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La formidable opportunité du passage à l’euro

L’euro s’avère être une opportunité unique de développement d’une zone monétaire, certes non encore optimale, mais identitaire d’un grand marché unique européen.

Les craintes liées au passage à l’euro “physique”, le 1er janvier 2002, font couler beaucoup d’encre : on nous promet une pénurie de billets, des files d’attente, des faux billets, une valse des étiquettes au moment de la conversion, un effondrement de la consommation. Autant de souvenirs douloureux liés au passage au nouveau franc… Nous ne pensons pas prendre un grand risque en reléguant ces angoisses au rang des grandes peurs, qui se sont finalement avérées vaines : numérotation à 10 chiffres, passage à l’an 2000 (le fameux “bug” du Y2K !) ou conversion au même euro, “financier” cette fois, le 1er janvier 1999…

Un grand marché mondial

Moins prosaïquement, l’euro s’avère être une opportunité unique de développement d’une zone monétaire, certes non encore optimale, mais identitaire d’un grand marché unique européen : le premier par le nombre d’habitants (305 millions contre 278 aux États-Unis et 127 au Japon), le second par le poids dans le PIB mondial (avec une part de 16 % contre une de 22 % pour les États-Unis et une autre de 7 % pour le Japon).Premier avantage, l’euro est un système de taux de change fixe : en éliminant les risques de fluctuations ou de dévaluations compétitives entre les devises de l’Euroland, il renforce l’intégration et le développement du commerce intra-zone (60 % des échanges totaux), tout en supprimant le coût des couvertures du risque de change. À n’en pas douter, en l’absence de l’euro, les événements du 11 septembre dernier auraient ranimé les vieux démons de la spéculation et des dévaluations, qui ont marqué l’histoire monétaire européenne lors des grands chocs externes.Par ailleurs, la monnaie unique, en augmentant la concurrence, va exacerber la transparence, favoriser la baisse des prix et accélérer les fusions/ acquisitions. Les volumes de transaction, les marges et la productivité vont s’en trouver accrus.Enfin, la convergence vers le bas de l’inflation et des taux courts et longs a permis l’émergence d’un grand marché obligataire européen, au profit des États et des entreprises, même s’il n’existe pas encore d’émissions “supranationales” garanties par l’Union européenne. Avec 39 % des émissions nettes contre 48 % pour le dollar, l’euro est devenu une monnaie d’émission à part entière.

Le dollar en tête pour les échanges

Le rôle de monnaie d’échange (60 % du commerce mondial est libellé en dollars, soit 4 fois le PIB américain contre 15 % pour l’euro, 1,9 fois le PIB de la zone) et de monnaie de réserve (70 % des réserves des banques centrales sont encore libellées en dollars) va se développer rapidement après le basculement. Mais l’euro est-il sous-évalué et cela présente-t-il un risque ? En réalité, l’exposition au dollar de la zone euro est réduite : les exportations vers les États-Unis ne représentent qu’à peine plus de 2 % de son PIB. La prétendue faiblesse de l’euro serait due au manque de lisibilité de la politique monétaire de la BCE : en réalité, entre 0,85 et 1 euro pour 1 dollar, le cours de l’euro a peu d’incidence sur l’inflation importée ou procure peu d’avantage compétitif.Quoi qu’il en soit, la vigueur du dollar n’est pas forcément un avantage pour les entreprises américaines. Les déséquilibres américains (déficit des paiements courants et du budget en 2002, fort endettement des ménages et des entreprises) devraient finir par peser à plus ou moins long terme sur la valeur du dollar.

Un puissant outil

Concrètement, la monnaie unique est un préalable à l’intégration politique, budgétaire et fiscale. Malgré les rigidités actuelles, bien connues de tous, (réglementation restrictive du marché du travail, degré d’innovation insuffisant, fiscalité n’encourageant pas les investissements productifs) qui vont s’estomper progressivement, l’Euroland dispose à n’en pas douter, avec l’euro d’une monnaie internationale en devenir et dun puissant outil de développement.* chef économiste de Global Equities

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Jean-François Virolle*