Passer au contenu

Fabien Maisl (Cirpak) : ‘ La téléphonie sur IP n’est plus qu’une affaire de déclic industriel ‘

Toutes les conditions sont réunies pour provoquer l’explosion des services téléphoniques sur IP. C’est l’avis de Fabien Maisl, directeur marketing et partenariats chez Cirpack, constructeur français de commutateurs
téléphoniques.

Electronique International Hebdo : Depuis quelques mois, de grands opérateurs télécoms, notamment aux Etats-Unis (AT&T, Qwest, Verizon, etc.), multiplient les annonces de migration de leurs
infrastructures téléphoniques classiques vers des infrastructures IP. Certains ont même déjà commencé à proposer des services VoIP (Voice over IP). Pour quelles raisons assiste-t-on seulement maintenant à l’explosion de
la téléphonie sur IP ?
Fabien Maisl : Aujourd’hui, la téléphonie sur IP n’est plus entravée, ni par des contraintes techniques, ni par des problèmes de fiabilité, comme cela a pu être le cas dans les années passées.
C’est maintenant plus une affaire de déclic industriel de la part des opérateurs, car les conditions nécessaires à son déploiement à grande échelle sont réunies.D’un point de vue économique, quels sont les avantages de la téléphonie sur IP ?La téléphonie sur IP est désormais perçue comme un moyen de réduire les frais opérationnels de manière astronomique. Entre un réseau traditionnel à commutation de circuits et un réseau dit ” de nouvelle
génération ” (NGN), le gain annuel en coûts d’exploitation est compris entre un et cinq. C’est en effet le softswitch qui joue le rôle central d’une infrastructure NGN, et cet équipement
n’est autre qu’un serveur informatique, doté d’un logiciel de traitement des appels vocaux ad hoc. Il est donc simple de le gérer à distance, de le faire évoluer, de le connecter à des plates-formes de services ouvertes, et sa
maintenance nécessite peu de ressources humaines et de formations. Tout le contraire des commutateurs téléphoniques traditionnels !Qu’en est-il des coûts de déploiement ? Dans le déploiement d’une infrastructure de téléphonie sur IP, il faut bien voir que ce sont les modems IP (du type Freebox) qui coûtent le plus cher à l’opérateur, car il lui faut en installer un exemplaire chez chaque
abonné. Les DSLAM représentent l’autre pôle important de dépenses. Au total, l’infrastructure d’accès peut représenter 80 % du coût de déploiement. Mais ce coût est quasiment le même, que l’opérateur offre ou non du
service de téléphonie.Quels sont les opérateurs les plus moteurs en matière de téléphonie sur IP ? Ce sont les fournisseurs d’accès Internet ou les opérateurs alternatifs, car ils n’ont pas d’historique RTC à gérer. Avec une infrastructure IP native, leurs coûts industriels de production de services sont très
faibles et, la voix sur IP étant peu gourmande en ressources et en équipements, ils peuvent se permettre de fournir des services VoIP à des prix très modérés. Pour les opérateurs historiques, qui détiennent, selon les pays, entre 80 % et
95 % du marché de la téléphonie, il n’y a pas encore péril en la demeure, mais les projets vont bon train.Comment migrer d’un réseau téléphonique classique vers un réseau de nouvelle génération ? Le scénario le plus répandu est le suivant. Dans un premier temps, le trafic de transit entre commutateurs d’abonnés TDM (Time Division Multiplexing ou multiplexage temporel) traditionnels doit être basculé
sur une infrastructure VoIP. Certains opérateurs tels Telecom Italia ont d’ailleurs déjà franchi cette étape et c’est ce que les grands opérateurs américains sont en train de réaliser. Des passerelles VoIP et des
softswitches de Classe 4 (4) sont alors connectés aux commutateurs d’abonnés afin de transférer le trafic vocal sur le backbone VoIP de l’opérateur. Cette étape permet en fait de fusionner les
infrastructures longue distance voix et données sur une même épine dorsale IP.Le problème de la qualité de service sur les réseaux IP d’opérateurs est-il résolu, tout du moins pour les communications téléphoniques ?Le problème de la qualité de service sur les réseaux d’opérateurs est un faux débat. Au niveau des backbones, il y a aujourd’hui pléthore de bande passante. On estime en effet que seulement 25 %
des longueurs d’onde disponibles dans les fibres optiques installées sont actuellement allumées. Par ailleurs, les mécanismes de qualité de service, comme MPLS ou DiffServ, se généralisent dans les routeurs et commutateurs IP des grands
réseaux d’infrastructures.(1) Abréviation utilisée pour le réseau téléphonique commuté traditionnel.


(2) Media Gateway Control Protocol.


(3) Session Initiation Protocol.


(4) Les commutateurs de Classe 4 ne sont en charge que du transit des communications téléphoniques entre les commutateurs d’abonnés. Les commutateurs d’abonnés (Classe 5) sont chargés de gérer les services
téléphoniques (tonalités, transfert d’appels, présentation des numéros, mise en conférence, rappel du dernier appelant, etc.).

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Pierrick Arlot