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Faciles à installer, les SGBDOO sont plus durs à administrer

Internet, les architectures multitiers et les serveurs d’applications ont amené le concept des objets dans le monde client-serveur. Mais la percée des SGBDOO est encore timide.

Apparues au début des années 90, les bases de données orientées objet (SGBDOO) sont plutôt réservées aux applications qui brassent des informations complexes : multimédia, télécommunications, finance. L’expérience d’Alcatel SRD s’inscrit dans ce type de projet. Il y a un an, la branche Systèmes de commutation et routage, à Lannion, a choisi Versant, de l’éditeur du même nom. Ce choix s’inscrivait dans le cadre de la refonte de la fonction de gestion des données téléphoniques et des traitements associés (analyse de la numérotation, par exemple) d’un commutateur téléphonique public. La base (environ 1 Go) doit gérer de l’ordre de 5 000 transactions par seconde. “Les données n’étaient pas très complexes, mais il y avait beaucoup de relations entre elles. Il fallait des accès rapides en lecture “, commente Hervé Le Pierrès, architecte système. Les tests effectués avec les bases de données relationnelles sont sans appel : les SGBDOO sont de vingt à cinquante fois plus performants. “Il y a un mécanisme de cache sur l’application cliente et cela évite la communication entre le serveur et le client “, explique Hervé Le Pierrès. Cela posé, Alcatel a défini ses spécifications, modélisé en UML (méthode objet) et développé l’application avec Rational Rose de Rational Software
D’autres opèrent de manière inverse. Rompu aux développements en langage objet pour les applications boursières, Jean-Marc Delfarguiel, chef de projet informatique à la salle des marchés de la Société générale a préféré ObjectStore d’Object Design pour une plus grande cohérence. Ce service de la banque, qui a coutume d’associer le C++ et les solutions Sybase, souhaitait accélérer ses développements.

Choisir un SGBDOO n’est pas toujours facile

Un site Internet dédié aux warrants (produits financiers spécifiques) conçu avec la SSII Ifatec et développé en Java a servi de test. “Les données n’étaient pas particulièrement complexes et on aurait pu se débrouiller avec une base relationnelle, explique Jean-Marc Delfarguiel. L’objectif était de voir si on était plus productif en passant à l’objet de bout en bout. Sur un projet de trois jours, on perdait habituellement une journée pour le mapping de données [mise en concordance, Ndlr].” L’essai serait concluant puisqu’un second projet est en route. “Nous n’avons pas fait de test de charge et l’application warrants tourne uniquement sur Internet, nous ne savons donc pas comment réagirait la base objets d’Object Design avec beaucoup d’accès concurrents “, modère cependant le chef de projet.
La démarche de la Compagnie générale de géophysique (CGG) est encore différente. Cette entreprise qui compte soixante sites dans le monde a retenu le SGBDOO Jasmine de Computer Associates (CA). La raison de ce choix est qu’elle n’a pas trouvé d’autre solution pour faire le lien entre les applications Java situées sur son intranet et ses bases de données centrales OpenIngres de CA, à Massy. “Il y avait incompatibilité entre les pilotes JDBC de Visual Café, de Symantec, et les pilotes ODBC d’OpenIngres. Les solutions middleware existantes n’étaient pas performantes, ne prenaient pas en compte toutes les fonctions SQL du SGBD et il n’y avait pas d’assistance en France, se souvient Patrick Hanotte, responsable de projet informatique à la CGG. La solution proposée par CA n’était pas la moins chère, mais elle avait le mérite de marcher.”Certes, le choix du SGDBOO n’est pas toujours aussi évident. “Les technologies proposées par les différents éditeurs se tiennent, juge Jean-Marc Delfarguiel, mais Object Design offrait un meilleur support en France.” Hervé Le Pierrès, d’Alcatel SRD, constate, pour sa part, que “Versant avait une offre à tolérance de fautes garantissant une disponibilité totale et sachant gérer plusieurs sessions par processus client. D’où une réduction du nombre de cache en lecture et, par conséquent, de RAM nécessaire en regroupant, dans un même processus, plusieurs traitements rendus indépendants par l’utilisation de sessions différentes “. Certes, Alcatel a pris des précautions lui permettant d’être très indépendant de la base de données, au cas où…
De l’avis de tous, la facilité de mise en service est un gros avantage des bases de données objets par rapport à leurs homologues relationnelles. ” Il y a une relative transparence de la gestion de la persistance des objets. Un développeur d’applications n’a pas à entrer dans la programmation de la base de données objets “, constate Hervé Le Pierrès. “Du coup, il n’y a pas besoin d’avoir une grande expérience des bases de données”, renchérit Jean-Marc Delfar- guiel. Cela tombe bien car, si l’on en croit le chef de projet de la Société générale, trouver de jeunes programmeurs connaissant les produits phares du relationnel serait de plus en plus difficile. “La logique objet leur est naturelle et l’usage d’un SGBDOO les motive.”

Les SGBDOO sont plus adaptés à des applications fermées

Le point faible serait l’administration : un SGBDOO est vendu avec moins d’outillage qu’un SGBDR et il existe peu d’API documentées. “Les moyens de contrôle existent, mais ils sont nettement moins conviviaux que ceux des SGBDR”, reconnaît Jean-Marc Delfarguiel. Paradoxalement, cela a plutôt fait l’affaire d’Alcatel SRD, car Versant était plus facile à intégrer dans l’application embarquée et moins chère. “Nous n’avions pas besoin que le client final puisse administrer la base. Nous avons développé l’application de telle sorte que cela soit automatique “, complète Hervé Le Pierrès. Quid de l’ouverture, autre faiblesse souvent évoquée ? “Les SGBDOO sont plus adaptés à des applications fermées qu’à des applications qui font communiquer les bases entre elles ou qui laissent l’utilisateur accèder directement aux données à l’aide de SQL”, admet Hervé Le Pierrès.

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ÉRONIQUE CHARREYRON