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La BLR offre aux PME l’accès aux hauts débits

aLes offres de boucle locale radio sont loin de couvrir tout le territoire français. Mais, ce mode d’accès, par sa mise en ?”uvre rapide, son débit crête plus élevé que le débit initial garanti, et la perspective de l’allocation de la bande passante à la demande, commence à séduire.

Pour accéder à Internet, les petites et moyennes entreprises se contentent encore majoritairement de leur ligne téléphonique ou d’une liaison Numéris à 64 ou 128 kbit/s. Pourtant, elles ont de plus en plus besoin de débits : leurs utilisateurs deviennent des surfeurs invétérés, qui échangent de nombreux courriers électroniques avec des fichiers joints volumineux. Bref, leurs applications sont de plus en plus gourmandes en bande passante. Pour l’instant, leurs besoins se cantonnent principalement à l’accès Internet. Mais, des applications de voix sur IP ou de vidéo et la location d’applications à distance devraient accroître rapidement leurs exigences. “Nous sommes des utilisateurs intensifs d’Internet. L’an passé, nous n’avions qu’une ligne louée de 64 kbit/s, chez Oléane. Mais notre demande en bande passante était bien supérieure car il nous arrive de télécharger des fichiers de plus de 100 Mo. Aujourd’hui, nous disposons, avec FirstMark [opérateur titulaire d’une licence nationale de boucle locale radio, NDLR], d’une liaison de 128 kbit/s à débit garanti, et nous pouvons monter jusqu’à 500 kbit/s. Télécharger de gros fichiers n’est donc plus un souci, et nous travaillons sur Internet comme si c’était sur une application en local ! “, se réjouit Philippe Lefay, p.-d.g. de Progi-Ouest.

Le prix : principal critère de choix

Peu importe, pour les entreprises, le moyen télécoms d’accès à hauts débits. La boucle locale radio (BLR), dont les déploiements commerciaux ont débuté en 2001, est en concurrence avec tous les autres modes d’accès, au premier rang desquels figure le réseau ADSL. Ainsi, la mairie de Tourcoing, qui a passé un marché négocié pour l’accès à Internet de sa médiathèque (devenue centre multimédia et nécessitant de hauts débits télécoms), a reçu trois propositions, offrant trois modes d’accès différents. “France Télécom nous a proposé sa solution ADSL Netissimo ; Completel, l’opérateur fibre optique de l’hôtel de ville, une liaison spécialisée France Télécom ; et enfin Belgacom, la BLR “, se souvient Jaysing Jeeawock, responsable réseau et maintenance de la ville. Si les entreprises retiennent la BLR, c’est, dans la plupart des cas, pour ses tarifs, qui permettent d’obtenir plus de bande passante au même prix, voire moins cher. “Aujourd’hui, nous avons deux fois plus de débit, pour un coût moindre de 30 % qu’avec notre ancienne liaison à 64 kbit/s, calcule Philippe Lefay. Si on prend en compte le fait que nous bénéficions d’un débit crête garanti, nous avons même des performances cinq ou six fois plus élevées.”

Bien que la BLR en soit encore à ses balbutiements, un certain nombre d’entreprises l’ont retenue afin de découvrir ce nouveau mode d’accès, et de l’évaluer. C’est le cas de la mairie de Tourcoing qui, dans le même temps, avait lancé un appel d’offres sur la globalité de ses télécoms. “Nous avons retenu la solution boucle locale radio, même si ce n’était pas la moins chère, car nous avons voulu tester cette technologie. Notre objectif était d’avoir du recul, afin de mieux juger les différentes solutions qui nous seront proposées dans le cadre de notre appel d’offres “, explique Jaysing Jeeawock. Même chose pour Progi-Ouest, qui, en tant que SSII, sera amené à prescrire, ou non, cette solution à ses clients.D’ailleurs, quand on adopte une solution de BLR, on conserve pendant un certain temps son ancien système comme solution de repli, en cas de problèmes…“Nous avons été très prudents en observant le comportement de la ligne avant de la mettre en production, et en maintenant une ligne spécialisée en solution de secours “, confirme Jean Buquet, directeur informatique de la Matmut, qui a choisi les services BLR d’Altitude Telecom pour l’accès à Internet de son siège, basé à Rouen (256 kbit/s garantis). Mais, son exigence en termes de qualité de service n’en est pas moins tout aussi élevée.Même préoccupation à l’Opac 76 : “Pour notre application Extranet, nous avons besoin d’un réseau très fiable, notamment pour l’encaissement des loyers, qui n’a lieu que deux à quatre heures par jour, en début de mois. Tous nos locataires viennent alors déposer leur chèque, et une interruption du service serait inadmissible. Pour la navigation classique sur Internet ou pour l’envoi d’e-mails, la fiabilité du réseau n’est certainement pas aussi stratégique “, note Fabrice Couget, ingénieur responsable d’exploitation.

