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Et si on investissait en Bourse ?

Iliad, Opera et Google tentent leur chance en Bourse. Les investisseurs sont tentés eux aussi. Mais, pas plus qu’il y a trois ans, rien ne dit que ces sociétés ne seront pas rattrapées par l’évolution trop rapide des
technologies et des marchés.

C’est l’histoire de développeurs de logiciels, dans un pays étranger, qui ont inventé un programme extraordinaire pour surfer sur le Web. Même que ça s’appelle un navigateur Internet. Des études estiment que le
navigateur en question, vendu une trentaine de dollars, pourrait être acheté par des millions de personnes.Le marché est gigantesque. Et pour le conquérir, l’entreprise va entrer en Bourse. Avez-vous reconnu la société en question ? Netscape ? Non, il s’agit d’Opera, une boîte norvégienne qui va être introduite
à la Bourse d’Oslo au mois de mars.C’est l’histoire d’un fournisseur d’accès à Internet français qui a créé un service en ligne absolument formidable. Rapide, facile d’utilisation. Il a déjà de très nombreux clients. Mais pour développer ses
infrastructures et séduire encore plus de ménagères (des études estiment que le marché est de 10 millions de foyers), il a été introduit en Bourse, afin de lever des fonds. Avez-vous trouvé ? C’est facile : ce n’est
évidemment pas d’Infonie dont je parle, mais de Free et de sa maison mère, Iliad, qui a sauté sur Euronext fin janvier.Encore plus simple : c’est l’histoire d’un moteur de recherche très puissant, avec des algorithmes hyper évolués qui permettent de trouver n’importe quoi sur le Web, en saisissant quelques mots. Le
problème de la société est que ses investisseurs aimeraient bien récupérer leur argent ; comme tout le monde utilise ledit moteur de recherche, ils estiment que la période n’est pas trop mauvaise pour essayer de ponctionner un peu
d’argent sur les marchés financiers. Vous avez reconnu Altavista ? Perdu, il s’agit de Google, qui tenterait sa chance au milieu de l’année. Netscape – Infonie ?” Altavista, c’était il y a trois ans. Opera
 ?” Free ?” Google, c’est aujourd’hui et demain.On aura beau dire, mais le symbole est amusant et pourrait presque donner raison à ceux qui prétendent que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Pour les journalistes, c’est ?” comme vous
l’avez vu ?” bien pratique. Il suffit presque de reprendre un article écrit il y a quelques années, de changer une date, un nom et un pays pour obtenir une nouvelle synthèse de la situation.Espérons que cela ne sera pas le cas, puisque de Netscape, d’Infonie et d’Altavista, il ne reste plus grand-chose aujourd’hui et que les particuliers qui en possédaient des titres ont été lessivés.Evidemment, les trois nouveaux prétendants ont un argument de poids. ‘ Nous c’est pas pareil, parce qu’on gagne de l’argent. ‘ C’est la formule magique, celle qui devrait faire
craquer tous ceux qui ont envie de se risquer en Bourse.Ces sociétés gagnent de l’argent et le crient sur tous les toits. On aimerait leur rappeler que c’est un peu la moindre des choses. Mais, surtout, on aimerait leur demander si elles continueront d’en gagner dans
trois ans, si leur activité va rester stable, si leurs marchés sont suffisamment pérennes, si elles ne vont pas investir tout l’argent qu’elles vont lever dans des usines à gaz non rentables et trop vite dépassées.On aimerait aussi leur rappeler une évidence : les technologies évoluent vite. Beaucoup trop vite pour la Bourse. Et le cycle technologique n’a rien à voir avec un cycle normal d’investissement patrimonial. Les
day traders, qui échangent leurs actions en vingt-quatre heures, et les investisseurs institutionnels (les ‘ zinzins ‘) vont sûrement en tirer de beaux bénéfices. Les particuliers, permettez-moi d’en
douter…* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur individuelProchaine chronique, le jeudi 26 février.

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Alain Steinmann*