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IPDR met de l’ordre dans les services IP

Les équipementiers veulent doter les réseaux IP d’un langage normalisé de description des services. Il donnera aux opérateurs une meilleure connaissance des usages de consommation.

IPDR (Internet Protocol Detail Record) ouvre la porte de la facturation détaillée des services IP aux entreprises, ainsi qu’à l’étude de leur consommation précise par les opérateurs. IPDR représente, suivant un formalisme XML, les informations de trafic collectées auprès des équipements réseaux. “IPDR est important pour les opérateurs qui auront bientôt une vue détaillée de leur réseau IP”, explique Philippe Berteaud, responsable pour l’Europe de la division HP Telecom & Infrastructure, membre du consortium IPDR. Une donne que confirme France Télécom, dont le produit de collecte d’informations réseaux Flexible Collection Center “est en cours d’évolution pour gérer IPDR. Le langage nous permettra de passer d’une logique de simple facturation de la capacité, à l’étude des usages que font nos clients des services IP”, poursuit Frédéric Vedel, responsable produits chez Telecom Management Network, une filiale de l’opérateur historique. Bref, les applications potentielles d’IPDR sont vastes et portent sur la facturation détaillée, l’authentification, l’accès à Internet, la vente de contenus, la commercialisation d’applications en mode FAH, la voix sur IP ou encore l’e-mail.IPDR est fondé sur le protocole Network Data Management-Usage 3.0 (NDM-U). Il formalise les informations concernant le trafic IP, collecté (volume, latence, usage) sur les équipements réseaux (routeurs, commutateurs, coupe-feu, gestionnaires de bande passante, etc.) et dans les en-têtes des trames IP. Les informations portent sur cinq points : l’identification de l’utilisateur du service (qui ?) ; l’horodatage (quand ?) ; son contenu, type de services, volume, etc. (quoi ?) ; l’identification du matériel chargé de l’origine et de la destination du service (où ?) et un journal d’événements qui précise pourquoi l’information est prise en compte par le système (pourquoi ?).

En attendant de nouvelles applications

Les tickets IPDR sont générés par des serveurs de médiation. Leur rôle consiste ainsi à recueillir les données brutes collectées par des sondes disposées sur les matériels réseaux, à les agréger puis à les traduire suivant Schéma XML pour enfin les transmettre à des applications de type facturation, gestion de la qualité de service, gestion de la relation client, décisionnel, etc. En cela, le protocole IPDR concerne, à terme, tous les opérateurs de télécommunications qu’ils soient FAH, FAI ou opérateurs de téléphonie…“IPDR vise en effet à suivre à la trace l’utilisation de la vidéo sur IP, de la téléphonie 3G ou des services sans fil”, explique Aron Heintz, directeur du développement du consortium IPDR.org. Il ne manque plus aux professionnels du marketing qu’à développer les applications adéquates. Ainsi, selon Aron Heintz, les éditeurs de solutions de GRC, les spécialistes du décisionnel comme SAS Institute ou les fabricants de moteurs de règles tels qu’Ilog s’y intéressent de près. Mais nous n’en sommes pas là. Les serveurs de médiation sont pour l’instant confondus avec des solutions de facturation pour opérateurs, édités par des spécialistes comme Kenan, Sofrecom (France Télécom), Amdocs, Conversys ou Vitria. Les solutions de collecte jouent aussi le rôle de serveurs de médiation. Ainsi, depuis peu, HP (avec HP IUM) gère aussi IPDR. Lucent, membre du consortium IPDR, fait, quant à lui, appel à des sondes fabriquées par Narus, qu’il place en amont des routeurs, pour collecter les informations et les représenter. Ipanema Technologies fabrique également des serveurs dédiés à la qualité de service IP, compatibles avec IPDR.

Vers une facturation à l’usage

Mais le principe même d’IPDR, qui est de collecter d’innombrables informations sur le réseau, pose des problèmes de traitement et de stockage. C’est l’objet de la version 3.0 du standard NDM-U, publiée début novembre. Elle intègre en effet le langage de représentation compact des données XDR (External Data Representation). L’idée, très simple, consiste à regrouper plusieurs instances d’un même événement (accès par un même utilisateur aux différents ports d’un même routeur, etc.) et à stocker l’information sous forme binaire. Grâce à ce procédé de factorisation, XDR diminue par trois ou quatre la taille des documents XML (IPDRDocs) générés. Cette technique permet de représenter des services IP plus complexes tels que la vidéo sur IP à la demande, les transactions d’e-commerce, la conférence virtuelle ou les flux de RPV-IP. Par ailleurs, des kits de développement rédigés en langage C et en Java sont proposés, afin d’automatiser la création de documents conformes à XDR et XML. Un préalable nécessaire pour accélérer l’adoption d’IPDR par les membres de l’industrie. C’est du moins ce qu’affirme Aron Heintz, qui précise que le NDM-U 3.0 fera rapidement son apparition dans les équipements réseaux de Nortel, de Siemens, d’Ericsson ainsi que de Lucent Technologies.Au final, IPDR est prêt à fournir aux opérateurs le détail de consommation des usages IP sur leurs réseaux. Dans un premier temps, ce nouvel outil servira logiquement leur intérêt : refacturation, profilage de la clientèle, etc. Reste tout de même une inconnue qui porte sur la capacité des clients à se mobiliser pour réclamer l’utilisation d’IPDR à leur avantage, à savoir le paiement des services IP à l’usage.

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Francisco Villacampa