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Dans la jungle des graveurs de DVD

Les graveurs de DVD arrivent à peine sur le marché que déjà on s’y perd. Il existe pas moins de quatre types de graveurs et de DVD ! Alors lequel choisir ? Nous avons posé la question au graveur en personne. . .

Vous faites partie d’une famille nombreuse…

Notre géniteur, un groupement international de constructeurs appelé DVD Forum, est effectivement très prolifique : il a déjà donné naissance aux lecteurs de DVD-Rom, DVD-Vidéo et autres DVD audio.Mais ces premiers enfants avaient des limites : ils ne pouvaient que lire les informations contenues sur des disques préalablement enregistrés. Ma génération, celle des graveurs, permet à tout un chacun d’écrire sur des disques vierges. Nous sommes nombreux, certes, mais très différents. Il y a même parmi nous un enfant bâtard.

Expliquez-vous !

Commençons par le commencement, c’est-à-dire les lecteurs de DVD. Ils ne peuvent lire que des DVD pressés en usine. Sur ces disques, se trouve une piste en colimaçon partant du bord extérieur pour aboutir au centre. Cette piste se compose d’une longue suite de cuvettes et de bosses minuscules. Quand vous mettez le disque dans un lecteur de DVD, un faisceau laser est dirigé vers cette piste, puis réfléchi vers une diode qui analyse la lumière renvoyée. Le passage d’un creux à une bosse produit un ” 1 ” et, le reste du temps, la valeur est ” 0 “. l’ordinateur traduit ensuite ces séries de chiffres en textes, images, sons, vidéos… Ce mode de fonctionnement est en tous points identique à celui des lecteurs de CD. Vous suivez ?

Parfaitement. Et pour graver un DVD, vous faites comment ?

Pour reproduire sur un disque dont la piste est vierge (c’est-à-dire lisse) les creux qui permettent de créer des ” 0 ” et des ” 1 “, j’utilise aussi un faisceau laser. Mais le mien ne se contente pas d’interpréter la façon dont la lumière est renvoyée. Il chauffe à température élevée les endroits de la piste où se trouvent normalement les cuvettes, créant une série de points calcinés qui, plus tard, seront perçus par le faisceau laser du lecteur de DVD comme des creux. Là aussi, le principe est à peu près le même qu’avec les CD vierges.

Mais alors, quelle est la différence entre un graveur de CD et un graveur de DVD ?

Il y a en fait deux grandes différences : la longueur d’onde du laser et l’ouverture des lentilles qui concentrent le rayon. Pour graver un CD-R, on utilise un laser infrarouge dont la longueur d’onde est de 780 nm (millionième de mètre), alors qu’avec un DVD-R, on emploie un laser rouge avec une longueur d’onde de 635 nm. L’ouverture (qui correspond un peu à l’ouverture d’un appareil photo) passe de 0,5 à 0,6. Ces informations techniques vous parleront sûrement mieux si je vous dis que cela permet de faire des marques de 0,4 micron sur les DVD, contre 0,834 micron avec un CD.

Et c’est tout ?

Non. Les DVD ayant le même diamètre que les CD, mais pouvant contenir sept fois plus d’informations, il a fallu augmenter la vitesse de gravure. Si je me contentais du taux de transfert minimal (appelé 1X) d’un graveur de CD (150 Ko/s), il me faudrait plus de huit heures pour graver un DVD simple face de 4, 7 Go ! Mon taux de transfert en 1X est heureusement plus élevé (1,385 Mo/s), ce qui réduit le temps de gravure à un peu moins d’une heure. Il s’ensuit que, si je grave en 2X, il ne faut plus qu’une demi-heure, et un quart d’heure en 4X.

Vous pourriez peut-être nous expliquer maintenant à quoi correspondent les divers types de graveurs ?

