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Eric Benhamou abandonne les rênes de 3Com

Une page de l’histoire de 3Com est tournée. Figure emblématique du monde des réseaux depuis une dizaine d’années, Eric Benhamou, Français d’origine, quitte son poste de PDG de 3Com, poste où lui succédera Bruce Claflin. Cependant, il restera président du conseil d’administration.

L’opération a donc l’air de se faire dans la douceur. Eric Benhamou s’en ira le 1er
janvier après dix ans à la tête de la société américaine 3Com. Il justifie cette décision en évoquant l’usure du pouvoir et la nécessité d’injecter du sang neuf dans l’encadrement.Eric Benhamou sera remplacé par Bruce Claflin, plus âgé que lui, mais arrivé plus récemment dans la société. Après vingt-deux ans passés chez IBM, Bruce Claflin a rejoint 3Com il y a deux ans. Il a cependant supervisé la réorganisation annoncée en mars dernier.Derrière les arguments officiels très feutrés de ce changement de direction se cache une réalité beaucoup mois rose : 3Com va mal. La société accuse des pertes au premier trimestre de son exercice 2001 (après de mauvais trimestres sur l’exercice 2000).Alors que 3Com prévoit des licenciements, l’entreprise voit sa capitalisation boursière fondre comme neige au soleil et son chiffre d’affaires quasiment divisé par deux du fait de la revente d’activités comme celles des organiseurs Palm et des modems US Robotics. De l’achat faramineux (7 milliards de dollars) en 1997 d’US Robotics, il ne reste plus que la ligne de produits Total Control, des serveurs d’accès pour opérateurs et ISP.Bref, chez 3Com, il y a le feu sur tous les fronts. L’évolution du marché apparaît en effet comme un démenti cinglant à la stratégie prônée il y a deux ou trois ans par Eric Benhamou. Ce dernier affirmait alors que, en informatique, ceux qui partaient de la périphérie à la conquête du centre l’emporteraient sur ceux qui partaient du centre pour gagner la périphérie.Autrement dit, la stratégie de 3Com qui consistait à évoluer de son marché traditionnel (les cartes Ethernet pour PC, les hubs et les petits routeurs empilables pour réseau local) vers celui des gros routeurs (corebuilders) était la bonne. Tandis que celle de son concurrent Cisco, qui s’attaquait au marché des petits équipements de proximité, était la mauvaise.Et de citer l’exemple de Compaq (fabricant de micros) rachetant Digital (fabricant de serveurs) et non l’inverse. Ou encore celui de Microsoft parti du poste de travail pour s’attaquer avec succès aux serveurs.Analyse pertinente, s’il en fut : Cisco se porte comme un charme, tandis que 3Com agonise quasiment, abandonnant toute ambition dans le coeur de réseau et se recentrant sur ses marchés plus traditionnels (grand public, PME-PMI) avec des espoirs chez les opérateurs dans l’accès.3Com a voulu se lancer sur trop de marchés (organiseurs, modems, gros équipements de c?”ur de réseau, sans fil…) sans avoir les reins assez solides. La construction craque de toutes parts aujourd’hui. Un bilan plutôt mitigé comme les actionnaires américains ne les aiment pas. Voilà pourquoi ils invitent gentiment le capitaine à prendre une ” retraite bien méritée “. Eric Benhamou pourra même rester à bord, à condition quil ne touche à rien.

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Jean-Pierre Soulès