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Internet par le réseau électrique de la maison

Le CPL, ou courant porteur en ligne, est aujourd’hui présent dans de nombreux foyers. Mais par quel miracle peut-on échanger des données via le réseau électrique ?

De nombreuses familles sont aujourd’hui équipées de plusieurs ordinateurs. Elles souhaitent souvent échanger leurs fichiers et partager l’accès à Internet depuis divers périphériques du foyer via un réseau local. Les deux solutions les plus couramment pour y parvenir sont la liaison par câble Ethernet et le sans-fil (Wi-Fi). Mais un procédé alternatif est en train de s’imposer, sous l’impulsion des fournisseurs d’accès à Internet : le courant porteur en ligne ou CPL.Principal avantage du réseau CPL : sa simplicité de mise en œuvre. Il suffit de brancher les adaptateurs sur les prises électriques de la maison, puis d’y raccorder la box Internet, les PC et les périphériques pour établir la communication. Il n’y a pas de logiciel à installer ni, surtout, de câbles à tirer, puisque le support du réseau n’est autre que le réseau électrique de l’habitation, dont les points d’accès ? les prises de courant ? sont disponibles dans toutes les pièces.

Une technologie porteuse

Les premiers adaptateurs CPL – sortes de modems en forme de grosses prises électriques – ont été commercialisés en France en 2003. Aujourd’hui, le marché est arrivé à maturité : les produits sont beaucoup plus performants et moins coûteux qu’auparavant. Ils sont également plus pratiques : la plupart sont équipés d’un report de prise, qui les transforme en prises gigognes sur lesquelles on peut ensuite brancher un autre appareil ou une multiprise.Mais par quelle prouesse technologique peut-on faire voyager les données sur des fils électriques ? Pour commencer, rappelons la nature du courant électrique domestique : il s’agit d’une énergie produite par la circulation d’électrons à l’intérieur de fils de cuivre. Ce courant est dit “ alternatif ” : en France, il change de sens 100 fois par seconde (sa fréquence est de 50 hertz). Or, le passage du courant génère aussi des ondes électromagnétiques qui voyagent le long des fils.C’est dans les années cinquante que l’idée est née de s’en servir pour la commande à distance d’appareils industriels. Le principe consiste à utiliser les ondes pour porter des informations, c’est pourquoi on les qualifie de “ porteuses ”. Concrètement, dans le cas du CPL, on fait varier ? on module ? l’amplitude des ondes en fonction des suites de 0 et de 1 à transmettre (voir illustration). Pour mémoire, l’ordinateur et ses périphériques communiquent en langage binaire (composé de 0 et de 1).La difficulté est d’obtenir un débit d’informations suffisant pour la majorité des usages. Car le courant porteur se heurte aux perturbations électriques que créent les autres appareils électriques du foyer. L’exemple de la mise en route d’un aspirateur ou d’un four à micro-ondes qui fait chuter brutalement les performances du réseau CPL n’est pas une légende : les ondes électromagnétiques sont très sensibles aux interférences générées par ce type d’appareils.Plusieurs méthodes sont employées pour lutter contre ces perturbations. Le passage du courant produisant toute une gamme d’ondes électromagnétiques de différentes fréquences, on utilise en priorité celles de fréquence élevée (entre 1,6 et 30 mégahertz), moins perturbées par les variations du courant à 50 hertz. En outre, comme dans tout protocole de communication, un système de correction d’erreurs est appliqué : chaque émission d’un “ paquet ” de données numériques donne lieu à un calcul (généralement une simple somme binaire des octets expédiés), dont le résultat est transmis conjointement. Une fois les données parvenues à destination, on refait le calcul. Si le nouveau résultat est différent du premier, on transmet à nouveau le paquet tout entier.

Plus rapide que le Wi-fi G

D’autres astuces permettent d’augmenter le débit, comme l’émission simultanée de plusieurs flux de données via des ondes porteuses de fréquences différentes. Un protocole nommé OFDM (Orthogonal Frequency-Division Multiplexing) permet de filtrer ces flux et de les décoder. Les progrès constants de ces technologies très complexes ont permis d’augmenter sensiblement le débit des réseaux CPL domestiques. S’il ne peut aujourd’hui rivaliser avec celui d’Ethernet (1 gigabit par seconde, dans sa version la plus évoluée), le débit du CPL dépasse celui du Wi-Fi 802.11g (54 mégabits par seconde) et talonne celui du 802.11n (300 Mbit/s).En effet, la plupart des adaptateurs du commerce fonctionnent aujourd’hui en 200 Mbit/s. Il s’agit néanmoins d’un débit théorique maximal : en pratique la valeur de 50 Mbit/s est rarement atteinte. Mais c’est beaucoup plus que les 14 Mbit/s et 85 Mbit/s des modèles antérieurs. Le vainqueur de notre récent comparatif de kits CPL (voir Micro Hebdo n° 601, page 16), l’adaptateur NetSocket 200+ de Lea, peut échanger des données à la vitesse de 51 Mbit/s, soit 6,39 mégaoctets par seconde, avec l’un de ses congénères placé 100 mètres plus loin sur le réseau électrique ; c’est suffisant, par exemple, pour transmettre un film en HD avec un son surround 5.1.Et, surtout, les tests de notre laboratoire ont montré que des progrès énormes ont été accomplis au niveau de la résistance aux interférences. Les performances des trois premiers modèles de notre comparatif ne baissent pratiquement pas lorsqu’on introduit des éléments perturbateurs dans le réseau électrique. Cette avancée majeure a achevé de convaincre les FAI d’inclure le CPL dans leurs offres triple play à destination du grand public. Ce qu’ils font désormais, avec des adaptateurs nommés Freeplug chez Free ou Liveplug chez Orange. Le CPL est entré dans les foyers, et s’impose peu à peu comme une alternative plus que crédible aux autres technologies réseau

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Christophe Blanc