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L’Europe prépare ses communications à devoir résister un jour à une guerre

La crise ukrainienne rend plus que jamais nécessaire une meilleure préparation à des attaques hybrides. Les ministres européens des télécoms veulent mieux répertorier les risques et renforcer la résilience des réseaux.

La réunion informelle des ministres des Télécoms européens était prévue de longue date en France cette semaine. Mais l’offensive russe en Ukraine en a complètement changé la teneur. Au lieu de discuter tranquillement métavers ou transition environnementale, les participants se sont focalisés sur la guerre déclenchée par Poutine mais aussi la perspective d’en affronter une un jour.

Cet échange sur deux jours a été accompagné de conférences de presse ponctuées par d’incessantes interrogations de journalistes sur la résilience des réseaux. Car tout le monde se pose finalement la même question. Si un pays membre ou tout le continent était la cible d’une attaque hybride aérienne, terrestre et cyber, est-ce les communications pourraient être maintenues ? Difficile de répondre de façon catégorique. Comme l’a justement rappelé le secrétaire d’État au numérique Cédric O « aucun pays ne peut le garantir, même le mieux préparé du monde ».

Mais l’Europe a encore des progrès à réaliser pour y faire face plus efficacement. C’est la raison pour laquelle, dans une déclaration commune, les ministres appellent aujourd’hui l’Organe des régulateurs européens des communications électroniques (Berec), ainsi que l’Agence européenne chargée de la sécurité et des réseaux et de l’information (ENISA) à mieux « répertorier l’ensemble des risques » et « formuler des recommandations pour renforcer leur résilience ».

Des satellites pour assurer la redondance

Sur le volet des infrastructures télécoms physiques, le commissaire européen de la politique industrielle et du numérique Thierry Breton a rappelé la nécessité absolue de «renforcer la souveraineté de ces infrastructures : ce sont les réseaux terrestres évidemment, des réseaux large bande (…), la bonne maîtrise des câbles qui nous connectent à l’ensemble de l’Internet mondial et en particulier des câbles sous-marins, et puis c’est aussi la nécessité d’avoir de la redondance avec notamment la connectivité par satellite ».

Il poursuit en effet le projet de déployer d’une constellation de satellites en orbite basse intégrant des aspects de cybersécurité. « Nous souhaitons que des lancements soient mis en œuvre dès 2024 », a-t-il avancé.

Un bouclier cyber en préparation

L’autre grand sujet, c’est la sécurité informatique. « Nous devons construire très rapidement un bouclier cyber-européen », a déclaré Thierry Breton. Cela passe par la mise en œuvre rapide de NIS2, la directive européenne Network and Information Security qui doit permettre d’assurer la sécurité des entreprises du marché intérieur. Mais pas seulement.

Les ministres des télécoms appellent aussi la Commission européenne à concrétiser au plus vite le Cyber Resilience Act. Ce plan prévoit la mise en place de centres opérationnels de sécurité européens (Security Operation Centre ou « SOC ») qui joueront le rôle de garde-frontières virtuels. « Ils seront dotés des derniers éléments en matière d’intelligence artificielle et vont pouvoir surveiller et anticiper les attaques », a commenté le commissaire européen. Et pour gérer toute crise de manière coordonnée sur le continent, une Joint Cyber Unit (JCU) est prévue.

La plupart de ces actions étaient déjà décidées avant le déclenchement des hostilités, mais l’actualité va accélérer à coup sûr leur mise en œuvre.

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Amélie CHARNAY