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Emulation: hommage ou piratage?

En déboutant Sony dans sa plainte contre la société Connectix, éditeur de l’émulateur PlayStation pour PC et Macintosh, la Cour suprême des Etats-Unis a créé une jurisprudence.

Les juges de la Cour suprême ont, ce faisant, entériné les deux premières décisions déjà rendues en ce sens par la justice américaine. Ils ont définitivement estimé que la méthode de reverse engineering utilisée par Connectix n’était pas abusive. Qu’elle ne constituait pas une atteinte aux droits moraux et de propriété de Sony, dans la mesure où la loi permet, sous certaines conditions, de copier un logiciel pour en comprendre le fonctionnement.Cette décision est une grande première ?” d’ailleurs, le procès intenté par Sony était lui-même une première. Depuis des années, tous les ordinateurs, toutes les consoles de jeu sont émulées sur des micros plus puissants. C’est presque une tradition, pour ne pas dire une nécessité. Et, à ma connaissance, aucun constructeur n’avait encore jamais porté plainte contre un émulateur, qu’il soit gratuit (la majorité le sont) ou vendu dans le commerce… Mieux : Amstrad, par exemple, a même autorisé l’utilisation de la ROM réelle du CPC, son ordinateur phare de la fin des années 80, par tous les émulateurs passés, présents et à venir !Sony a pour sa part préféré réagir autrement. Le géant japonais voit sans doute dans l’émulation un encouragement au piratage des jeux : plus besoin d’acheter une PlayStation ou des jeux, il suffit de copier un jeu pour en profiter sur son PC. L’argument n’est pas faux (qui, en effet, achèterait des jeux PlayStation originaux pour les faire tourner sur un PC ?), mais il est largement surévalué de la part de Sony.A mon sens, celui qui achète un émulateur n’a de toute façon pas l’intention d’acheter une PlayStation : soit il en possède déjà une, et l’émulateur lui fait office de machine d’essai, soit c’est un joueur occasionnel, qui n’entend tout simplement pas se fendre de 1 000 francs pour profiter de deux ou trois jeux, tout ou plus. Bref, l’impact sur les ventes me paraît réellement minime, pour ne pas dire négligeable.Personnellement, si j’étais Monsieur Sony, je ferais contre mauvaise fortune bon c?”ur. Je prendrais tout cela avec philosophie, comme un hommage à la console de salon qui a connu le plus gros succès de l’histoire du jeu vidéo, celle qui s’est vendue à plus de 10 millions d’exemplaires dans le monde. Et qui est aujourdhui en fin de carrière. Et je me concentrerais sur le lancement de la PlayStation 2, dont la sortie approche à grands pas.Prochaine chronique le mardi 21 novembre

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Stéphane Schreiber