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Daniel LeBourhis (Meta Group) : ” Les entreprises ne peuvent pas faire le gros dos en attendant… “

En période de ralentissement, les entreprises ne remettent pas en cause l’apport des technologies, et les plus réactives préparent déjà la reprise.

Daniel LeBourhis, président du Meta Group, société de conseil et d’analyses en technologies de l’information, observe que les dirigeants d’entreprise s’intéressent davantage aux investissements technologiques. En termes de coûts et de stratégie.

Le Nouvel Hebdo :
Comment analysez-vous le ralentissement économique ?
Daniel LeBourhis : Il n’y a pas eu de surinvestissement technologique en Europe, donc il n’y a aucune raison pour que nous connaissions un ajustement aussi brutal qu’aux États-Unis. La récession annoncée ?” et, dans ce domaine, les médias font preuve d’une certaine pugnacité ?” se fonde essentiellement sur des anticipations. Pour résumer : on est sûr que cela va arriver et, par conséquent, cela arrive.Quel est le niveau du surinvestissement technologique aux États-Unis ? Le rapport des investissements entre les États-Unis et l’Europe est de un à deux. Les entreprises européennes et, en particulier, les entreprises françaises, ont été plus prudentes sur certains investissements, comme dans l’ERP [progiciels de gestion intégrés, ndlr]. C’est dû en partie à la plus petite taille des entreprises et à la croissance soutenue outre-Atlantique. Le problème, c’est que les Américains investissent comme ils restructurent, c’est-à-dire très brutalement. Quel jugement portez-vous sur la volonté de Serge Tchuruk de transformer Alcatel en entreprise sans usine ? Les entreprises françaises ne disposent pas de la même latitude sur le plan social que les entreprises nord-américaines. Il est plus facile de faire un plan social en revendant des usines qu’en licenciant des salariés. En matière de stratégie ” fabless “, Serge Tchuruk n’a rien inventé. Dans le secteur électronique, la création de valeur se fait en amont, avec les technologies et dans les brevets, et en aval, avec le service client. Entre les deux, l’entreprise fabrique si elle ne peut faire autrement. IBM n’a encore trouvé personne pour produire mieux et moins cher des AS 400. Mais la société n’est plus un constructeur d’ordinateurs : elle est devenue un monstre de services et une gigantesque direction de R&D. Reste que la compétitivité d’Alcatel passe d’abord par l’acceptation de ses technologies par le marché et non par sa stratégie d’entreprise sans usine. Quels sont les process et les technologies qui vont être privilégiés dans cette période d’incertitude économique ? Le “buy & supply” devrait prendre le pas sur le ” sell & services “. C’est-à-dire la mise en ?”uvre d’une fonction logistique au meilleur coût, plutôt qu’un développement des ventes. Dans le secteur de l’exploitation, pour les mêmes raisons que le ” fabless “, nous allons assister à une montée en puissance de l’infogérance. Mais, les entreprises doivent garder le contrôle sur la définition et le design des systèmes : paramétrer un SAP reste porteur de valeur. Dans les technologies, on voit des standards émerger, comme le XML.

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Propos recueillis par Jean-Jérôme Bertolus