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La bague connectée est à portée de main : « On discute avec les big tech, on se protège »

Le cœur de la bague connectée s’est remis à battre après la publication de brevets de Samsung. La maturité technologique est-elle enfin là ? Circular, pionnière avec un appareil truffé de capteurs, a accepté de témoigner. Celle qui intéresse aussi l’Armée sera déployée à des centaines de milliers d’unités l’année prochaine.

Il se passe quelque chose du côté des bagues connectées. Dix ans après la tendance des simples anneaux NFC et de campagnes de financements participatifs, le marché envoie de nouveaux signaux. Les acteurs y sont plus résilients, plus sérieux, avec des produits plus poussés et plus esthétiques. Parmi eux, Circular, en pleine phase de production de sa bague, a accepté de témoigner à 01net son expérience et la suite de son aventure.

Certains fabricants de bagues connectées sortent la tête du guidon, garantissent que ces années de développement ont été « horribles ». D’autres déposent des brevets et se protègent, « avant l’arrivée des géants de la tech », disent-ils avec certitude. Dix ans que nous en parlions. Dix ans que le produit ne connaît pourtant pas la même attractivité que les montres ou les bracelets connectés. Alors pourquoi cela changerait-il en 2023 ?

Les choses vont bouger ces trois prochains mois. Ce sera du côté français, avec Circular, mais aussi avec la référence Oura, et le mastodonte coréen Samsung, qui a protégé le nom de « Galaxy Ring » et déposé plusieurs brevets. Apple aussi s’y intéresse. « On a beaucoup de ces grosses sociétés tech qui nous ont approchés, on discute avec eux », déclare à 01net le cofondateur de Circular, Laurent Bsalis, confirmant un bouleversement.

Bague Connectee Circular Ring
La bague connectée de la marque française Circular est entrée en production. Tous les clients qui ont passé commande ces derniers mois doivent être livrés avant octobre. © Circular

Une bague connectée, à quoi ça sert ?

Mais reprenons tout d’abord par la base. Pourquoi enfiler une bague connectée, et pourquoi pas plutôt une montre, ou un bracelet ? Depuis 2014, la fameuse smart ring fait parler d’elle, mais la réalité est que ses fonctionnalités n’étaient pas nombreuses et qu’un tel produit était cher à fabriquer, le tout sans exceller niveau esthétisme ou discrétion. Même Amazon s’était lancé, mais le résultat n’était pas à la hauteur. Aujourd’hui, une nouvelle fenêtre s’ouvre avec des technologies plus avancées et un potentiel intérêt esthétique.

De la bague NFC à la bague santé

Comme le rappelait Laurent Bsalis, le cofondateur de Circular qui est la troisième marque à avoir lancé une bague connectée avec des capteurs santé, le marché a d’abord connu sa période NFC. « Au départ, il s’agissait de bagues NFC, pour échanger des données, numériser une clé, un badge ou encore une carte bancaire. Ces bagues étaient des bagues sans batterie » explique-t-il. Ensuite sont arrivées les bagues connectées avec batterie et avec des capteurs.

Avec elles, les bagues connectées pour la santé et le bien-être sont arrivées. « Les avancées technologiques au niveau des capteurs et des batteries ont permis l’arrivée de ces bagues connectées », reconnaît le cofondateur de Circular, qui dit que pour dominer, il faut soit « faire mieux sur la partie software, sur la partie esthétique, ou les deux ». Du côté des capteurs, on compte les classiques gyroscopes, podomètres, accéléromètres, les capteurs de saturation d’oxygène dans le sang et de fréquence cardiaque.

Le prix d’une bague connectée avec capteurs et batterie se situe aujourd’hui entre 250 et 300 euros.

Sans un bon logiciel, il est effectivement difficile de pouvoir traiter ces mesures correctement. Alors la bague connectée est reliée à une application mobile. Comme une montre, elle offre des informations en temps réel plus ou moins pertinentes et précises pour notre activité physique, notre bonne alimentation, notre qualité de sommeil, nos risques respiratoires et cardiaques ou simplement nous prévenir d’un risque de tomber malade.

Grâce à leur emplacement autour du doigt, les bagues obtiendraient des mesures plus précises que les montres et les bracelets. Autour du doigt, les capteurs fonctionnent mieux qu’autour du poignet, notamment pour la fréquence cardiaque et la saturation d’oxygène dans le sang. La bague est aussi plus facile à garder sans que cela ne devienne gênant dans la durée, là où l’on a tendance à vouloir enlever sa montre ou son bracelet pour dormir par exemple. La bague est aussi plus discrète.

Un champ d’application de plus en plus large

À l’avenir, les montres connectées auront un boulevard pour pouvoir être intégrées dans des écosystèmes et interagir avec d’autres objets connectés. Dans la domotique, mais aussi du côté des assistants vocaux, des écouteurs sans fil ou encore des lunettes de réalité augmentée ou les casques de réalité virtuelle. La sécurité pourrait aussi être un argument. Par exemple en ajoutant au logiciel un détecteur de chute ou d’accident, et un envoi automatique des coordonnés GPS aux urgences.

Avec des startups spécialisées comme Circular ou Oura, de tels dispositifs n’ont pas encore été lancés, mais les géants de la tech comme Samsung, Apple, Google, Amazon ou encore Xiaomi ont largement de quoi ajouter des fonctionnalités supplémentaires grâce à d’autres produits disponibles dans la gamme. Aeklys, la gamme de bagues connectées d’Icare Technologies, a montré l’exemple en proposant une compatibilité avec des marques de serrures connectées.

