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La culture au c?”ur de la “bulle internet”

Les États-Unis sont actuellement au c?”ur d’un débat ayant pour objectif de déterminer les responsables de la ” bulle internet ” et du net ralentissement économique…

Les États-Unis sont actuellement au c?”ur d’un débat ayant pour objectif de déterminer les responsables de la ” bulle internet ” et du net ralentissement économique provoqué par son implosion. L’exubérance des trois dernières années a été remplacée par de féroces querelles de clocher. Les créateurs de start-up accusent les capital-risqueurs. Ces derniers mettent en cause une surchauffe des introductions en bourse des jeunes pousses, et les banquiers d’affaires sen prennent aux pressions des marchés financiers et au comportement irrationnel des consommateurs et investisseurs.Au c?”ur de ces discussions passionnées existe cependant pour nous une formidable opportunité de comprendre le rôle joué par la culture du pays dans ces événements. La bulle spéculative internet a été fortement influencée par les perceptions du temps, du capital et du statut qui sont ancrés dans la société américaine.Les Américains veulent toujours arriver avant d’être partis, et ils n’attachent pas beaucoup d’importance au trajet. “ Le temps, c’est de l’argent” est l’axiome de base de notre culture. De plus, la culture états-unienne est tournée vers le futur, non vers le passé ou le présent. La conception du futur est également celle du futur proche, du court terme. Cela a conduit à un optimiste exagéré de la part des sociétés de capital-risque, à des introductions prématurées et à des investisseurs pressés d’acquérir des actions de start-up dès leur entrée en Bourse. Aux États-Unis, le capital n’est pas perçu comme une ressource rare, alors que le temps est perçu comme une ressource non renouvelable. Ainsi, lorsqu’elle doit arbitrer entre maximiser le temps et maximiser le capital, la société américaine choisit le temps.Roger McNamee, cofondateur d’Integral Capital Partners, société d’investissement basée dans la Silicon Valley, souligne que toutes les périodes de croissance économique aux États-Unis ont été précédées par des séquences d’investissement effréné dans une multitude d’entreprises. Le marché se charge ensuite de faire le tri. C’est sans aucun doute le moyen le plus rapide de promouvoir l’émergence de nouvelles technologies et des modèles d’affaires qui les accompagnent.La manière dont le statut est perçu est également un facteur clé du développement des années 1990. La plupart des créateurs d’entreprises ayant contribué à la révolution internet étaient très jeunes. Aux États-Unis, la jeunesse n’est pas un obstacle majeur pour récupérer des soutiens financiers. Bien au contraire, il fut une période où la jeunesse était un avantage et l’âge un handicap. Dans le modèle interculturel de Fons Trompenaars (expert néerlandais du changement dans les univers multiculturels), les États-Unis sont classés comme une nation orientée vers le résultat, accordant peu d’importance aux caractéristiques humaines non directement liées à la performance (âge, titre, etc.).L’Europe a généralement une perspective assez différente du temps, du capital et du statut, qui l’a peut-être protégée des hauts aussi bien que des bas de la ” bulle internet “. Les Européens ont tendance à développer une perspective à plus long terme, ne sont pas si pressés d’aboutir au résultat, et sont plus respectueux (parfois même plus accrochés) au passé. Ils considèrent aussi le capital comme une ressource créée il y a longtemps déjà, et sont plus prudents dans leurs investissements. Ainsi, ils semblent préférer maximiser leur capital dans le temps, quitte à sacrifier la vitesse d’exécution. Enfin, le statut conserve une place prépondérante dans la majorité des sociétés du Vieux Continent, rendant l’accès au capital plus difficile pour les créateurs de start-up.Il sera intéressant à l’avenir de voir si les caractéristiques culturelles, qui ont protégé jusqu’ici l’Europe des séquelles de la ” bulle internet “, ne vont pas laisser ce continent à la traîne des développements technologiques et de la vague prochaine de mise en ?”uvre des stratégies digitales par les grandes entreprises.

Directeur exécutif du Glassmeyer- McNamee Center for Digital Strategies du Dartmouth College. Cette université du New Hampshire domine le classement des MBA américains, réalisé par Harris Interactive pour le Wall Street Journal en avril.

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Hans Brechbuhl