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Galileo change de cap, en douceur

Avec la fin de Canal Web, son premier bailleur de fonds revoit sa stratégie. Et la net économie tourne une page.

Canal Web s’éteint, Galileo tente de se relancer. Deux des phares de l’univers internet hexagonal vivent un tournant de leur courte histoire. Ironie de l’aventure, c’est Galileo, le financier, qui se renfloue. Galileo II B, premier Side Fund (*) français et européen, vient de se constituer. Il est destiné à secourir les locataires de Galileo II, un fonds de 76 millions d’euros, levé en 1998, arrivé à bout de souffle. Investisseur des débuts de la nouvelle économie, Galileo en a accumulé tous les triomphes, avant d’en subir la débâcle.Par son parcours, et du fait de sa surface financière (Galileo I était doté de 25 millions d’euros, G. II de 76 millions, G. III de 250 millions), Galileo Partners est un peu un emblème. Ses succès saisissants ?” introductions en Bourse flamboyantes de Consodata ou de Netgem, cession d’Alapage (pour près de 50 millions d’euros) à France Telecom, mais aussi prises de paroles autoritaires d’un Bernard Maitre, contribuent à en faire un “incontournable” du monde Internet. Bernard Maitre, qui a rejoint le groupe en 1998 comme directeur associé, fera du placement dans les pures dot-com la pierre angulaire de sa stratégie. L’auteur, en 1999, des Business models de la nouvelle économie, défendra Canal Web avec acharnement, jusqu’au revirement de l’été dernier. Elle figure en effet parmi les sociétés épaulées par Galileo II, qui sont entre autres Seniorplanet, Net 2 One, Rueducommerce, etc. Une dizaine de dot-com qui devraient bénéficier de Galileo II B (12,6 millions d’euros). Car les gérants de Galileo Partners envisagent un sauvetage sélectif.Les critères ? Un peu toujours les mêmes : le projet, l’équipe, la gestion. Dans cet ordre ou dans un autre. Une recommandation pourrait s’y ajouter : l’occasion d’une cession ou d’une fusion rapide. L’ex-avocate d’affaires Corinne d’Agrain est chargée de ce que l’on dénomme, chez Galileo, la “fonction exit”. Des dossiers sont en négociation. Pressés par leurs actionnaires, des fonds de fonds, des institutions et des investisseurs privés avertis (telle la famille princière du Lichtenstein), les gérants sont décidés à apurer la bulle. “À 90 %, les fonds proviennent de l’international. Cet argent contribue à créer de l’emploi ici. C’est une marque de confiance envers la France”, justifie Joël Flichy, cofondateur de Galileo Partners. Les heureuses élues de Galileo II B ? Le fonds a déjà remis au pot pour Wokup, éditeur de logiciels multi-accès, et pour Kaidara, qui conçoit des logiciels d’assistance aux entreprises.

Un fonds de refinancement

” L’idée de ce refinancement m’est venue aux États-Unis, mais il a fallu plusieurs mois pour l’adapter et obtenir les autorisations. La COB ne connaissait pas cette démarche. Il n’est pas prévu d’autre financement avant cet été. Beaucoup de nos dot-com atteignent le point mort, c’est très encourageant “, note Joël Flichy. Leguide.com, Aufeminin.com, Meilleur- taux.com, Rueducommerce en seraient. Seniorplanet ? ” Le contre-exemple “. Snarx, spécialiste des solutions d’e-marketing, ne va pas bien non plus. Sans parler de Net 2 One, autre incarnation de la net économie, duquel Galileo va se désengager. Dalet, qui édite des solutions de gestion d’informations multimédias, sort aussi d’un exercice difficile. Mais, cotée sur le Nouveau Marché, la société a déjà apporté sa plus-value. Et comme Netgem, elle sort échinée par la crise. Des ” succès “ qui suscitent des critiques.” Le capital-risque, est-ce jouer au casino boursier ou construire à long terme ? “, demande un observateur. Réponse nuancée : ” On nous confie de l’argent pour 10 ans, ce qui fait que nous travaillons sur la durée. Cela dit, nous sommes des financiers : on ne peut pas reprocher aux équipes de viser les meilleurs TRI [taux de rendement interne]. Mais on sous-estime notre engagement. Sur Netgem, je n’ose pas avouer la plus-value réalisée : 3 fois la mise, là où nous aurions pu multiplier par 25, si nous avions lâché plus tôt “, explique Joël Flichy.Et demain ? Galileo III n’a investi que 20 % de ses 250 millions d’euros. ” La bulle n’est pas totalement dégonflée. Elle le sera lorsque les télécoms auront épongé leur dette. Néanmoins, depuis quelques semaines le ” deal flow ” [flux des proposions] reprend. L’investissement suivra. Certains dossiers sont très avancés “, révèle Joël Flichy. Galileo fait table rase de ses moins-values, pas de sa philosophie. Permanence des secteurs visés, informatique et télécoms. Permanence de la culture et des méthodes maison. ” Nous n’avons jamais connu une bulle et un retournement aussi forts. Mais la tourmente a permis de développer l’image et la connaissance du métier. Nous croulons sous les candidatures. Il n’a jamais été aussi facile d’embaucher “, se réjouit son associé fondateur. (*) Fonds de refinancement, pratique en vogue aux États-Unis depuis l’e-krach. Il est destiné à alimenter les seules sociétés du portefeuille, une fois les sommes initiales dispersées. Levé auprès des mêmes investisseurs, le fonds est soumis à autorisation des institutions des marchés.

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Jean-Michel Cedro