Le plus simple est de commencer par le graveur de DVD-R. Il peut graver aussi bien des données informatiques que des films au format DVD-Vidéo sur des disques vierges d’une capacité de 3,95 ou 4,7 Go. Ces derniers conviennent idéalement pour qui veut graver des DVD-Vidéo. Car les DVD-R, une fois gravés, peuvent être lus par les lecteurs de DVD-Rom des PC et par les lecteurs de DVD de salon.Notez que le graveur de DVD-R utilise une technique appelée CLV (Constant Linear Velocity, en français : vitesse de rotation linéaire constante). Cela signifie que, pour conserver la même vitesse de gravure d’un bout à l’autre du disque, celui-ci tourne plus vite quand on grave au milieu (où la piste est plus courte) que quand on grave près du bord extérieur (où la piste est plus longue). Mais ce type de graveur, à peine né, est déjà à l’article de la mort. Les graveurs de DVD réinscriptibles le condamnent irrémédiablement à disparaître.

Là encore, c’est comme pour les graveurs de CD ?

Eh oui, à cette différence près qu’il y en a trois sortes différentes, et c’est là que les choses se compliquent ! Le plus ancien est le graveur de DVD-Ram. Commercialisé depuis plus de deux ans, il est bien rôdé et offre une grande capacité de stockage : il peut être gravé sur ses deux faces, chaque face contenant 4,7 Go, ce qui fait un total de 9,4 Go. Mais il a des inconvénients : la gravure sur les deux faces les rend fragiles à manier. On les enferme donc dans une cartouche (ou caddy), une boîte en plastique munie d’un dispositif qui s’ouvre quand on l’insère dans le graveur, un peu comme les disquettes. Même les DVD-Ram simple face sont enfermés dans ces boîtes. Du coup, les DVD-Ram ne peuvent pas être lus par les lecteurs de DVD : il faut un lecteur de DVD-Ram, ou le graveur lui-même. Cette limitation réserve les graveurs de DVD-Ram aux entreprises, qui s’en servent pour archiver leurs données. Mais les choses pourraient changer : les plus chauds partisans du DVD-Ram, Toshiba, Panasonic et Hitachi, annoncent l’arrivée prochaine de lecteurs de DVD de salon capables de lire les DVD-Ram.

Et les autres ?

Je vous l’ai dit, l’affaire se complique. Les DVD réinscriptibles n’en sont qu’à leurs premiers pas, mais on est sûr qu’ils remplaceront dans quelques années les cassettes vidéo, et les graveurs prendront la place des magnétoscopes. Ils suscitent donc bien des convoitises. Et ce qui devait arriver arriva : à côté du graveur de DVD-RW, rejeton officiel du DVD Forum soutenu surtout par Pioneer, est apparu un concurrent, le graveur de DVD+RW. Ce dernier est promu par un groupe de constructeurs dissidents (HP, Mitsubishi, Philips, Ricoh, Sony et Yamaha), par ailleurs membres du DVD Forum, mais bien décidés à tirer les marrons du feu à leur profit exclusif.

Qu’est-ce qui différencie ces frères ennemis ?


Parlons d’abord de ce qui les rapproche : ils utilisent des disques vierges d’une capacité de 4,7 Go, ce qui, je le rappelle, est la capacité normale des DVD-Vidéo. L’ennui est qu’il est impossible d’enregistrer un DVD-RW avec un graveur de DVD+RW, et vice versa. Pour se justifier, les partisans du DVD+RW avancent que leurs disques gravés ont moins de risques de ne pas être reconnus par les lecteurs de DVD de salon que leur concurrent (qu’ils appellent ironiquement ” DVD moins RW “), car le mode de fonctionnement des graveurs de DVD+RW utilise le même système de correction d’erreurs que les lecteurs de DVD de salon.

Et que répliquent les autres ?

La main sur le c?”ur, les constructeurs assurent eux aussi que leurs DVD-RW peuvent être lus aussi bien par les lecteurs de DVD-Vidéo de salon que par les lecteurs de DVD-Rom des ordinateurs.Mais soyons honnête, il est encore trop tôt pour savoir s’il y a sur ce point une vraie différence entre les deux technologies. Malgré quelques démonstrations concluantes de la part des constructeurs, il reste encore pour tout le monde bien des problèmes de compatibilité, surtout avec les DVD-Vidéo de salon qui ne sont pas de dernière génération. Mais dans la course-poursuite engagée, bien malin qui peut dire aujourd’hui quel sera le vainqueur !

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Propos virtuels recueillis par Jean-Loup Renault