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Investissons dans les usines numériques du futur !

Didier Lamouche, PDG de Bull

Par les révolutions qu’elles induisent, les technologies de l’information (25 % de la croissance mondiale, 30 % d’ici cinq ans) demeurent notre meilleur atout pour sortir renforcés de la crise. Le grand emprunt voulu par le président de la République doit bénéficier, selon ses mots, à l’économie de la connaissance, à la compétitivité des entreprises et aux investissements industriels : il ne saurait donc faire l’impasse sur le numérique. La France tient là une opportunité unique de rattraper son retard en la matière : l’économie numérique ne représente aujourd’hui que 6 % de notre production (13 % aux États-Unis) et les TIC seulement 11 % de nos investissements productifs (30 % aux États-Unis).

Un virage à ne pas rater

Au-delà de la question des services, réseaux et terminaux, il est de notre responsabilité de penser aux très grandes infrastructures, qui sont au cœur des bouleversements actuels dans le monde. L’émergence du cloud computing est une révolution majeure et les États-Unis investissent massivement dans ce type d’infrastructure. L’Europe ne peut pas rater ce virage technologique. Il en va de notre compétitivité (cette puissance de calcul sera au cœur de toutes les innovations), de notre souveraineté numérique (nous ne pouvons dépendre du savoir-faire et de ressources qui seraient situées exclusivement à l’étranger), et de notre valeur ajoutée locale. Que serait l’Europe si elle se contentait de déployer les lignes électriques en se reposant sur les USA ou la Chine pour ses centrales ? Je propose qu’une partie du grand emprunt soit consacrée au développement de ces usines numériques du futur.

Un atout compétitif européen

L’enjeu est stratégique, le moment opportun, et la France pourrait impulser une dynamique vertueuse en Europe. Nous possédons les compétences nécessaires, les technologies massivement distribuées du cloud computing émulant les technologies parallèles des supercalculateurs, pour lesquels nous avons développé un savoir-faire reconnu. En outre, les enjeux énergétiques étant cruciaux, notre électricité peu chère nous confère un atout compétitif européen unique. Enfin, nous sommes situés au carrefour de tous les réseaux en Europe. Capitalisons donc sur ces atouts concurrentiels !Il s’agirait de créer un réseau national de centres de données réservé à l’innovation. Mis à la disposition des universités, des centres de recherche, des PME et des start-up, cet incubateur numérique les aiderait à accélérer leurs travaux et/ou à diffuser leurs applications. Ce serait l’outil mutualisé idéal pour les pôles de compétitivité et les entreprises innovantes, qui pourraient accéder ainsi à la simulation numérique. Un projet d’une telle ampleur favoriserait aussi l’émergence d’une filière universitaire dédiée, assurant le développement d’un savoir-faire local très concurrentiel.

Un laboratoire sans équivalent

Catalyseur de la révolution numérique en France et en Europe, ce projet prendrait notamment la forme d’un laboratoire sans équivalent pour la mise au point des technologies de l’informatique verte et de la distribution sécurisée de ressources, deux clés du cloud computing. Il pourrait se doubler d’un programme de recherche autour de futurs supercalculateurs post-pétaflopiques dédiés à la performance extrême, pour une innovation sans compromis, sans limite.De même qu’il investit dans les infrastructures physiques, l’État devrait désormais investir dans les infrastructures numériques et aménager le territoire virtuel. Notre proposition y répond : nous nous engageons à participer significativement à cet investissement dans le cadre, par exemple, d’un partenariat public-privé pour le réaliser. Le projet pourrait valoriser et impliquer l’ensemble de l’écosystème français et européen : recherche, industrie, éditeurs, opérateurs télécom, universités… Si nous prenons tous ce défi technologique à bras-le-corps, c’est l’ensemble de l’éco-système numérique continental qui s’en trouvera renforcé. Les gisements de croissance sont là : à nous de conforter notre mission d’accélérateur du développement en France et en Europe.

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La rédaction