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Guy Fermon (Technoforum): ” Le cadre de la gestion de contenu dépasse de loin celui de la GED “

Avec la généralisation du mode web et l’adoption de XML, la gestion de contenu concerne maintenant tous les utilisateurs de l’entreprise.

En quoi le concept de GED est-il dépassé ? La GED est née il y a une dizaine d’années d’une traduction approximative. Dans son acceptation franco-française, le ” document management ” renvoie à la ” gestion électronique de documents “. De fait, la GED trouve ses racines dans les méthodes d’archivage et de micrographie-scanner, disque optique, etc. Elle transforme des documents papier en fichiers électroniques. A l’inverse, la définition anglo-saxonne de la gestion documentaire présuppose que le document existe déjà au format numérique.En quoi internet a-t-il participé à cette évolution ? L’arrivée du web règle ce problème de sémantique. On ne parle plus de gestion documentaire, mais de gestion de contenu. Dans un document, le plus important n’est pas tant le document en soi que l’information qu’il véhicule. Pour des raisons d’instantanéité et de coût, le web s’impose comme un support naturel de diffusion. L’utilisateur accède non seulement aux données résidant dans les bases documentaires, mais également à des informations tierces. Le haut débit ouvre aussi la voie au contenu riche, associant textes, images, son et vidéo. Pour le reste, la gestion de contenu sur le web renvoie à diverses notions déjà connues : contrôle des versions, gestion des droits d’accès, publication, etc. Sur ce marché, on trouve à la fois les acteurs historiques de la gestion documentaire – FileNet, Documentum, OpenText, etc. – et des nouveaux venus, qualifiés de ” pure players ” – Interwoven, Vignette, Mediasurface, Tridion, Stratélia, InStranet, EXP Technology, etc.Quel rôle le langage XML joue-t-il dans ce domaine ? XML est la technologie d’intégration par excellence. En séparant le contenu de sa présentation, ce langage permet d’agréger dans un format neutre des informations de sources hétérogènes et de les diffuser sur différentes plates-formes. Cette portabilité des données donne accès à des informations jusqu’alors enfermées dans des systèmes et applications propriétaires. Si l’entreprise doit pouvoir publier dynamiquement, sur le web, des informations issues de son progiciel de gestion intégré ou de n’importe quelle base de données, encore faut-il que l’architecture sous-jacente soit adaptée. C’est ce qui fait le succès de fournisseurs d’infrastructures tels Sybase et IBM avec leurs technologies middlewares. Et on dépasse alors le cadre du document bureautique – Word ou PDF – partagé par plusieurs collaborateurs.Le concept de portail d’entreprise était-il inévitable ? A usage interne ou externe – partenaires, fournisseurs, clients -, les entreprises ont multiplié les sites : DRH, service marketing, direction de la communication, etc. Et chacun a voulu son intranet. Moyennant quoi, les employés de France Télécom ou d’Alcatel se sont retrouvés avec quelque deux cent cinquante intranets. La nécessité d’aboutir à un intranet fédérateur offrant un point d’accès unique et rassemblant les informations structurées – bases de données – et non structurées s’est fait sentir. Cette vague du portail a renforcé la position des spécialistes de la catégorisation – Autonomy, Verity, Arisem – et du décisionnel – Oracle, Brio, Business Objects, etc. D’autres se sont engouffrés dans cette tendance marketing, tel Microsoft, qui aurait vraisemblablement rangé sa solution SharePoint Portal Server dans la famille des outils de gestion des connaissances il y a deux ans.Comment les acteurs se positionnent-ils sur le marché de la gestion de contenu ? Nous sommes sur un marché en très forte hausse, mais sans véritable meneur. Les écarts de prix extrêmement significatifs, allant quasiment du simple au quintuple, ajoutent encore à la confusion. Des tendances se dessinent néanmoins. On assiste tout d’abord à une démocratisation du marché. En entrée de gamme, l’offre de Microsoft vient, par exemple, concurrencer Raven de Lotus. Par ailleurs, le marché se segmente en niches. Dans le domaine de la syndication de contenu, Kinecta et iSyndicate (qui a racheté en France nFactory) proposent des outils spécialisés. Basé sur XML et validé par le W3C, un protocole visant à établir les règles commerciales d’échange d’informations entre entreprises a même été adopté : ICE (Information and Content Exchange). Des liens forts se dessinent entre gestion de contenu et commerce électronique. Intershop apporte une brique de gestion de contenu à sa plate-forme de commerce électronique, tandis que des sociétés comme Saqqara, Requisite ou Poet se sont spécialisées dans la création de catalogues électroniques. Des partenariats ont également été conclus entre généralistes – Documentum, Interwoven – et fournisseurs de places de marché – Commerce One, Ariba. De même, les fournisseurs de serveurs d’applications – BEA, ATG, IBM – se rapprochent du monde de la gestion de contenu. En ce qui concerne la confidentialité des données, des éditeurs se sont engouffrés dans les créneaux de la signature électronique (Adobe) et de la sécurisation de contenu (Netegrity).Le contenu sera-t-il finalement plus proche de son créateur ? De la même façon que l’arrivée de PageMaker a permis à l’utilisateur lambda de s’essayer lui-même à la PAO et d’être maître de ses créations, les systèmes de publication sur le web transforment potentiellement l’utilisateur en auteur de contenu. Tout l’enjeu consiste ensuite à supprimer certaines phases intermédiaires liées à la forme – souvent assurées par le webmestre – et à réduire le goulet d’étranglement que constitue le filtre de la validation du contenu. Dans ce sens, des éditeurs comme Intranet Solutions proposent un processus automatique d’approbation et de publication avec génération d’index et de feuilles de style prédéfinies.

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Propos recueillis par Xavier Biseul