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Didier Lambert (Essilor) : ‘ Les services web sont une lame de fond aux aboutissants imprévisibles ‘

Didier Lambert a décidé de mettre le système d’information du fabricant de verres ophtalmiques au goût des services web, sans se faire d’illusion sur la maturité de ces technologies.

01 Informatique : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans les services web ?Didier Lambert : Cela fait trente ans que j’exerce ce métier, et je suis toujours resté à l’affût des évolutions techniques. Qui plus est, j’avais déjà assisté à la bagarre entre SNA (NDLR ­ Systems Network
Architecture, le modèle d’organisation du réseau proposé par IBM)
et TCP/IP, et j’avais eu la conviction qu’IP finirait par gagner, en raison de sa philosophie réticulaire et non centralisée. Il m’avait semblé probable que cette
philosophie allait s’étendre également au domaine applicatif. Lorsqu’il a été question de refaire les anciens modules EDI sur X.25, du fait de l’abandon de ce dernier, particulièrement en Espagne, les services web se sont naturellement
imposés.Pourquoi ne pas avoir utilisé les services web proposés par de grands éditeurs de progiciels ?Il n’existe pas de progiciels sur notre secteur, car ce dernier est petit, très spécifique et dominé par très peu d’acteurs. Essilor, par exemple, y détient une part de marché de 30 %. Nous disposons donc, en plus d’Oracle
Applications, d’un progiciel métier développé en interne. Et c’est lui qui est concerné par cette transition, car il n’est pas question de jeter Oracle à la poubelle. Et encore, pour l’instant, seules quelques briques fonctionnelles sont dans notre
ligne de mire, et ce uniquement en Espagne.Le choix des technologies Microsoft peut surprendre pour une grande entreprise comme Essilor. Qu’est-ce qui vous a fait pencher pour.Net ?Je n’ai pas d’a priori contre Microsoft. Nous entretenons de bonnes relations avec cette société, et pouvons ainsi tester très vite leurs produits en version bêta, même si aucun contrat ne nous lie. Ce n’est toutefois qu’au bout de
six mois de tests des deux univers J2EE et.Net que nous avons penché pour ce dernier. Et ce, avec pas moins de 158 critères de choix : cela ne s’est pas conclu sur la qualité des restaurants proposés par l’éditeur ! Je comprends que ce
choix puisse encore étonner. Il y a deux ans, il aurait été impensable d’appuyer son informatique d’entreprise sur Microsoft. Mais s’il y a un phénomène important dans le marché actuel de l’informatique, c’est bien la mue professionnelle de cet
éditeur.Le manque de maturité, voire l’absence de standards, dans les services web ne vous gêne-t-il pas ?Il est tout à fait clair que, de ce point de vue, cela risque de cafouiller encore pendant un certain temps, et qu’il va falloir passer entre les gouttes. Mais ce dont je suis sûr, c’est que les services web sont importants. Alors
après, savoir quelles normes gagneront… Quelques briques essentielles ont déjà été définies, telles que SOAP (Simple Object Access Protocol, protocole d’invocation des services web) et WSDL (Web Services Definition Language, langage de
description des services web).Mais, selon certains spécialistes, les services web posent tout de même des problèmes du point de vue de la sécurité et de la confidentialité des informations contenues dans le système d’information.Nous aurons des surprises, c’est certain. Mais nous ne sommes pas paranoïaques : nous ne sommes ni une industrie du nucléaire, ni une banque. J’ai tout de même fait procéder à un audit par une société indépendante et renforcé
la sécurité de quelques secteurs du système d’information. Reste que la plupart des problèmes de sécurité sont en général dus à des malveillances internes, pas à des technologies.Cependant, votre direction générale doit bien savoir que le domaine n’en est qu’à ses balbutiements. Comment êtes-vous arrivés à faire passer ce projet ?La direction générale ne s’en est pas mêlée, car c’est dérisoire d’un point de vue budgétaire : cela ne nous a pas coûté 20 millions d’euros, seulement quelques dizaines de milliers ! Même si ce projet est plus qu’une simple
maquette, il ne s’agit, pour l’instant, que d’un service web aux fonctions bien délimitées. Mais je n’ai pas préparé cela dans mon coin non plus. Je leur ai fait une présentation sur les services web et le web sémantique (*). Je pense qu’ils n’en
saisissent pas encore tout le potentiel. C’est compréhensible. Même pour nous, ces techniques ne sont pas faciles à appréhender.(*) Selon le W3C, ‘ le web sémantique est une vision : c’est l’idée d’avoir des données sur le web définies et reliées entre elles de façon à ce qu’elles soient utilisées par les machines. Pas seulement dans un
simple but d’affichage, mais aussi pour leur automatisation, intégration et réutilisation dans de multiples applications. ‘

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Renaud Edouard