Une mise en ?”uvre rapide et simple

Point positif de la BLR, qui fait consensus parmi ses premiers utilisateurs : sa mise en ?”uvre simple et rapide. “À partir du moment où nous avons retenu la solution BLR de Belgacom, il a fallu une semaine pour installer les antennes et paramétrer nos routeurs. C’est un délai très raisonnable, par rapport à d’autres technologies, comme la fibre optique “, estime Jaysing Jeeawock. Cependant, être dans le rayon de couverture (environ 3 km) de la station de base de l’opérateur BLR n’est pas le seul prérequis. Il faut également être en visée directe, c’est-à-dire qu’aucun obstacle physique ne perturbe la liaison entre l’antenne et le relais de l’opérateur. C’est ce qu’a découvert à ses dépens l’Opac de Seine-Maritime, déjà client BLR pour son siège, à Rouen. “Nous avons étudié la faisabilité d’une interconnexion de notre siège de Rouen avec notre agence du Havre, via une liaison BLR Altitude Telecom. Mais, la situation géographique de ces locaux provisoires, trop encaissés, rendait impossible toute liaison “, raconte Fabrice Couget. La seule solution aurait été de louer la terrasse du voisin, et de tirer des câbles jusqu’aux bureaux. Mais il a préféré attendre que l’agence emménage dans ses locaux définitifs, pour remettre en concurrence la solution actuelle.En revanche, le siège de Rouen est en visée directe avec deux stations de base différentes. Deux antennes ont été installées sur le toit, chacune visant un relais différent. “Cette redondance de liaison nous permet à la fois d’équilibrer la charge en fonctionnement normal, et d’assurer le backup pour, en cas de perte d’un lien, basculer la totalité de notre trafic sur le second “, explique Fabrice Couget. Ce système ne lui coûte que l’installation de la seconde antenne et la location d’un terminal supplémentaire. Auparavant, pour sécuriser sa liaison louée et atteindre un débit équivalent, il devait utiliser une ligne Numéris ou un groupement de lignes Numéris.

Des débits évolutifs

Par ailleurs, la BLR, théoriquement très évolutive, devrait permettre de passer de 1,2 à 6 Mbit/s, sur des liaisons disponibles en moins de quarante-huit heures, là où la modification des débits d’une liaison spécialisée prendrait quatre à six semaines. Cependant, les utilisateurs interrogés n’ont pas eu l’occasion de tester cette possibilité. Mais, tous se réjouissent de profiter de débits supérieurs à ceux auxquels ils ont souscrit, en fonction des disponibilités du réseau, le burst. “Avec l’arrivée du débit crête, le modèle économique a changé. Avant, quand nous voulions monter à 2 Mbit/s, nous n’avions pas d’autre possibilité que d’acheter une liaison à débit garanti de 2 Mbit/s, se rappelle Jean Buquet. Aujourd’hui, nous achetons toujours un débit assuré, mais qui se rapproche du débit moyen réel dont nous avons besoin. Nous bénéficions de l’effet de mutualisation de la bande passante de l’opérateur, avec la possibilité d’obtenir, parfois, un débit jusqu’à dix fois supérieur au débit garanti.” La Matmut estime profiter de cette possibilité dans 80 % du temps, principalement pour des téléchargements de fichiers.Cette possibilité a poussé Progi-Ouest à retenir la BLR. Au fur et à mesure que les réseaux se rempliront, elle sera moins importante. Mais, “pour continuer à en profiter, nous pourrons nous organiser autrement, en effectuant, par exemple, des téléchargements lorsque le réseau est moins sollicité “, explique Philippe Lefay. Même si aucun opérateur n’est en mesure de le proposer, les usagers sont également séduits par le service d’allocation de bande passante à la demande, et imaginent déjà ce qu’ils pourront en faire : réserver des débits pour organiser des visioconférences et de la formation via Internet, ou pour réguler les pics de consultation sur leur site Web, par exemple.

