Passer au contenu

Gravé dans le Web

Pour signifier la permanence d’une information, on utilise l’expression “ gravé dans le marbre ”. La formule pourrait être modernisée et devenir “ gravé dans le Web ”. Car, comme…

Pour signifier la permanence d’une information, on utilise l’expression “ gravé dans le marbre ”. La formule pourrait être modernisée et devenir “ gravé dans le Web ”. Car, comme le rappelle Alex Türk, président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, “ le cerveau humain a une capacité naturelle à oublier. Pas l’ordinateur ”. Et surtout pas Internet. De plus en plus “ social ”, le Web nous permet de partager nos photos, nos pensées et nos agissements. Le problème, c’est qu’une fois que nous avons bourré Internet de ces morceaux de nous-mêmes, nous sommes dans l’incapacité de les effacer. Et Alex Türk de résumer la situation : “ Je crois avoir montré mes fesses à la Saint-Nicolas en 1969. Je ne le fais plus depuis. Et je n’aimerais pas que cela me poursuive. ”

Le droit à l’oubli

Cette envie d’un Web qui ne nous stigmatiserait pas à vie fait actuellement débat. Deux sénateurs, Yves Détraigne et Anne-Marie Escoffier, ont déposé un projet de loi sur “ le droit à la vie privée à l’heure du numérique ”. Ils veulent tout d’abord que la loi reconnaisse de façon claire l’adresse IP comme une donnée personnelle. Ils souhaitent également imposer aux acteurs du Web un devoir d’information des internautes quant à la captation et la conservation des données. Et surtout, ils veulent instaurer un “ droit de suppression ” des données, via un simple envoi d’une demande par courriel.Mais ce n’est visiblement pas la solution qui sied à la secrétaire d’Etat chargée de l’économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui organisait, le 12 novembre à Sciences-Po Paris, un débat public sur le droit à l’oubli. Les acteurs du Web y montraient patte blanche, mettant en avant leurs efforts, comme Google avec son nouveau service Google Dashboard. Régir Internet, par essence apatride, par une loi nationale est complexe. La secrétaire d’Etat semble donc largement préférer une concertation internationale, une charte d’engagement des acteurs du Web, et la mise en place d’un système de labellisation des sites à trois niveaux, indiquant si l’on y est anonyme, identifié simplement, ou enfin identifié avec l’identité numérique correspondant à l’identité civile.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Stéphane Viossat