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Craig Conway (Peoplesoft): ” Le marché du progiciel s’articulera autour de 5 à 6 éditeurs globaux “

Optimiste, en définitive, quant à sa croissance et à la reprise économique, le patron de Peoplesoft entend être un acteur de la restructuration du secteur.

Après une période difficile à la fin des années 1990, Peoplesoft est repassé à l’offensive et gagne des parts de marché hors de son c?”ur de métier, les progiciels de gestion intégrés. Comment conserver l’avantage ? La clé est d’innover, et ce continuellement. C’est ce que nous avons fait en basculant totalement notre architecture logicielle sur internet, et cela nous a permis d’inverser la tendance. Nos concurrents, SAP ou Oracle, vont probablement en faire autant, mais d’ici à ce qu’ils aient franchi le cap et mis à jour la totalité de leur base installée, nous aurons développé de nouveaux produits. Dans nos résultats 2001, nos nouvelles offres ?” gestion de la relation client ou portails d’entreprises ?” représentent déjà une part significative de notre chiffre d’affaires.Dans l’internet grand public, on compte sur les doigts d’une main ceux qui ont réussi à s’imposer…Ce n’est pas la même chose dans la sphère du logiciel d’entreprise. Il y a deux ans, Ariba et Commerce One faisaient partie des entreprises les plus valorisées au monde, alors que nous arrivions à peine à attirer l’attention sur nous. Aujourd’hui, les choses ont changé. Cela tient aux évolutions que ces progiciels, s’appuyant sur internet, apportent aux entreprises. C’est-à-dire le ” temps réel “, car les clients, fournisseurs et employés sont connectés au c?”ur des processus de l’entreprise. Cette révolution est trop cruciale pour être confiée à de petits éditeurs de logiciels dont la pérennité n’est pas assurée. Si vous offrez à vos clients la possibilité d’entrer eux-mêmes leurs commandes, d’accéder aux stocks, à leurs factures, de les régler, tout ça en temps réel, votre entreprise ne peut pas s’exposer à une panne de son portail. C’est comme si tous les distributeurs de billets de Paris étaient hors service. Même une heure !Cela veut-il dire qu’il n’y a pas de place pour de nouveaux entrants dans l’industrie logicielle ? Pas exactement. Ils ont leur place, mais leur parcours passe souvent par une acquisition par des poids lourds. C’est pareil dans d’autres secteurs. La pharmacie par exemple, à côté de géants comme Glaxo Smithkline ou Bayer, il y a de petits laboratoires qui travaillent sur de nouveaux produits. Dès que cela devient prometteur, du genre ” ça devrait permettre de guérir le cancer “, ils contactent les gros pour se faire acheter. En fait, la consolidation est en marche dans le secteur du logiciel d’entreprise. Si on y réfléchit, il est parmi les derniers à le faire, et devrait, à terme, s’articuler autour de cinq à six éditeurs globaux.Sans être un nouvel entrant, Peoplesoft n’a pas 15 ans d’existence. Son parcours ne peut-il plus être imité ? Il est très peu probable que de petites entreprises logicielles deviennent de grands groupes. À la fin des années 1980, quand Peoplesoft a vu le jour, le créneau de l’équipement logiciel des entreprises était éclaté en îlots, comme celui du management des ressources humaines. Ce qui a changé, c’est que les processus de l’entreprise sont aujourd’hui complètement intégrés. Pour prendre un autre exemple, la gestion de l’approvisionnement est désormais très liée à la gestion de la relation client, comme les questions financières…Peoplesoft a eu du mal à digérer sa croissance à la fin des années 1990. Participer à la restructuration du secteur ne va-t-il pas reproduire ces difficultés ? Jusqu’en 1999, le problème venait du fait que nous n’étions pas préparés à de brutales variations de notre rythme de croissance. En revanche, ces trois dernières années, nous avons prouvé, chaque trimestre, que nous savions maintenant tenir nos prévisions. Et je parle bien entendu de tenir des prévisions positives. Certes, la valeur de l’action a beaucoup fluctué. Mais cela tient presque de l’irrationnel. La performance de Peoplesoft a été plus prévisible et plus stable que celle des autres entreprises du secteur, voire de tout l’univers des technologies.Comment se profile l’année 2002 ? En présentant vos résultats semestriels, en janvier, vous parliez de ” reprise modérée “…J’ai fait une erreur. Ou je ne me suis peut-être pas exprimé clairement. Lors de la présentation des résultats, j’ai dit que, pour cette année, je prévoyais une croissance de 15 % de notre chiffre d’affaires avec une reprise modérée de l’économie. Tout le monde a compris que cet objectif ne pourrait être atteint que si la croissance, même modérée, était au rendez-vous. Résultat, mes propos ont été perçus comme pessimistes. Alors que, au contraire, je voulais souligner que nous n’aurions pas besoin d’une reprise, même modérée, pour tenir notre objectif. De surcroît, aujourd’hui, tous les signes annonciateurs d’une forte reprise de la croissance concordent. Les stocks des entreprises sont à leur plus bas niveau depuis longtemps et les taux d’intérêts sont les plus faibles depuis 25 ans. Les entreprises vont donc recommencer à dépenser et à investir. Si tous ces éléments s’enchaînent, comme je le crois, notre scénario de 15 % sera donc largement dépassé.

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Maxime Rabiller