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France Télécom : à quoi sert la direction du Trésor ?

La récente audition du directeur du Trésor devant la Commission d’enquête parlementaire sur la gestion des entreprises publiques est édifiante de la manière dont certaines d’entre elles ont pu court-circuiter leur autorité de
tutelle.

‘ Oui, monsieur le président, dans un certain nombre de cas, le ministre et le Trésor ont été court-circuités. ‘ Dans la bouche de Jean-Pierre Jouyet, le directeur du Trésor, en
réponse à une question de Philippe Douste-Blazy, le président de la Commission d’enquête parlementaire sur la gestion des entreprises publiques, la confidence fait froid dans le dos.Elle expliquerait, en partie, le désastre financier dans lequel s’est fourvoyé France Télécom. Peu enclin à apparaître sous le feu des projecteurs, le directeur du Trésor, l’un des plus puissants ?” et secrets ?”
hauts fonctionnaires de France, est cependant bien obligé de reconnaître que son administration s’est fait balader.Et pas sur n’importe quels dossiers, puisqu’il s’agit des acquisitions (NTL, MobilCom) les plus controversées de France Télécom. Et Nicolas Jachiet, l’un de ses plus proches collaborateurs, ancien chef du service des participations
de l’Etat et qui, à ce titre, a siégé au conseil d’administration de France Télécom, de concéder qu’il n’y a pas véritablement eu d’accord de l’Etat sur ces deux rachats.‘ Les projets d’acquisition de NTL et de MobilCom ont été évoqués directement entre le président de France Télécom et le ministre [Dominique Strauss-Kahn, puis Christian Sautter, NDLR].
Il n’y a pas eu de passage en conseil d’administration ; nous n’étions pas d’accord sur ce point, mais il a bien fallu s’y plier ‘, expliquait-il récemment devant cette même commission d’enquête parlementaire.Abracadabrantesque ! Un président d’entreprise publique qui procède à des acquisitions à coup de milliards d’euros et met son autorité de tutelle et son conseil d’administration devant le fait accompli ! Pour sa défense,
Michel Bon, le président déchu de France Télécom, plaide qu’il avait l’accord du ministre. Pourtant qui, mieux que Michel Bon, aurait dû savoir que, dans l’univers feutré des inspecteurs des Finances qui peuplent Bercy, il est de bon ton
de respecter les règles et les usages de la haute administration dont il est lui même issu ?Et le directeur du Trésor, amer et impuissant, de constater que ‘ NTL et MobilCom se sont révélés des échecs industriels et des désastres financiers. ‘ Au-delà de la légendaire réserve de
la fonction, ce commentaire montre à quel point la situation s’était délitée sans que la ‘ bulle ‘ y soit nécessairement pour quelque chose.Moins sévère sur le rachat d’Orange ?” au sujet duquel ‘ l’information s’est avérée globalement satisfaisante ‘ ?” le directeur du Trésor ne se pose toutefois pas la
question du profil de cet opérateur, essentiellement franco-britannique, acquis pour la bagatelle de quarante milliards d’euros (sans compter une dizaine de milliards de reprise de dettes).Alors que Michel Bon proclamait qu’il voulait faire d’Orange le Coca-Cola du cellulaire, les principaux marchés de l’opérateur, hormis la France et la Grande-Bretagne, sont aujourd’hui la Belgique, la Roumanie, la Slovaquie et…
l’Egypte. Pas d’Orange planétaire en vue, et nulle implantation en Allemagne, en Italie ou en Espagne !* Grand reporter à 01 Réseaux

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Henri Bessières*