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Eric Archambeau (Benchmark Capital): “Les start-up européennes n’ont plus besoin d’aller dans la Silicon Valley”

En cinq ans, Benchmark Capital s’est imposé comme l’un des plus importants capital-riqueurs californiens avec 250 millions de dollars investis dans l’Internet. Il débarque aujourd’hui en Europe avec un fonds de 500 millions de dollars.

Après plus de dix ans passés dans la Silicon Valley, le Français Eric Archambeau sera chargé, à partir de son bureau de Londres, du déploiement de Benchmarck Capital sur le Vieux Continent.
01 Net. : Beaucoup de fonds de capital-risque américains se ruent désormais en Europe. En quoi Benchmark Capital se distingue-t-il de ses compatriotes ?

Eric Archambeau : Aux Etats-Unis, Benchmark a créé une véritable rupture dans la pratique du capital-risque. Non seulement il est aujourd’hui le fonds le plus efficace en termes de retour sur investissement, mais il a également développé une nouvelle tendance, qui consiste à aider les entreprises tout au long de leur vie. En anglais, on appelle ce concept ” company building “; autrement dit, nous sommes des constructeurs d’entreprises. Actuellement, beaucoup de fonds américains sont restés bloqués sur le modèle du capital-risque traditionnel, et ils perdent donc de leur influence. Tous les capital-risqueurs affirment, comme Benchmark Capital, accompagner les start-up dans leur croissance…La grande différence est que Benchmark est né pendant la vague Internet. Dès le départ, il a mis en place une structure fondée sur un vaste réseau de connaissances et de compétences favorisant l’incubation et l’aide active aux entreprises. Il y a environ 17 000 millionnaires en dollars dans la Silicon Valley. Beaucoup d’entre eux n’ont plus besoin de travailler et nous les fédérons dans une sorte de club où ils peuvent à la fois investir et rentabiliser leurs compétences au sein de projets novateurs de start-up.
Le fonds européen de Benchmark travaillera, par exemple, en étroite collaboration avec Pierre Omydiar, le fondateur d’e-Bay, qui vit à Paris, ou encore avec Marc Andreesen, qui vient de fonder Loudcloud. Ce n’est plus la simple relation entre la société et son investisseur qui compte, c’est un problème de chimie entre la start-up et le réseau qui lui apporte de multiples ressources.Pensez-vous que l’Europe ait besoin d’apprendre de nouvelles formes de capital-risque ? Si l’Europe est encore en retard en matière d’utilisation d’Internet, le comportement de ses créateurs ne l’est plus. L’esprit d’entreprise commence à se développer. Comme aux Etats-Unis, les meilleurs élèves des grandes écoles ne cherchent plus à faire carrière dans une multinationale ou dans une société de conseil, ils cherchent des capitaux pour créer des sociétés. Les grandes sociétés européennes commencent elles aussi à opérer des spin off et leurs cadres supérieurs n’hésitent plus à s’engager dans ces start-up. Du côté du capital-risque, les fonds européens disposent désormais de beaucoup d’argent et de beaucoup d’idées, mais ils sont encore très passifs. Il y a très peu de constructeurs d’entreprises et la pratique du early stage, qui consiste à accompagner la start-up dès sa création, est quasi inexistante.
Notre objectif est donc de créer un fonds qui conserve la culture et la pratique déployées par Benchmark aux Etats-Unis. Nous serons un levier en Europe de tous ses contacts et ressources. Avec le type de capital-risque que nous allons pratiquer à Londres, je pense que les entrepreneurs européens n’auront plus de raisons de s’installer aux Etats-Unis.Pourquoi vous êtes-vous installés à Londres ? Pour deux raisons. La première est que la Grande-Bretagne est plus en avance que le reste de l’Europe en matière d’Internet. La seconde est que la fiscalité britannique est beaucoup moins lourde et moins compliquée que dans d’autres pays. Mais cela ne veut pas dire que nous n’investirons pas dans des start-up françaises, allemandes ou italiennes. Le fonds n’est pas encore levé complètement, mais nous refusons déjà des investisseurs tellement l’intérêt suscité est grand. Il est déjà opérationnel et nous avons déjà quantité de projets.Quels secteurs allez-vous favoriser en Europe ? Nous n’avons pas de domaine privilégié. Une fois encore, c’est un problème de chimie, et on ne décide pas, par exemple, de s’orienter vers le sans-fil ou les réseaux optiques à l’issue d’une étude faite par quelques brillants diplômés fraîchement sortis d’une grande école.
On y va parce qu’on a rencontré des entrepreneurs et des projets qui nous conviennent et à qui on convient. Cela nous permet d’entrer très tôt dans les tendances d’avenir et de les accompagner. On est prêt, et notre réseau peut entrer rapidement en action. Benchmark Capital est équipé pour faire sortir et vivre nimporte quel projet novateur, aussi ambitieux soit-il.

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Propos recueillis par Alain Baritault, à Palo Alto