Passer au contenu

Huawei P50 Pro : les promesses et défis du nouveau fleuron de Huawei, enfin lancé en France

Le champion chinois des technologies ne jette pas l’éponge : après avoir arraché le droit d’utiliser les puces de Qualcomm, il revient en Europe avec un P50 Pro qui fait la part belle à la photo. Mais comment se faire une place avec un terminal sans 5G, sans services Google et à un tarif premium ?

Foudroyée par l’administration Trump, qui l’a privé d’accès aux usines de TSMC, aux services Google et l’a obligé à se séparer de Honor, la division smartphone de Huawei est toujours debout. Et a annoncé cette semaine le lancement en France du fleuron lancé en Chine l’an dernier, le P50 Pro. Un terminal haut de gamme qui succède au P40 Pro, vieux de deux ans. Entretemps, il y a bien sûr eu le Mate 40 Pro, mais aussi une pandémie… et la difficile gestion des barrières américaines.

Lire aussi : Qualcomm pourrait vendre ses processeurs Snapdragon à Huawei

Tout cela aboutit à un drôle de terminal. Exit les processeurs Kirin de sa filiale semi-conducteurs HiSilicon : privé d’accès aux usines TSMC, Huawei a toutefois eu accès à la puce la plus haut de gamme de Qualcomm de 2021, le Snapdragon 888… amputé des fonctionnalités 5G. Un comble pour le premier équipementier 5G de la planète et, jadis, fer de lance de la popularisation de la technologie dans les terminaux mobiles. Si, dans les faits l’impact de la 5G reste anecdotique dans notre quotidien, il est assez difficile pour les technophiles d’investir, en ce début 2022, dans un terminal dépourvu d’un tel équipement.

Un quatuor aux commandes de la photo

La partition photo des smartphones haut de gamme est, plus que jamais essentielle. Pour ce P50 Pro, Huawei joue la carte de la puissance de zoom optique. À notre grand regret, le chinois met son module caméra ultra grand-angle « Cine lens » au placard. Ce module équivalent 18 mm f/1.8, introduit par le Mate 30 Pro, intégrait un capteur tellement plus grand que ceux de la compétition qu’il les écrasait dans tous les domaines – qualité d’image, reproduction des couleurs, bruit numérique, qualité optique, luminosité, etc. Huawei lui a préféré un ultra grand-angle bien plus large de 13 mm, plus à même de faire la différence par rapport au module principal de 23 mm.

Lire aussi : Huawei annonce ses P50 et P50 Pro, de futurs champions de la photo, bardés de nouvelles technos ?

Ce dernier module est le même que celui que l’on retrouvait dans le Mate 40 Pro, un grand angle très large donc, très lumineux (f/1.8) et doté d’un capteur 50 Mpix très grand format à matrice RYYB – celle-là qui a permis au P30 Pro d’asseoir la domination de Huawei dans les basses lumières. C’est notamment la qualité de ce module caméra qui a permis à Huawei de rester numéro 1 de notre top 10 photo en 2021. Ce module principal est épaulé par un second comparse. Un module avec la même couverture angulaire, mais doté d’une optique plus lumineuse et d’un grand capteur 40 Mpix qui voit en noir & blanc. Ce, sans doute afin d’améliorer les résultats en basses lumières.

Lire aussi notre dossier “Huawei Gate : tout savoir de l’affaire qui ébranle la tech

C’est surtout du côté du téléobjectif que nous attendons beaucoup du P50 Pro. Adieu le 125 mm apparu avec le P30 Pro (et reconduit dans d’autres terminaux), bonjour le nouveau 90 mm f/3.5. Un téléobjectif plus modéré sur le papier et pourtant plus puissant dans les faits. L’astuce est dans le capteur 64 Mpix : en natif équivalent 90 mm (zoom nommé à tort x10), le capteur produit des images de 16 Mpix en combinant les pixels.

En mode zoom x10, ce sont uniquement les 16 Mpix du centre du capteur qui sont utilisés. Et pour avoir eu un appareil en main, il s’agit ici de l’un des atouts de ce P50 Pro : c’est l’un, voire le meilleur super téléobjectif (équivalent 270 mm !) que nous avons jamais essayé.

