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« En cinq ans, Firefox a montré qu’une alternative à IE était possible »

Le 9 novembre 2004, Firefox 1.0 voyait le jour. Cinq ans après, le navigateur Web de la Fondation Mozilla a conquis 32 % de part de marché. Retour sur cette épopée avec Tristan Nitot, cofondateur et président de Mozilla Europe.

01net. : Comment avez-vous vécu la fin de Netscape et le début du projet Mozilla ?
Tristan Nitot :
Avec le recul ce fut positif, même si, sur le moment, perdre son emploi n’est jamais une bonne nouvelle. C’était en juillet 2003 et j’occupais alors le poste de responsable des relations avec les développeurs pour l’Europe chez Netscape [détenu par AOL, NDLR]. Depuis 1998 nous étions une poignée à travailler sur le projet Mozilla, qui visait initialement à créer une communauté de développeurs pour réaliser du code dont profiterait le navigateur d’AOL.
Mais AOL portait de moins en moins d’intérêt à ce projet. Finalement, le fait qu’il l’abandonne nous a permis de nous libérer. En juillet 2003, tous les employés d’AOL Netscape ont été remerciés ou se sont vu attribuer de nouvelles fonctions. En ce qui me concerne, ce fut un licenciement.

Que s’est-il alors passé ?
Le jour même de l’annonce, Mozilla Foundation fut créée. Avec mon collègue Peter Van der Beken, nous avons décidé quelques semaines plus tard de créer l’association de loi 1901 Mozilla Europe, pendant européen de la Fondation Mozilla. Cette dernière a reçu 2 millions de dollars d’AOL et le droit de garder la marque Mozilla. Cela a permis au projet de survivre, même si Peter et moi restions bénévoles.

Comment est née la première version de Firefox ?
Il existait dans les cartons un projet de navigateur simple et léger dont le nom de code était Phoenix. Il a évolué ensuite pour devenir Firebird puis Firefox. Le 9 novembre 2004, nous lancions la première version du logiciel. Je me disais à l’époque : on publie Firefox 1.0 et je me trouve un vrai travail rémunéré.

Cinq ans après, vous êtes toujours chez Mozilla…
Lors du lancement de Firefox 1.0, j’ai participé à un tchat sur 01net. A cette occasion j’ai notamment expliqué mon statut de bénévole. Plusieurs entreprises m’ont aussitôt proposé des postes, mais je rêvais de rester chez Mozilla. Entre la sortie de Firefox 1.0 et cette « embauche » chez Mozilla, six mois se sont écoulés : les six mois les plus longs de ma vie ! Aujourd’hui je suis très fier de Mozilla Europe. D’abord parce que notre association a activement participé au succès du navigateur en Europe, qui représente 45 % des utilisateurs de Firefox dans le monde. Ensuite parce qu’elle a la charge de « localiser » Firefox en 75 langues.

Au cours des cinq années qui suivirent, quelle aura été votre plus grande fierté concernant Firefox ?
Ma plus grande fierté est la barre d’adresse intelligente de Firefox 3 ou « Awesome Bar ». Elle permet de retrouver l’URL d’un site, même si l’on ne s’en souvient que partiellement. Vous saisissez un terme, et la barre affiche une liste déroulante de sites pouvant correspondre. Elle se fonde sur votre historique de navigation et les sites que vous avez marqués. Cette barre est donc de plus en plus performante à mesure que vous l’utilisez. C’est une fonction extraordinaire.

Et votre plus grande déception ?
Ma plus grande déception reste sans doute le fait que la plupart des utilisateurs de Firefox ne réalisent pas que c’est un logiciel libre produit par une communauté de bénévoles et une fondation à but non lucratif. Pour beaucoup, il s’agit juste d’un produit concurrent d’Internet Explorer (IE), en plus sympa, plus sécurisé, plus extensible. C’est beaucoup plus.

L’objectif initial du projet Mozilla était de développer la concurrence sur le marché du navigateur. Pensez-vous avoir atteint cet objectif ?
Oui nous l’avons atteint. Avec 32 % de part de marché en Europe, Firefox est un réel concurrent d’IE. Nous voulions aussi promouvoir le choix et l’innovation. Là aussi, j’estime que nous avons réussi. Microsoft a été obligé d’innover. IE 8 est plus innovant qu’IE 6, même si, bien entendu, je pense que Firefox reste plus avancé. Mais nos objectifs évoluent. Désormais, nous considérons qu’Internet est un bien commun et qu’il faut s’assurer qu’il reste libre et participatif. Firefox est, à notre sens, un des leviers pour y parvenir, car il force notamment à respecter des standards ouverts.

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Par : Opera

Propos recueillis par Christophe Guillemin