La concurrence avec l’ADSL, frontale sur les petits sites

Fabrice Couget, qui, à terme, prévoit de relier son agence Opac du Havre à son siège, souhaiterait bénéficier, quelques heures par semaine, de débits supplémentaires pour effectuer des sauvegardes entre les deux sites. La BLR permet également l’interconnexion de sites, service qui pourrait notamment intéresser les grandes entreprises pour relier leurs différentes agences. Mais, “l’état actuel des déploiements et des interconnexions entre opérateurs, et les faibles besoins en débits de certains de nos bureaux ne nous permettent pas d’envisager de les relier avec la boucle locale radio, constate Jean Buquet. D’autant que nous souhaitons conserver un réseau homogène sur tout le territoire. Actuellement, nous utilisons des liaisons Frame Relay et Numéris pour relier nos agences, et nous testons la solution Turbo DSL de France Télécom. L’utilisation de la BLR est donc limitée aux accès à Internet de notre siège.” Pour les sites dont les besoins en débits sont limités, l’ADSL sera un concurrent direct de la BLR, au fur et à mesure que ces deux modes d’accès se déploieront sur le territoire.Enfin, la BLR autorise, ou autorisera, le transport de la voix. Aujourd’hui, seul Belgacom, qui s’appuie sur son réseau commuté existant, le propose. Cela permet à ses clients d’économiser des abonnements France Télécom et de bénéficier de tarifs à la minute plus avantageux.

Des services de voix sur IP

“Actuellement, nos trente lignes voix utilisent le réseau BLR de Belgacom. Nous économisons 36 000 F ht par an sur les abonnements France Télécom. En plus, nous bénéficions d’une tarification unique pour tous nos appels sur la région. Un avantage certain quand on sait que nous travaillons principalement sur le Nord et le Pas-de-Calais “, estime Bernard Cazin, secrétaire générale de la ligue de football du Nord-Pas-de-Calais. Dans son nouveau siège, il n’a donc plus que deux lignes numériques classiques France Télécom. “La première nous sert à ne pas être totalement coupés du monde, si notre liaison BLR était perturbée. Nous utiliserons la seconde pour accéder à l’Intranet de la Fédération française de football via Cegetel.”En changeant d’opérateur, la ligue du Nord-Pas-de-Calais a dû changer de numéro d’appel. “De toute façon, comme c’était à l’occasion d’un déménagement dans un autre secteur, nous n’aurions pas pu le conserver, avec France Télécom, relativise Bernard Cazin. Nous en avons profité pour souscrire un numéro facile à mémoriser pour tout le monde : il comporte le 59 et le 62, les numéros des départements du Nord et du Pas-de-Calais.” Les usagers des autres opérateurs de BLR semblent intéressés par les services de voix sur IP qui pourront leur être proposés dans les prochains mois : “Aujourd’hui, nous n’avons pas mené de réflexion sur la possibilité d’avoir recours à la BLR pour notre trafic voix. Cependant, dans le cadre de l’interconnexion de nos deux sites par BLR, cela semblerait naturel de faire de la voix sur IP “, estime Fabrice Couget. Mais, tous garderont France Télécom en secours.
Par ailleurs, ceux dont la voix fait partie d’un dispositif complexe ont quelques réserves : “Nous avons des exigences importantes de qualité de service et de valeur ajoutée. Ainsi, nous voulons un opérateur qui puisse assurer la qualité de service par reroutage intelligent des appels entre nos 570 bureaux et des centres d’appels centralisés. Peu d’opérateurs autres que France Télécom sont capables de proposer ces services sur toute la France “, souligne Jean Buquet, de la Matmut.La BLR est donc un moyen d’accès aux hauts débits, parmi d’autres. Ce qui fera son succès sera sa capacité à couvrir rapidement tout le territoire, ce qui est loin d’être le cas, à démocratiser l’accès aux hauts débits à des tarifs attrayants, et à proposer des applications à valeur ajoutée.

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Claire Chevrier