits et distribués par Dunod), les éditeurs réorganisent leurs collections et explorent de nouvelles voies.Ainsi, les traductions se réduisent à peau de chagrin et la chasse aux auteurs français est ouverte. ” Malgré un coût à la page élevé [environ 20 euros pour la traduction, la francisation des illustrations et des programmes, la relecture et la mise en pages, NDLR], le label Microsoft Press reste une garantie de qualité et donc l’assurance de ventes “, déclare Jean-luc Blanc, éditeur pour Dunod.Chez Micro Application, la prose allemande n’est plus francisée. CampusPress du groupe Pearson Education continue de traduire son fonds de catalogue, tout en aguichant les auteurs hexagonaux.Autre tendance très marquée : les ouvrages de poche, peu onéreux et faciles à lire. ” Notre lectorat a évolué. Le tassement de la bureautique a été engendré par une meilleure connaissance des utilisateurs. Ils savent se servir d’une version, d’un produit comme Office et appréhendent facilement la suivante “, explique Jean-luc Blanc. Par ailleurs, tous les éditeurs soulignent l’importance du Web dans la baisse des ventes. Il existe, en effet, une grande masse d’informations sur Internet disponible gratuitement… pour ceux qui savent la trouver, bien sûr.

Les livres de programmation plus fortement touchés

” Il y a quelques années, les développeurs possédaient tous un gros ouvrage de référence, généralement américain, sur leur langage de programmation favori. Aujourd’hui, ils exploitent les sources de documentation et d’exemples de code qui existent à foison sur Internet “, déclare Sylvain Boas, développeur chez Amadeus France.De plus, lorsqu’ils sont stoppés par un problème, les programmeurs l’explicitent sur un forum de discussion spécialisé afin d’obtenir rapidement de l’aide d’autres membres de cette communauté. ” Il existe même des sites de passionnés qui se révèlent de véritables bibles. Ils proposent du code prêt à l’emploi, la solution aux dysfonctionnements du langage, des formations pointues… dans ces conditions, pourquoi acheter des livres, où seuls quelques passages sont intéressants ? Les éditeurs devraient plutôt penser à commercialiser sur Internet les livres chapitre par chapitre “, conclut Sylvain Boas.Difficile dès lors pour les éditeurs de concurrencer cette source dynamique et gratuite, ” d’autant plus que l’offre commerciale en matière d’outils de développement est diluée en une multitude de produits, et se révèle donc peu propice à de forts tirages lors de la première mise en place “, termine Philippe Olivier.Lédition connaît des instants difficiles, mais au vue des premiers résultats de ventes ?” certains titres sont déjà partis à plus de 20 000 exemplaires ?” le cru Windows XP sera excellent.

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Augustin Garcia