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Digital Agenda, l’Europe fait le point sur son avenir numérique

La Commission européenne publie son point annuel dans le cadre de sa stratégie de développement numérique qui arrivera à terme en 2020. Bilan encourageant mais qui nécessite encore de gros efforts.

Dans le cadre de son Digital Agenda, comprenez sa stratégie numérique pour l’Europe, lancé en 2010 « pour sortir de la crise et préparer l’économie de l’Union européenne aux défis de la décennie à venir », la Commission européenne vient de publier son point annuel.

En ressortent des évolutions nettes mais également des sujets de préoccupations encore lourds. D’autant que dans un contexte économique houleux, le pilier numérique de la stratégie Europe 2020 (PDF), qui en compte sept, semble prendre une grande importance. Dans une optique de montée en puissance du numérique, un des maîtres mots est évidemment « le haut-débit pour tous », comme le répète à l’envi Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission.

Europe connectée

Justement, l’instance européenne se félicite que 95 % de la population européenne accède à une connexion haut débit fixe. Un taux de pénétration très conséquent qui a abouti à la connexion au Net, pour la première fois, de 15 millions d’Européens en 2011, avec 68 % des habitants de l’Union qui se connectent régulièrement et 170 millions qui utilisent des réseaux sociaux.

Si « pour la première fois une majorité d’Européens économiquement désavantagés ont utilisé Internet », il n’en reste pas moins que un Européen sur quatre n’a toujours pas eu recours au Net, précise le rapport.

Et le point annuel de mettre en avant le potentiel que représente le numérique. Dans les pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande, lourdement touchés par la crise, le développement du eGouvernement a « aidé à maintenir la qualité des services publics ». A défaut d’avoir pu maintenir les emplois et les salaires des fonctionnaires.

Des aspects préoccupants

Et la réemployabilité des Européens dans un univers numérique est justement un des points noirs que met en lumière le rapport de cette année. La moitié des salariés européens « n’ont pas de connaissances suffisantes dans les TIC ». Si 43 % de la population européenne a un niveau bon ou moyen dans ce domaine, presque la moitié n’ont pas confiance dans leur propre niveau en la matière, 25 % n’ayant même aucune formation.

Des chiffres qui sont inquiétants et aboutissent à une situation de déséquilibre lourd. Ainsi, en 2015, près de 700 000 postes dans les TIC ne seront pas pourvus, faute de main d’œuvre qualifiée. L’Europe, via ses opérateurs privés et publics, a investi dans le développement des infrastructures mais pas forcément dans l’humain, dans la formation des utilisateurs et, dans une certaine mesure, des professionnels.

Une méconnaissance des TIC qu’on retrouve au niveau des usages quotidiens. Ainsi, 58 % des internautes européens achètent en ligne, mais seulement un sur dix a acheté sur un site basé dans un autre pays de l’Europe. La barrière de la langue pèse lourd dans ce résultat et certaines limitations de droits d’auteur également. Si les particuliers ont donc encore des réticences à franchir certaines étapes en ligne, les PME européennes sont dans une situation encore plus inquiétante. Selon le rapport, une vaste majorité d’entre elles n’achètent pas ou, même, ne vendent pas en ligne. Ce qui représentent un manque à gagner et une limitation des exports que le rapport ne chiffre pas mais qu’on peut imaginer élevé.

L’Union européenne travaille à la mise en place d’un plan d’action eCommerce afin de faciliter le déploiement de structures qui se développeront au cœur de l’Europe et plus seulement sur les marchés nationaux…

L’e-commerce européen a donc de la peine à décoller et l’investissement en R&D dans ce secteur est d’en chute libre, selon le Digital Agenda. Et même la R&D publique, bien que relativement protégée des plans d’austérité, n’est pas suffisante. Le rapport indique qu’il faudrait que « l’investissement public double d’ici à 2020… » Vœu pieu ou possibilité envisageable dans un contexte économique et financier ébranlé ? Difficile à dire. La Commission européenne annonce en tout cas avoir proposé la mise en place d’un fond d’investissement de 80 milliards d’euros à « l’horizon 2020 » pour financer le développement des TIC.

Un champion numérique

En tout cas, une des solutions privilégiées reste de miser sur le « tous au haut débit ». La consultation publique ouverte à la fin du mois d’avril 2012 sur les moyens pour réduire les coûts de déploiement du haut début est d’ailleurs toujours d’actualité. Jusqu’au 20 juillet prochain, mais en anglais seulement.

La Commission cherche également à réguler différemment le coût du roaming pour les utilisateurs de mobiles. La régulation se fera encore par des prix imposés et limités et l’entrée de nouveaux compétiteurs. Des moyens classiques, auxquels on pourrait préférer l’investissement dans la 4G, qui accélérerait le changement de paradigme en facturation à la minute et modèle économique basé sur de la data.

Enfin, aveu d’impuissance ou espoir fou, la Commission européenne appelle les pays à désigner un « champion du numérique ». Une personne emblématique qui porte les couleurs du numérique et la bonne parole, un évangéliste du clavier-souris, un zélateur du tout-connecté, un paladin de l’identité numérique nationale… Un M. ou une Mme Numérique ? Bizarre et infantilisant ? Peut-être pas, puisque nos politiques semblent un peu délaisser le sujet. Et puis, nous avons bien déjà une mamie du Cantal

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Pierre Fontaine