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La crise rattrape le distributeur Avenir Telecom

Pour faire face au ralentissement du marché, Avenir Telecom va supprimer un poste sur trois. Maltraité en Bourse, où il pèse moins du double que ses fonds propres, le premier distributeur français de téléphones mobiles compte rebondir. Cible potentielle ?

Le violent séisme qui secoue la planète ” Télécoms ” rattrape un à un tous les acteurs de la filière : après les opérateurs, les équipementiers et les fabricants de terminaux, c’est logiquement au tour des commerçants… Avenir Telecom, le premier distributeur indépendant de téléphones mobiles en France ?” plus de 130 boutiques ?”, a annoncé le 15 juin un plan social sans précédent.La société marseillaise a indiqué qu’elle“envisage des mesures de restructuration “, qui devraient toucher environ 170 personnes parmi ses 541 salariés, soit un poste sur trois… Avenir Telecom a motivé ces réductions d’effectifs par “la décélération progressive du marché de la téléphonie mobile” en France, après “l’échec du WAP et le retard pris par l’UMTS “.

” Le marché français est désormais mâture et il ne redécollera pas avant l’arrivée de la norme intermédiaire GPRS en 2002 . Nous avons préféré prendre les devants plutôt que de subir passivement la crise “, a expliqué au Nouvel Hebdo le PDG d’Avenir Telecom, Jean-Daniel Beurnier, qui détient 34,8 % du capital de la société.Le groupe vient d’annoncer des résultats trimestriels en demi-teinte : le chiffre d’affaires sur neuf mois a progressé de 25 %, à 780,5 millions d’euros, mais le troisième trimestre a été très décevant.

Plongeon des ventes dans l’Hexagone

En janvier-mars, Avenir Telecom France ?” qui contribue pour plus de 60 % au chiffre d’affaires du groupe ?” a vu ses ventes reculer de 23 %, quand celles des filiales étrangères (Grande-Bretagne, Belgique, Espagne, Pays-Bas, Pologne et Roumanie) bondissaient de 128 %.Jean-Daniel Beurnier explique cette contre-performance hexagonale par ” l’évolution du marché des abonnements vers des formules prépayées beaucoup moins rentables, et surtout la baisse des rémunérations consenties par les opérateurs “, qu’il chiffre à 30 % en un an…Pour Véronique Colas, analyste chez IC Bourse, cette explication est un peu courte : “J’ai été surprise par l’annonce de ce plan social, car il y a quelques semaines la direction d’Avenir Telecom était encore optimiste pour la fin de l’exercice. Le groupe est touché par le ralentissement du marché, mais je pense que leur offre Net-Up ?” un PC plus 5 heures de communications Internet pour 249 francs par mois ?” a pesé bien plus que prévu sur les résultats.”De son côté, le PDG d’Avenir Telecom maintient sa prévision de chiffre d’affaires à 1 milliard d’euros pour l’exercice 2000-2001. Mais le résultat net devrait être fortement impacté par les inévitables charges de restructuration.

” Je ne suis pas du tout sûre qu’Avenir sera en mesure de réaliser les 15 millions d’euros initialement prévus “,
avance Véronique Colas.Déjà sévèrement malmenée en Bourse, avec un plongeon de 52 % depuis le 1er janvier de cette année, l’action Avenir Telecom a terminé le 18 juin (au lendemain de l’annonce du plan social) en recul de 15,2 %, à 2,45 euros.
Résultat, le groupe est aujourd’hui valorisé à seulement 213 millions d’euros (contre près de 600 millions en début d’année), alors que ses fonds propres pèsent deux fois plus.Le premier distributeur français de téléphones mobiles serait-il devenu une cible ? Le britannique Carphone Warehouse, numéro un en Europe avec 850 magasins et très présent en France à travers Phone House, se tient peut-être déjà en embuscade…

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Jean-christophe Feraud