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Jean-François Rambicur, associé chez Andersen Consulting, président de l’Association des Centraliens de Lyon

Face aux méthodes coopératives des entreprises, les ingénieurs des grandes écoles doivent affronter la mobilité structurelle et se donner les moyens de s’adapter.

L’ingénieur devra être prêt à changer plusieurs fois de métier et, probablement, d’employeur.
La formation permanente est obligatoire pour lui.
Nous réfléchissons aux modalités pédagogiques les plus adaptées au fonctionnement des entreprises.
Lors de la dernière manifestation des Centraliens, sur le thème ” Préparer les ingénieurs aux enjeux du futur “, la précarité croissante des ingénieurs a été soulevée. Quel bilan feriez-vous ? Je n’évoquerais pas la précarité de l’ingénieur comme un mal auquel il faut trouver un remède. J’y vois plutôt une image pour caractériser les deux évolutions qui sont nécessaires aux carrières d’ingénieur. Face à cette nouvelle mobilité ” structurelle “, l’ingénieur devra d’abord améliorer en perma- nence ses compétences, car les technologies et les savoirs se développent de plus en plus vite. Il devra également être prêt à changer plusieurs fois de métier et, probablement, d’employeur. Face aux nouvelles contraintes de l’économie, quelles qualités demander à un ingénieur ? Dans la mesure où l’ingénieur sera confronté aux problématiques liées, notamment, à la nouvelle économie, il doit être prêt à appréhender rapidement des savoir-faire nouveaux, à travailler dans des équipes multiculturelles, multicompétentes, et à intervenir plus en amont dans les projets. Des entreprises de conseil comme Andersen Consulting travaillent sur des missions intégrant des technologies évolutives. Nous attendons ainsi de nos ingénieurs une forte capacité d’adaptation, l’une de leurs qualités cruciales aujourd’hui. La préparation de l’ingénieur à cette nouvelle donne du monde industriel est primordiale. Les grandes écoles, comme Centrale Lyon, se penchent sur cette demande et sur les formes d’apprentissage liées aux nouvelles technologies. L’élève doit commencer par devenir un acteur proactif de sa propre formation.Qu’en est-il de son rôle au sein de l’entreprise qui passe à la nouvelle économie ? Ce sont ces nouvelles problématiques économiques qui vont redéfinir le rôle de l’ingénieur au sein de l’entreprise, ainsi que la gestion de sa carrière. Les ingénieurs en exercice doivent se donner les moyens de s’améliorer, d’être plus créatifs. Ils vont jouer un rôle d’animateur ?” et d’abord dans les grandes écoles ?”, pour apporter leur vision et leur expérience professionnelle aux plus jeunes. Dans l’industrie informatique, par exemple dans le secteur du conseil, l’ingénieur évoluera le plus souvent vers des fonctions de management et de conduite de projets. Le taux de rotation en entreprise en France comme aux Etats-Unis est important (environ 25 % par an). Quel message délivreriez-vous aux ingénieurs ? Toutes les entreprises ne recherchent pas un taux de rotation élevé. Dans la majorité des cas, ces changements fréquents de ressources humaines représenteraient une réelle perte de substance. Celles-ci demeurent la richesse essentielle de l’entreprise. Même s’il reste dans la même société, l’ingénieur doit accompagner les transformations et les évolutions par sa propre progression. Par exemple, dans les grandes entreprises de conseil comme Andersen Consulting, l’évolution de carrière peut se faire au sein du groupe, avec des projets, chez des clients, ou dans des activités qui vont varier tout au long de la carrière. Les ingénieurs doivent donc rechercher, pendant leur formation, puis lors de leurs premiers emplois, des expériences qui les préparent à évoluer dans le futur, à travailler en équipe, et à rester ouverts aux opportunités d’évolution. Cette formation, que l’on qualifie de permanente, est devenue obligatoire pour l’ingénieur.Dans ce contexte économique international, quel système de formation maintenir ? Le système des grandes écoles à la française est extrêmement performant, et il forme des ingénieurs de grande qualité. Alors que la société et l’économie se transforment et se globalisent, la formation des ingénieurs doit prendre en compte ces changements. Elle doit garder ses forces traditionnelles, s’ouvrir plus tôt vers des méthodes d’éducation plus responsabilisantes, vers l’apprentissage du travail en équipe, et, bien entendu, vers la préparation aux cultures internationales. L’Ecole centrale de Lyon réfléchit sur les modalités pédagogiques les plus adaptées. Les méthodes coopératives des entreprises vont forcément influencer les méthodes d’enseignement. Dans le cursus scolaire de ces ingénieurs, on développe à présent l’expérience du raisonnement par projet, l’approche interdisciplinaire, et la recherche systématique de l’information.

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Propos recueillis par Clarisse Burger