Photo : beaucoup de promesses logicielles

S’il n’a pas les meilleurs capteurs ni les meilleures optiques, l’iPhone (notamment depuis la génération 11) est toujours dans notre Top 3 grâce à la qualité de son autofocus. Et à sa constance des couleurs, un des points faibles des marques chinoises, Huawei inclus. Il promet donc une qualité d’image en hausse grâce à deux technologies : l’une qui s’occupe des défauts optiques, notamment pour améliorer la qualité d’image des téléobjectifs, l’autre qui améliore le rendu des couleurs.

La première moulinette s’appelle « Huawei XD Optics ». Une technologie aux contours très flous, qui consiste à allouer des capacités de calcul pour corriger les défauts optiques en temps réel, et non se contenter d’une simple correction de profil fixe comme c’est la norme dans toutes les optiques.

La seconde moulinette logicielle, qui s’ajoute à XD Optics (ainsi qu’au travail traditionnel de l’ISP) s’appelle XD Fusion Pro. Un terme qui réunit une suite d’algorithmes, dont on a plus de mal à percevoir l’exclusivité, puisqu’il s’agit d’opérations connues : un « moteur » de restitution de couleurs, un outil de Super HDR, etc.

En mettant bout à bout XD Optics et XD Fusion Pro, Huawei estime crânement disposer du seul tuyau de traitement d’image complet de l’industrie et promet de conserver jusqu’à 81% des informations perçues par les blocs optiques concurrents, au lieu de 60% au mieux. Des affirmations difficiles à vérifier au pourcentage près – quelles mesures de référence ? Quelles bases de calcul ? Quels terminaux concurrents ? – mais qui devraient, si Huawei tient sa promesse, se vérifier par l’usage. Ainsi, on devrait avoir des couleurs plus fidèles et plus constantes ainsi que des images plus précises à définition égale. Challenge accepté : nous le comparerons à l’iPhone 13 Pro Max et au Pixel 6 Pro, les Américains étant les champions de la constance des couleurs entre les modules.

Une position tarifaire difficile

Si le P50 Pro existe dans 4 configurations différentes en Asie, une seule sera disponible aux USA et en Europe : 8Go de RAM et 256 Go de stockage. Un terminal lancé à 1199 €, quand le reste des terminaux concurrents (haut de gamme, Snapdragon 888 ou équivalent, bonne partition photo) se dénichent entre 800 et 1000 €. Sans même parler de la privation des services Google – qui reste le défaut majeur pour un public occidental – Huawei est ici jusqu’à 50% plus cher pour une partition équivalente. Un fait qui s’explique par le lancement en retard de ce terminal de 2021.

Cela ne veut pas dire que les technologies intégrées dans le terminal de Huawei ne sont pas haut de gamme : écran 120 Hz certifié P3 à échantillonnage tactile 300 Hz, conception IPX68 pour protection contre eau et poussières, batterie de 4360 mAh, etc. Huawei n’a pas abaissé son niveau d’exigence en matière de hardware en dépit des sanctions américaines.

Lire aussi : Anatomie du Snapdragon 8 Gen 1, la puce des futurs smartphones haut de gamme

Mais alors que le Samsung Unpacked est prévu pour le 9 février et que le MWC de fin février sera l’occasion de voir arriver les fleurons d’Oppo, Xiaomi, OnePlus et les autres équipé en Snapdragon 8 Gen1, le retard de lancement de ce P50 Pro ne joue pas en sa faveur. Si Huawei peut mettre en avant son système Huawei Share, très pertinent dès lors que votre PC, tablette et PC sont de la même marque, la force de frappe de son écosystème reste infiniment inférieure à Apple. Il reste à voir si Huawei peut continuer d’étoffer son App Gallery d’applications clés pour le public occidental.

Le P50 Pro de Huawei est d’ores et déjà disponible en deux coloris (noir ou or) dans son unique version 8 Go / 256 Go à 1199 € avec une paire de FreeBuds Pro offerte.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.