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La grande distribution déréférence ses directeurs informatiques

En se délestant de son DSI, la Fnac emboîte le pas à Carrefour et à la Camif. Rien ne va plus pour les responsables informatiques de la distribution.

‘ Je tenais à vous informer du départ de
Pierre Gressier. Dans le cadre de l’élaboration du projet pour l’entreprise et de ses plans opérationnels de mise en ?”uvre, nous avons, en effet, constaté notre
divergence de vues. ‘
C’est en ces termes que Denis Olivennes, PDG de la Fnac, a annoncé à ses collaborateurs, le 11 février dernier, dans un communiqué interne, le départ de leur directeur des systèmes
d’information.Le dirigeant a néanmoins ajouté : ‘ Je tiens à le remercier pour sa très forte implication, qui a permis l’optimisation des dépenses, d’investissement et d’exploitation de la Dosi, et
l’amélioration en général du fonctionnement des systèmes d’information. ‘
Pourtant, cette phrase dissimule difficilement le malaise qui secoue l’informatique du premier distributeur français de biens culturels et
de loisirs.

Un mutisme quasi général

Le malaise est confirmé en interne par un cadre de la Dosi. ‘ Nous changeons d’organisation tous les deux ans, explique celui-ci. Du coup, nous n’arrivons pas à atteindre un régime de croisière. Pourtant, le
bilan de Pierre Gressier était plutôt positif. Il a même permis à la Fnac de réaliser d’énormes économies ! ‘
Sollicité par la rédaction de 01 Informatique à plusieurs reprises, Denis Olivennes se
refuse, pour sa part, à tout commentaire concernant sa décision. Dommage. Peut-être aurait-il pu fournir un éclairage sur l’actuelle valse des DSI que connaissent les entreprises du secteur de la distribution.Dernière enseigne en date à décapiter son informatique, la Fnac emboîte le pas à Carrefour et à la Camif. Entre autres… Chez Carrefour, le grand nettoyage survient en novembre dernier. Date à laquelle
François Gitton, le DSI sortant, a été remercié pour ses bons et loyaux services. ‘ Pas assez de résultats au niveau des coûts financiers ‘, rapporte Jean-François Debeugny,
responsable de la maintenance du groupe.Le délégué syndical central CFDT chez Carrefour se fait ainsi l’écho de la voix de sa direction générale. Mais lui estime que ‘ les chiffres prouvent le contraire ‘. Comme à la Fnac, la direction
générale du leader français de la grande distribution fait preuve du plus grand mutisme sur le sujet. Contactée, elle aussi, à plusieurs reprises, elle semble ne pas juger nécessaire de s’exprimer. Nos questions sont restées sans réponse.
Elles n’ont, en fait, pas passé le barrage de la direction de la communication du groupe.Un manque de transparence également ressenti en interne. ‘ Notre direction ne communique pas ‘, lâche Jean-François Debeugny. La direction informatique de Carrefour serait-elle donc atteinte du même mal
que son homologue des loisirs et de la culture ? Car, ‘ depuis 1999, elle est en perpétuelle réorganisation ‘, souligne le délégué syndical.En 1999, le géant de la distribution créait Carrefour Systèmes d’Information France (CSIF). Cette entité n’a cessé d’être remodelée jusqu’en juin 2003. La nouvelle direction informatique de Carrefour est
ainsi passée d’une organisation orientée métier (hypermarché, supermarché et proximité, logistique, et architectures transverses) à une organisation par processus (technique, support, maintenance et métier). ‘ Nous mutualisons,
et nous perdons ainsi une partie des liens directs que nous avions avec nos clients ‘
, regrette Jean-François Debeugny.

La Camif joue la transparence

Où est donc la logique ? Le client n’est-il pas censé demeurer au c?”ur des préoccupations des enseignes de la distribution ? ‘ L’informatique de la distribution, contrairement à celle des
entreprises du secteur tertiaire, est longtemps restée assez pauvre,
analyse
Jean-Louis Rimbod, DSI sortant de la Camif. C’était une informatique d’approvisionnement, qui doit effectivement s’orienter aujourd’hui vers une
dimension client. ‘
Alors qu’il était en place depuis 1980, Jean-Louis Rimbod a quitté la Camif il y a environ un an. Il considère cependant que le contexte du spécialiste de la vente par correspondance est particulier : ‘ A
l’origine, la Camif ne s’adressait qu’à une population ciblée,
explique-t-il. Elle s’est ensuite progressivement ouverte au grand public. Elle est passée du statut de vépéciste à celui de distributeur
multicanal et a adopté en 1997 un ambitieux plan de développement. C’est alors que les difficultés sont apparues. ‘
Concernant son départ, l’ex-DSI de la Camif est lucide : ‘ Des divergences techniques ! La complexité des systèmes d’information de la distribution implique de travailler sur du moyen terme. La
direction informatique a besoin d’un soutien fort de sa direction générale. ‘
Une vision que partage Philippe L’Hermitte, directeur général de la Camif. ‘ Nous faisons face à la refonte de notre système d’information. Je me suis aperçu qu’une approche telle que
l’urbanisation était extrêmement structurante. Il fallait à la Camif quelqu’un qui puisse porter ce changement pour l’avoir déjà fait ailleurs. ‘
Aucune animosité dans les propos de Philippe L’Hermitte. Un
simple constat : pour accompagner le changement, il faut parfois changer les hommes.Et si ‘ les DSI ont longtemps bénéficié d’une certaine stabilité. Aujourd’hui, c’est fini ‘, considère sans la moindre amertume Jean-Louis Rimbod. A la Fnac, c’est
Fabien Sfez, DSI du groupe Pinault Printemps Redoute, qui ?” en plus de ses fonctions et par intérim ?” assure la direction de la Dosi depuis le 16 février. Avec un objectif de
‘ simplification des systèmes d’information, d’amélioration de leur efficacité pour l’utilisateur, et de poursuite de la réduction des coûts ‘, indique dans son communiqué Denis Olivennes. De
grandes lignes directrices, communes à nombre d’entreprises, qui, pour le moment, n’offrent que peu de perspectives sur l’avenir.

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Jean-Marie Portal