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En cadence, Intel fait machine arrière

Pour les processeurs, calculer vite ne suffit plus. Concurrencé, Intel insiste sur la performance.

Mini révolution ou correction de discours ? Après avoir prôné pendant des années la vitesse de ses processeurs ?” la fréquence d’horloge ?” supérieure à celle de ses concurrents, AMD en tête, le fondeur Intel modifie sensiblement sa stratégie de communication. Lors du dernier Intel Developer Forum, du 9 au 12 septembre à San Jose (Californie), les propos, pour le moins sibyllins, de Paul Otellini, Chief Operating Officer, ne sont pas passés inaperçus. “Nous avons toujours dit que le gigahertz est un critère d’importance, mais ce n’est pas le seul. D’un autre côté, le gigahertz est un critère primordial de la performance.” On ne saurait faire plus confus.

Performant et moins rapide

Et pour cause. Cette introduction au premier jour du forum précédait la présentation du prochain processeur pour ordinateurs portables d’Intel, le Banias. Un dernier né qui a la particularité, selon Intel, d’être aussi performant qu’un Pentium IV mobile à 2 GHz… en étant cadencé à seulement 1,6 GHz. Comment alors faire avaler la pilule à des clients à qui Intel a asséné le mythe de la fréquence d’horloge depuis une décennie ? Tout devient affaire de communication.Paul Otellini met en avant la faible consommation du processeur, un argument emprunté au dernier entrant dans le marché, Transmeta, et l’intégration de technologies wireless (802.11 et Bluetooth). Prévus au second trimestre 2003, les premiers modèles de Banias devraient lever le voile sur les qualités de ce processeur. Reste à savoir à quel indice se fier pour juger des performances du Banias. Car si le concurrent AMD n’a plus recours à l’étalon de la fréquence depuis longtemps, Paul Otellini a écarté l’idée de juger le Banias à l’aune du P-Rating, l’indice d’AMD.Intel aura beau avoir fait la démonstration d’un Pentium IV cadencé à près de 4,7 GHz (qui n’aura résisté que quelques secondes), la tendance est à l’optimisation des performances plus qu’à la course à la vitesse. Ainsi en est-il de l’hyper-threading. Présentée à l’automne 2001, cette technologie accroît sensiblement la capacité de calcul du processeur. Les premiers Pentium à 3 GHz devraient en être équipés dès la fin de cette année.Intel annonce des gains de performances d’au minimum 25 % pour les ordinateurs de bureau, et jusqu’à 80 % sur les serveurs. C’est le traitement des tâches de fond qui bénéficierait le plus de l’hyper-threading. Et Paul Otellini de prendre pour exemple la suite Office du géant Microsoft et les nombreux programmes exécutés en tâche de fond (correction orthographique, grammaticale, etc.) : autant dire que le couple Wintel (Windows/Intel) n’est pas donc pas encore mort.De fait, deux processeurs à différence de cadence minime ?” un modèle actuel à 2,8 GHz et un futur 3 GHz doté de l’hyper-threading?” pourraient afficher des écarts de performances de près de 20 %. Gageons quAMD profite de ce nouveau rapport de force : quand Intel fait beaucoup mieux, sans aller beaucoup plus vite, AMD fait, depuis des années, déjà beaucoup mieux, en allant moins vite…

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Christophe Dupont