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Jacques Payer, guide de la révolution digitale d’EADS

L’ancien patron de Matra reprend le pôle télécoms du géant européen de l’aéronautique et de la défense.

Au moment où le réseau des réseaux se révèle désarmé face à tous les piratages, l’industrie de défense européenne est décidée à faire évoluer ses produits de télécommunication militaire sur le protocole internet. Une mutation incarnée par Jacques Payer qui, à l’âge de 62 ans, vient d’être nommé à la tête du nouveau pôle de télécommunication d’EADS (European Aeronautic Defence and Space Company), le géant européen de l’aéronautique et de la défense. ” Notre force est d’être les seuls au monde à utiliser les technologies civiles pour fournir des solutions de télécommunication aux marchés de la défense et de la sécurité “, explique-t-il. Des technologies civiles apportées par l’Américain Nortel Networks, avec lequel EADS a constitué, en juillet 2000, un joint-venture à majorité européenne, baptisée EADS Defence and Security Networks. Jacques Payer en était le président. Neuf mois plus tard, il est donc chargé de transformer l’essai, en réorganisant toutes les ramifications des activités télécommunications du groupe, apportées par le Français Aerospatiale Matra, l’Allemand Dasa et l’Espagnol Casa. Autant dire que Jacques Payer termine haut la main sa carrière dans les télécoms : quinze ans chez ITT, vingt ans chez Matra, et un couronnement numérique au service de la défense européenne.” Avec 630 millions d’euros de chiffre d’affaires [4,1 milliards de francs, ndlr], les activités de télécoms sont encore marginales, pour un groupe qui dégage un volume d’affaires de 22 milliards d’euros “, remarque Jacques Payer. Une diversification qui est aussi ” un relais de croissance “, au moment où la vente d’armes ne fait plus recette, et où la construction aéronautique est soumise à une concurrence féroce. ” L’activité télécoms, pour la défense et la sécurité, croît au rythme de 15 % par an. C’est un marché porteur, sur lequel nous comptons doubler notre activité à l’horizon 2005 “, poursuit-il. EADS Telecommunication compte aujourd’hui 48 réseaux, installés principalement en Europe, où la société réalise 75 % de son chiffre d’affaires. Un centre de gravité qui devrait néanmoins se déplacer outre-Atlantique : c’est l’une des missions assignées à Jacques Payer.Face à General Dynamic et Thales, EADS Telecommunication compte se hisser dans le trio de tête des opérateurs du secteur. Avec, pour mot d’ordre, la convergence entre les technologies civiles et militaires. ” Tous nos concurrents sont restés enfermés dans le monde de la défense “, ironise-t-il. Un archaïsme qui, selon lui, n’est plus de mise. L’innovation appartient aux industries civiles. ” Nos réseaux vont migrer sur le protocole internet. C’est pour nous un standard de transport auquel nous appliquons, en amont, nos systèmes de sécurisation pro- priétaires “, conclut-il. Une révolution numérique dans le secret : c’est la dernière ligne de front sur laquelle Jacques Payer a décidé de se battre, avant de se retirer des affaires.

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Sébastien Fumaroli