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Demain, tous fliqués ?

Demain, notre utilisation de l’informatique pourrait être aussi surveillée et contrainte que l’imaginaient certains auteurs de science-fiction. Seule inconnue : qui organisera ce flicage ?

Saviez-vous que le logiciel de mise à jour de Windows, WindowsUpdate, est aujourd’hui capable d’envoyer à Microsoft la liste complète des
logiciels présents sur votre ordinateur ? Saviez-vous qu’en installant la dernière mise à jour de Windows Media Player, vous avez, sans vous en rendre compte,
accordé à Microsoft le droit d’installer sur votre machine tous les composants nécessaires à la lutte antipiratage ?Saviez-vous que les principaux industriels de l’informatique, regroupés au sein de l’association
TCPA (Trusted Computing Platform Alliance), préparent déjà une puce qui pourrait contrôler les périphériques installés sur votre machine, voire les fichiers que vous
utilisez ?Très discrètement, le flicage de l’utilisateur d’appareils électroniques progresse. Il progresse comme l’annonçaient tous les romans de science-fiction que nous avons lus dans nos jeunes années. On n’y croyait pas tout à fait, on se
disait ‘ Là, il y va fort ‘, mais finalement les auteurs de science-fiction ont peut-être vu juste.Pour éviter le piratage, sécuriser nos ordinateurs, bref pour plein de raisons tout à fait louables, l’industrie informatique met doucement en place le flicage de nos activités informatisées. Après tout, moralement et socialement,
pourquoi pas, si le choix de la société est de fliquer les utilisateurs… C’est un choix, mais pas forcément le mien ou le vôtre.Mais c’est aussi un formidable moyen pour certains (suivez mon regard) de créer des monopoles. Si, demain, votre ordinateur n’accepte pas que vous y connectiez du matériel ‘ non autorisé ‘, qui sera perdant ? Le fabricant
du matériel. Si, demain, seuls certains programmes sont autorisés à fonctionner sur votre machine, qui sera perdant ? Les développeurs de ces logiciels non autorisés.Et c’est bien là, aussi, que réside toute la problématique du flicage. Car si le flicage est conçu par ceux qui l’organisent comme un moyen d’étouffer toute concurrence, il renforcera encore leurs pouvoirs économiques. En clair, la
question du flicage ne se résume pas simplement à ‘ Faut-il fliquer ou pas ? ‘. Cette question me semble d’ailleurs déjà tranchée (suis-je pessimiste ?).La question juste derrière est ‘ Qui organise le flicage ? ‘. L’État (comme en Chine ?), des grandes sociétés comme IBM (avec des puces dans ses machines), Microsoft (avec des espions dans ses
logiciels), Verisign (avec ses systèmes d’identification), ou qui d’autre ?Et de la réponse qui sera faite à cette question dans les cinq prochaines années dépendra le développement du monopole économique de certains acteurs du monde informatique.* Rédacteur en chef adjoint de L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique jeudi 27 mars

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Alain Steinmann*