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Filtres beauté, internautes vaches, gouvernement aux aguets : le côté obscur du livestreaming en Chine

Un plantage de filtre embellissant, qui a trahi le vrai visage d’une streameuse chinoise, met en lumière le milieu du vlogging en Chine. Entre mensonges numériques, sommes d’argent importantes et un contrôle d’état qui limite les sujets que l’on peut aborder.

C’est l’histoire d’un bug qui révèle tout. Comme le relate la BBC, une vloggeuse chinoise très populaire a été victime du plantage de son système de filtre embellissant. « Son Altesse Qiao Biluo » était une streameuse très suivie qui a vu son secret révélé lors d’une diffusion sur Douyu, le Twitch chinois.
Le 25 juillet dernier, la jeune beauté au visage fin et à la peau pâle s’est révélée être une femme plus âgée, plus bronzée (avoir la peau pâle est une marque de beauté en Chine, ndr) et bien moins svelte que ne le laissaient voir les puissants algorithmes et filtres embellissant qu’elle utilise au quotidien lorsqu’elle parle à ses fans.

Montage de captures : BBC – A gauche, “Son Altesse Qiao Biluo” au naturel, à droite la version diffusée sur les réseaux.

Au-delà de lever le voile sur l’illusion de beauté que véhicule ce genre de pratique, l’incident permet de mettre en lumière la réalité du streaming en Chine, en tant que marché, mais aussi au travers du rapport que les internautes entretiennent avec leurs « stars ».
On y découvre ainsi que les donations lors du « dernier » streaming de « Son Altesse Qiao Biluo » sont montées jusqu’à 40.000 yuans pour un seul donateur (5.212 euros… si, si). Des fans qui se sont sentis « trompés » et qui ont fui en masse son espace VIP. Certains ont même retiré leurs donations, non sans avoir partagé quelques moqueries sur son compte Douyu, les plus faciles à comprendre pour les non sinisant étant les photomontages et autres caricatures.

S’il ne s’agit que d’une simple anecdote dans la vie d’un pays de 1,4 milliard d’habitants, elle pointe l’importance du vlogging/live streaming en Chine. Selon la BBC, il n’y aurait pas moins de 425 millions de personnes qui s’adonneraient à cet exercice au pays de Xi Jingping, soit 30% de la population.
Ce phénomène rendrait le pouvoir central nerveux, dans un pays où toute diffusion télévisée est soigneusement contrôlée en amont. L’impossibilité de critiquer le pouvoir en place, de parler de politique, de commenter l’actualité, d’être considéré comme vulgaire, etc. limite énormément les sujets abordés. Ne laissant plus place qu’à l’apparence, aux chansons et aux rires… contrôlés.

Si vous êtes anglophone, le dossier vidéo de la BBC consacré au streaming en Chine est très éclairant sur la réalité que vivent les fans et les streamers/streameuses dans l’Empire du Milieu.

Source : BBC

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