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Dragonfly : Google abandonne son projet de moteur de recherche chinois censuré

L’équipe en charge du développement de Dragonfly a été affectée à de nouveaux projets. Ses travaux s’appuyaient sur les données collectées depuis le site chinois 265.com, le seul appartenant à Google et autorisé dans le pays.

Un coup d’arrêt pour Dragonfly. Le projet de moteur de recherche chinois de Google a été « effectivement arrêté », a révélé ce 17 décembre le site américain The Intercept. Plus précisément, c’est l’infrastructure d’analyse de données utilisée pour créer ce moteur qui a été abandonnée face à la levée de boucliers de plusieurs centaines d’employés de Google.

Pour concevoir Dragonfly, Google se basait en effet sur 265.com, un site basé à Pékin, qu’il a racheté en 2008 à un entrepreneur chinois milliardaire, Cai Wensheng. Ce portail web propose à ses utilisateurs de l’actualité, des informations financières, des horoscopes et des promotions pour des hôtels et des vols aériens. Mais c’est surtout son champ de recherche qui intéressait Google. Il permet en effet de trouver des sites, des images ou des vidéos en se basant sur les technologies de Baidu, le moteur de recherche le plus populaire de Chine et donc potentiellement le plus grand concurrent de Google dans le pays.

Connaître les habitudes de recherche des Chinois

Ce système permettait à Google de transformer ce site en appât pour collecter des données sur les habitudes de recherche des utilisateurs chinois. Au moins un des ingénieurs en charge du développement de Dragonfly avait accès à l’API de 265.com et l’utilisait pour récupérer ses données. Ce procédé avait été caché à l’équipe de Google en charge des questions de vie privée puisqu’il va à l’encontre des règles de l’entreprise en la matière.

Ces recherches, effectuées en mandarin, ont effectivement permis à l’équipe Dragonfly de concevoir un prototype du moteur de recherche de Google adapté à la législation chinoise. Elle a pour cela comparé les résultats proposés actuellement aux internautes chinois soumis à la censure du « Great Firewall » à ceux normalement remontés par la version habituelle de Google. En analysant les différences, les ingénieurs ont pu ainsi identifier quels résultats éliminer pour se conformer aux limitations chinoises. Les sites de médias étrangers ou encore Wikipédia en faisaient évidemment partie.

Un projet toujours démenti par la direction de Google

Depuis cette décision, l’équipe en charge de Dragonfly a été redéployée sur d’autres travaux. Une partie étudie maintenant non plus les recherches effectuées depuis le territoire chinois, mais celles faites en chinois depuis d’autres pays, comme les Etats-Unis ou la Malaisie. La précision des résultats étant très différente et donc moins pertinente, ils ne peuvent plus être utilisés pour concevoir ce moteur de recherche censuré. D’autres groupes d’ingénieurs de l’équipe originale ont quant à eux été affectés à des projets concernant l’Inde, l’Indonésie, la Russie, le Moyen-Orient et le Brésil.

Installé dans un bureau situé au troisième étage d’un immeuble pékinois, 265.com demeure le seul site appartenant à Google à être autorisé en Chine. YouTube ou Google.com sont toujours interdits et inaccessibles dans le pays. La semaine dernière, Sundar Pichai, le PDG de l’entreprise, expliquait devant le Congrès américain qu’il n’avait actuellement aucun projet de lancement d’un tel moteur de recherche en Chine. Jusqu’à présent, les informations en provenance des employés de Google évoquaient une date située entre janvier et avril 2019. Avant que le projet ne tourne court.

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Jean-Sébastien Zanchi