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Wall Street : un redémarrage incertain

Touché en plein c?”ur, le système financier mondial fonctionne au ralenti depuis mardi. L’autorité boursière américaine (SEC) a maintenu la suspension des cotations jusqu’à vendredi au plus tôt, lundi au plus tard. Cependant, le bilan humain, psychologique et matériel de l’attaque terroriste pèsera durant de longs mois sur l’activité économique.

” Si suspendre le système financier était vital pour nous, il est désormais essentiel de le rouvrir “, écrivait jeudi Floyd Norris, éditorialiste dans le
New York Times
. Rouvrir Wall Street est devenu un enjeu majeur aux Etats-Unis après l’attaque terroriste de mardi contre le complexe du World Trade Center (WTC).Mercredi soir, le gendarme de la Bourse américaine (SEC), en concertation avec les autorités fédérales et les établissements financiers, a prudemment décidé de fermer le New York Stock Exchange (NYSE) et le Nasdaq, où sont échangés les titres des sociétés high-tech, jusqu’à vendredi au plus tôt, lundi au plus tard.De son côté, l’American Stock Exchange (Amex), spécialisé dans les marchés de produits dérivés, devra déménager provisoirement. En effet, l’immeuble a été endommagé par la chute de débris provenant du WTC.Richard Grasso, président du NYSE, a donné, mercredi soir, son feu vert à une réouverture du marché obligataire. Cette décision était assortie d’une période probatoire de six heures ce jeudi. En effet, les financiers pourront transiger les obligations jusqu’à 14 heures uniquement (heure de New York). Passé ce laps de temps, les dirigeant du NYSE se réuniront pour juger du bon fonctionnement du système.Les sites d’information américains assuraient, vers 14 h 30 (heure de Paris), que la réouverture du marché obligataire s’effectuait en bon ordre. Par ailleurs, les investisseurs ne se sont pas rués, comme beaucoup le craignaient, sur ces valeurs refuges.

L’impact psychologique mal évalué

En dépit de ces informations rassurantes, la reprise des cotations est toutefois périlleuse.
Cela va être difficile, mais je pense que nous pouvons le faire “, estimait Rudolph Giulani, le maire de New York mercredi soir.En temps normal, Wall Street emploie environ 200 000 personnes, dont une partie travaille au World Trade Center. Selon le
Washington Post
, 15 % de la surface en bureaux du centre de New York, à savoir 15 millions de mètres carrés, ont été touchés directement (effondrement du WTC) ou indirectement par l’acte terroriste.Hardwick Simmons, président du Nasdaq, déclarait mercredi soir que dix-neuf maisons de courtage sur les trente-deux que compte le World Trade Center n’avaient pas répondu aux communications du Nasdaq. De Morgan Stanley à Salomon Smith Barney, en passant par Marsh & McClenman et Fred Alger Management, nombre d’établissements financiers occupaient les différents étages des Twins Towers.Dans ces conditions, la SEC a préféré fermer les Bourses de New York pour le troisième jour consécutif afin d’éviter tout mouvement de panique sur les marchés financiers, du fait de l’absence de certains courtiers, et de la modification des conditions de travail.

Wall Street coupé du monde

L’effondrement du bâtiment annexe dénommé 7 World Trade Center risque également de nuire au bon fonctionnement des marchés financiers. Si les trois cents employés ont sans doute pu être évacués à temps, la SEC a déploré la perte d’archives, principalement les dossiers d’introductions en Bourse de la fin des années 1990. Des agences fédérales et des cabinets d’avocats sont également dans la même situation.Verizon, l’opérateur téléphonique dominant dans cette zone de New York, a affirmé mercredi que 80 % du réseau voix et données de l’île de Manhattan était hors service. La société de télécommunications devait rencontrer les autorités du NYSE et du Nasdaq jeudi, afin de discuter d’une remise en service progressive du réseau.Une opération toutefois complexe puisque le rétablissement de l’électricité et du téléphone pourrait mettre en péril la vie des sauveteurs qui tentent d’extraire des survivants des bâtiments du World Trade Center.

Les banquiers centraux attendus

Privés du principal baromètre, les marchés financiers internationaux se sont tout naturellement retournés vers les banques centrales américaine, européenne et japonaise.La réserve fédérale américaine (FED) notait mercredi que les pertes humaines et l’absence de moyens de communication à New York pouvaient porter atteinte au système financier. Une menace prise suffisamment au sérieux pour que la banque centrale injecte 38,25 milliards de dollars dans l’économie.Pour sa part, la Banque centrale européenne (BCE) mettait à disposition des banques privées et commerciales une enveloppe de 60 milliards de dollars, et la Banque du Japon une somme de 17 milliards de dollars.Une baisse des taux d’intérêts concertée et mondiale serait également à l’étude.Enfin, le président George W. Bush et le Congrès (pouvoir législatif) se sont mis d’accord dès mercredi sur l’octroi d’une somme de 20 milliards de dollars en vue de lutter contre les effets de l’attaque terroriste.Ces gestes sont censés rassurer les banques et les maisons de courtage, qui sont très tendues à l’approche de la réouverture des marchés financiers américains, probablement lundi.
Il est très difficile de s’exprimer en ce moment, d’autant que les marchés américains sont fermés “, répondait une chargé de la communication à BNP Paribas, jeudi. Des propos identiques à ceux des autres grandes banques françaises qui se refusent à tout commentaire jusqu’à présent.

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Gérald Bouchez