Oura Ring 3 Bague Connectee
La référence des bagues connectées, Oura, est produite en Finlande. Circular produit ses montres en France. © Oura

Les limites de la bague connectée

Un constat sur la bague connecté est à double sens : la bague connectée fait aussi bien qu’une montre connectée. Si certains le voient comme un bel argument d’achat, d’autres pensent que cela retire tout intérêt de choisir une bague plutôt qu’une montre. Certains voient la bague connectée comme la définition d’une technologie réussie, qui s’oublie, qui est simple et discrète, quand d’autres y verront un objet trop visible, sans trop de variété esthétique, et qui vaut bien une montre pour le même prix et avec un écran.

Laurent Bsalis précisait qu’il tentait depuis le début avec Circular de « se différencier sur les fonctionnalités », mais déplore que « la plupart des autres marques sont surtout des copycat de Oura ». Il expliquait aussi que le chemin pour développer un tel objet technologique était loin d’être le plus simple, et que si les géants de la tech n’y avaient pas encore mis les pieds, c’est justement en vue de ses difficultés de développement et production.

« On utilise des procédés qui sont très longs à développer avant de pouvoir faire de gros volumes. C’est une horreur. C’est pour cela qu’il n’y a aujourd’hui que des startups qui se lancent dedans, car elles ont plus de flexibilité. Cela fait presque deux ans et demi que l’on travaille sur la production de la bague et nous avons petit à petit appris des procédés pour réduire l’épaisseur et pouvoir atteindre une échelle importante », dit le cofondateur de Circular.

Lui qui certifie que la bague est entièrement de production française, se questionnait sur l’usage des données. Une vraie préoccupation pour lui et pour ses clients, expliquait-il, alors que l’arrivée de nouveaux acteurs indiens et chinois pose problème sur la data, tant les règles ne sont pas aussi strictes qu’en Europe selon lui. « L’aspect de la collecte de données entre en jeu et pose question. Et comme ils sont meilleurs sur la partie hardware, c’est pour nous une grande préoccupation », déclare Laurent Bsalis.

Les big tech, l’Armée et des concurrents prêts à tout

À l’instar du marché des smartphones, tous les coups sont permis entre les acteurs des bagues connectées et le jeu stratégique se mélange à la course à la recherche et au développement. « On est la troisième bague connectée avec des capteurs qui se soit lancée sur ce marché très compétitif. Dans les coulisses, il y a beaucoup d’attaques de brevet, de procès… Je suppose que quand les grands vont se lancer, cela ne va pas échapper. Il faut se protéger. Oura nous a déjà attaqués en justice », témoigne Laurent Bsalis.

Contactée, la société finlandaise Oura n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations.

En même temps, des collaborations sont possibles. Les géants de la tech seront eux aussi prêts à faire confiance aux spécialistes. « Beaucoup nous ont approchés. On discute avec eux. Nous savions que Samsung allait lancer un produit, on se prépare à leur arrivée. C’est la suite logique que les grandes marques tech se lancent. C’est pour cela que l’on essaie de prendre de l’avance sur la partie logiciel. Cependant, sur la partie hardware, ils vont rattraper toutes les startups rapidement », prévenait l’entrepreneur français.

Du côté des clients, le marché B2B est lui aussi intéressé. En cherchant à se placer comme un partenaire santé, Circular continue de discuter avec des corps de métiers différents. L’armée française comme les sapeurs-pompiers suivent de près les avancées de la gamme, et « les discussions reprendront en septembre et en octobre », nous indique le responsable de Circular en ajoutant que des cliniques médicales sont aussi intéressées pour équiper leurs patients et leur permettre de prendre en autonomie des mesures.

Circular Ring
Le premier modèle de Circular donnera lieu à une prochaine version « Slim », qui doit être la bague connectée la plus fine du marché © Circular

« Le bout du tunnel » et la production de masse

Oura, qui domine le marché à l’heure actuelle, en est à la troisième génération de sa bague. Une quatrième devrait bientôt arriver pour fonctionner de façon encore plus indépendante aux smartphones. En attendant, une autre marque s’est fait remarquer au dernier CES de Las Vegas, en remportant le concours « Best of CES 2023 ». Il s’agit de Evie Ring, qui a choisi de se spécialiser dans un produit décerné spécifiquement aux femmes, « pour les aider à comprendre ce qu’elles ressentent ».

Quant à Circular, les premières livraisons ont commencé au mois d’avril dernier. « Nous sommes arrivés au bout du tunnel. Nous voulons livrer tous nos clients avant octobre. Ensuite nous pourrons commencer à nous construire un stock », nous explique son cofondateur, avant d’annoncer qu’en novembre « nous lancerons un deuxième modèle qui sera la bague connectée la plus fine du marché ». La marque vise un volume de production de dizaines de milliers d’unités cette année et des centaines de milliers l’année prochaine.

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Votre opinion
  1. Pour ma part ayant acheté une Oura et une Circular Pro 1 (la slim n’existait pas), il n’y a pas vraiment de comparaison à faire. Oura fait qualitatif et fonctionne après 1 an. Circular fait très plastique et ne fonctionne plus après quelques jours.

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