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EbaySouk mythique de l’ère internet

Les bonnes affaires des clients font le profit d’Ebay. La start-up de 1995, désormais bric-à-brac planétaire, voit défiler chaque mois des milliards d’objets, à la disposition du plus offrant.

Webvan, l’épicerie en ligne a disparu du paysage. Pets.com, l’ami virtuel des animaux, n’est plus de ce monde. Le moteur de recherche Yahoo, trahi par la publicité, a dû changer de PDG. Et les dirigeants d’America On Line Time Warner voient leur titre plonger en Bourse, en même temps que les inquiétudes sur la santé d’AOL grimpent. Pendant ce temps, Ebay, géant des enchères en ligne, poursuit sa course triomphante. Cet été, la société a produit un chiffre d’affaires, pour son second trimestre, en hausse de 47 %, et ses bénéfices de 54 millions de dollars (54,8 millions d’euros) ont explosé de 121 %. Quand les actions des.com survivantes surnagent aux alentours d’un dollar, le titre Ebay, vedette du Nasdaq, plane au-dessus de 50 dollars. Et sa capitalisation boursière de 15,7 milliards de dollars dépasse toujours quelques vieux piliers du capitalisme américain, tels les grands magasins Sears. Les observateurs du marché américain apprécient.Meg Whitman, la blonde patronne de Ebay Inc., a été propulsée cette année 6e au hit parade de la “nouvelle classe” des PDG, établi par le très chic magazine Vanity Fair. Elle devance de quelques places le puissant Barry Diller, patron de USA Interactive, et David Geffen, l’un des fondateurs des studios Dreamworks à Hollywood. C’est dire la cote de madame la PDG. Et Pierre Omidyar, 35 ans, le créateur d’Ebay, toujours chairman du groupe, engrange richesses et félicitations du jury. Son portefeuille d’actions lui a permis d’entrer dans le club des milliardaires du magazine Forbes. Rien que pour cette année, Forbes lui attribue 4,4 milliards de dollars.Les raisons d’un tel succès ? Au départ, bien sûr, il y a une très bonne idée. La légende, racontée dans le livre The Perfect Store (Le Magasin parfait) commence par un mauvais achat d’actions. Pierre Omidyar avait commandé un titre d’une société vidéo. Mais lorsqu’il a vérifié ses comptes, il a compris que son agent de change avait acheté l’action trop tard, 50 % plus cher qu’il ne le pensait. Fâché, le jeune programmeur se prend à rêver d’un meilleur marché, traitant mieux les clients ordinaires… et ne leur faisant pas payer au prix fort leurs achats.C’est ainsi que Pierre Omidyar a imaginé ses enchères en ligne. Et mis sur orbite Ebay à l’automne 1995. Trois ans plus tard, en 1998, lorsque la société s’introduit en Bourse, 1 million de clients-membres sont enregistrés chez Ebay. Et 70 000 nouveaux articles s’échangent tous les jours sur le vaste souk virtuel. Cette année, la communauté des membres frôle les 50 millions. Et, en un seul mois, plus de 1 100 millions d’articles sont proposés à la vente sur Ebay.

Joujoux, bijoux, voitures, terrains

L’engouement pour l’as des enchères ne se dément pas. Et l’affaire se révèle de plus en plus rentable. Car contrairement à de nombreuses start-up si prometteuses, disparues depuis du paysage, Ebay ne surfe pas sur la gratuité d’internet. Les vendeurs paient pour mettre sur orbite leurs produits. Et, les affaires proposées trouvant souvent preneur, les enchères d’Ebay se révèlent fort “actives”, juge Mark Rowen, l’analyste de la société de Bourse Prudential et “ils y reviennent “. Ebay, ça marche.Du coup, le champ d’action de la société ne cesse de s’étendre. Les poupées Barbie, les vieux jouets Disney et les curiosités de collectionneurs des débuts cèdent du terrain face aux ordinateurs, livres, appareils électroniques, vêtements, bijoux… Ces derniers temps, souligne Mark Rowen, Ebay est devenu un énorme marché des voitures d’occasion, “peut être le plus important au monde “. L’immobilier n’est pas en reste : une parcelle de terre s’échange toutes les 45 minutes sur le site… Et pas n’importe laquelle. Les lieux historiques, telles la propriété d’enfance du président George Bush ou encore la maison du jeune Kurt Cobain ont été mises aux enchères sur Ebay.Le succès appelle le succès, poursuit Jeffrey Fieler, de la société de Bourse Bear Stearns. “Vendeurs et acheteurs sont attirés par le marché le plus grand et le plus liquide.” Les éventuels concurrents ont la partie difficile. Les nouveaux n’ont plus accès aux capitaux nécessaires. Et ceux qui peuvent relever le défi peinent à simposer. La seule exception notable, reconnaît Jeffrey Fieler, a été le Japon où Yahoo a occupé le terrain en premier. Pour le reste, Ebay domine : 31 % des achats en ligne du monde entier sont conclus sur ses sites.* à New York

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Caroline Talbot*