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Désarroi aux États-Unis

Au salon Interop d’Atlanta, tout s’arrête d’un coup. La net économie s’interroge…

Sur les lèvres du PDG de Novell, Jack Mesmann, le sourire s’efface au fur et à mesure que ses collaborateurs, à l’issue de la conférence de presse qu’il vient de donner au salon Interop d’Atlanta, lui font part de la tragédie qui vient de frapper New York. Il est dix heures et demie du matin ce mardi. Au plus important salon informatique de la côte Est des États-Unis, la nouvelle a provoqué l’arrêt presque complet de l’activité. Téléphone à l’oreille, le visage fermé, les visiteurs se pressent vers les sorties. Sur les téléviseurs, qui diffusent d’habitude les comptes rendus des conférences ou les promotions des constructeurs, les mêmes images d’ABC News reviennent. Le premier avion, puis le deuxième. Et la fumée qui s’échappe du Pent agone.

La consommation menacée

La plupart des sites web sont saturés, tout comme les services de messagerie, par ligne fixe ou sans fil. Les forums de discussions (IRC) prennent le relais. Avec une série de témoignages vécus. Ils auront cependant du mal à faire oublier qu’en parallèle de l’annonce de la mort en vol de Daniel Lewin, le directeur technique d’Akamai, figure la dernière cot ation du titre en Bourse. Sur le site Cnet.com, un article évoque la possible mise en cause du système d’information du département d’État américain. ” Trop vétuste “, explique le journaliste, avant de lister les quelque dix rapports de commissions d’enquêtes qui avaient préconisé le renouvellement du parc informatique du ministère des affaires étrangères américain. Il rappelle que Colin Powell avait promis 200 millions de dollars à cet effet. Sur un plan économique, les analyses sont encore rares. ” C’est pire que la guerre du Golfe “, confie Josh, un journaliste new-yorkais venu assister au salon. Selon lui, il faut s’attendre à une réduction de la consommation, des voyages, des loisirs. Un sale coup pour une économie américaine déjà mal en point, conclut-il.

Un espoir de croissance qui s’envole

Pour les économistes, les 0,2 % de croissance du dernier trimestre ?” le pire depuis 1993 ?” ne présageaient déjà rien de bon. Mais avec l’attentat, l’espoir d’une croissance de 1,5 % des achats de biens domestiques sur ce dernier trimestre de l’année s’envole. ” Les consommateurs ne sont pas le principal souci, objecte Peter Navaro, professeur en économie de l’université d’Irvine [en Californie, ndlr]. C’est la productivité industrielle et commerciale qui est touchée “. En question, également, les possibles réactions des investisseurs. Qu’ils se retirent en masse de certains marchés, et l’inflation ne peut que suivre, estiment plusieurs analystes. ” Pour l’instant, ce qui m’intéresse, c’est l’impact de ces événements sur mes employés, a dit Carl Guardino, CEO du Silicon Valley Manufacturing Group dans une interview accordée au San Jose Mercury News. On peut toujours se refaire financièrement. Mais on ne remplace pas les vies perdues. “(*) à Atlanta

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Paul Philipon-Dollet(*)