Passer au contenu

” Deutsche Telekom ne nous a rien imposé “

Passé dans le giron de Deutsche Telekom, Siris, le troisième opérateur français, affiche une belle progression de son activité.

En France, Deutsche Telekom possède Siris, Club-Internet et la filiale française de Debis Systemhaus. Mais ces sociétés ne semblent pas beaucoup collaborer ensemble. Pourquoi ? Il faut donner du temps au temps. Entre le rachat d’une société et la réalité de son intégration, il se passe des mois. Concernant Siris, la première année du rachat a été un test. Nous avons prouvé aux Allemands qu’ils pouvaient nous accorder leur confiance en réalisant un chiffre d’affaires de plus de 1 milliard de francs en 2000 contre 740 millions en 1999. Aujourd’hui, nous menons vingt-deux projets avec Deutsche Telekom. De la même façon, nous travaillons avec Club-Internet : il nous achète des minutes, et nous préparons des services communs. Avec Debis, nous sommes moins avancés. Mais c’est parce que les Allemands sont des gens prudents, et qu’il a fallu attendre que tout soit signé. Deutsche Telekom a voulu laisser à chaque entreprise son dynamisme et sa souplesse. Mais la marque Deutsche Telekom sera de plus en plus mise en avant.Deutsche Telekom a-t-il imposé des changements à Siris ? Nous avons eu la chance de trouver en Deutsche Telekom un opérateur qui a fait le choix de la continuité. Le management a été confirmé. Et c’est nous qui avons réclamé l’arrivée du directeur de la stratégie allemand, Alexander Rupp.Quel bilan tirez-vous de votre rachat ? Quand nous sommes allés voir Deutsche Telekom au moment du rachat, il nous a demandé de foncer, sans pour autant faire tout et n’importe quoi. Pour lui, la France était un pays prioritaire. Ainsi, cette année, nous avons investi entre 500 et 600 millions de francs, au lieu de 300 millions. Deutsche Telekom nous permet d’avancer notre plan d’affaires de deux à trois ans. Côté services, l’opérateur allemand nous a fait gagner du temps. Par exemple, il nous a apporté un contrat avec Horizon Software, un ASP de bureautique. Nous commercialiserons donc en fin janvier une offre avec Office 2000 de Microsoft. Cela nous a demandé trois mois au lieu de six. Et en matière de commerce électronique et de places de marché interentreprises, notre prochaine étape, nous bénéficierons de l’accord entre Deutsche Telekom et Commerce One.Vous dites la France prioritaire pour Deutsche Telekom. Mais, celui-ci a pour l’instant renoncé à y concourir pour l’UMTS. Deutsche Telekom a renoncé à l’UMTS parce qu’il serait entré sur le marché des mobiles sans disposer d’une base de clients. Mais nous considérons toutes les options, comme nous le faisons avec la boucle locale radio en achetant de l’accès aux propriétaires de licences.Justement, avez-vous digéré votre échec dans la boucle locale radio ? Nous avons choisi de ne pas attaquer la décision de l’ART (Autorité de réglementation des télécommunications). Les licences de boucle locale radio ont été décernées à de nouveaux venus. L’ART a préféré écouter ceux qui faisaient des promesses illusoires. Mais, ce qui m’inquiète, c’est de voir que les engagements pris ne seront sans doute pas tenus. Certains promettaient un déploiement deux fois plus rapide que nous, alors que nous avons une meilleure connaissance du terrain.Concernant le ” dernier kilomètre “, c’est-à-dire l’accès direct à l’abonné, allez-vous opter pour le dégroupage ou pour l’achat de capacité aux opérateurs de boucle radio ? Je n’ai pas de dogme. La boucle locale radio permet des choses que n’autorise pas le dégroupage, et inversement. La BLR, par exemple, est souple. Mais elle n’évoluera jamais autant que les infrastructures fixes, comme les fibres. Nous achèterons de l’accès radio partout où cela sera compétitif. Quant au dégroupage, nous y investirons 4 milliards de francs sur plusieurs années, sous réserve de rentabilité. On peut, en effet, s’inquiéter sur son développement. L’offre de France Télécom a été un véritable pied de nez. Et cette désinvolture de l’opérateur historique affecte le marché. Pourquoi est-il l’un des plus chers d’Europe ? Le prix de la colocalisation est cent à mille fois plus élevé que dans d’autres pays. C’est comme avec le marché américain. Au début, personne ne s’est jeté sur le dégroupage, car il était trop onéreux.Votre absence lors de la dernière édition parisienne de Networld Interop a surpris. Vous avez opté pour un stand virtuel sur internet. Pourquoi ? A la fin de la précédente édition d’Interop, j’avais émis des doutes sur ce type de grand salon. Il faut parfois aller au bout de ses idées et décider de ne pas y participer. Mais il était impensable d’être totalement absent. Nous avons donc opté pour un stand virtuel. Cependant, notre absence d’Interop ne signifie pas que nous n’irons plus sur les salons.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Guillaume Deleurence