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Courtage en ligne : les Allemands maîtres du jeu ?

Contraints de se consolider, les courtiers allemands pourraient se lancer à l’assaut de leurs homologues français. Le modèle économique de ces derniers, qui repose sur les marchés en actions, est devenu un handicap depuis l’e-krach du printemps 2000.

Il aura suffi d’une rumeur pour mettre le feu aux poudres. Le quotidien économique allemand
Handelsblatt
rapportait mardi dernier que la Société générale céderait d’ici à la fin de l’année sa filiale de courtage en ligne Fimatex. Conséquence logique, le cours de l’établissement financier en ligne s’envole de 15 % à la Bourse de Paris.Pour les analystes, ces bruits de couloirs, auxquels ils accordent un certain crédit, sont le signe que la concentration tant attendue dans le secteur du courtage en ligne va enfin pouvoir débuter. Cela signifie aussi que l’ampleur du mouvement de consolidation risque de dépasser les attentes des spécialistes, et surtout se faire au détriment des acteurs hexagonaux.Pour preuve, Fimatex est l’un des tout premiers e-brokers de l’Hexagone puisqu’il revendique au 30 juin 104 412 comptes ouverts, dont 69 940 en France ?” soit une part de marché de 14,6 % selon les chiffres publiés par l’association Brokers On Line.La valorisation de Fimatex, en dépit d’une chute de son cours de près de 50 % depuis le début de l’année, avoisine aujourd’hui 736 millions d’euros ?” dont 184 millions d’euros au titre de sa valorisation boursière. En effet, le capital de Fimatex reste contrôlé à ce jour par la Société générale et sa filiale FIMAT SNC à hauteur de 75 %.Dans ces conditions, les candidats à la reprise seraient donc peu nombreux. Il s’agit en l’occurrence des trois acteurs allemands Comdirect, Consors ou DAB, ou d’un acteur américain du type E*Trade et Charles Schwab.Les responsables de Fimatex affirment toutefois qu’une cession n’est pas à l’ordre du jour. ” La presse allemande évoque une concentration à partir des réflexions que peuvent avoir actuellement les trois gros acteurs allemands du secteurs, estime Frédéric Le Coz, directeur général de Fimatex. De notre côté, nous estimons qu’en tant qu’acteur principal du marché, nous ferons également partie des acteurs de la consolidation. “

Le nombre d’ordres à son plus bas depuis décembre 1999

Cette rumeur confirme cependant que les courtiers français ne pèsent pas lourd face à leurs concurrents allemands. A titre d’exemple, le numéro un outre-Rhin, Comdirect, revendiquait à lui seul 631 000 comptes ouverts au 30 juin, contre un cumul de 478 400 comptes pour les 21 membres de l’association Brokers On Line. Consors totalisait pour sa part 539 850 comptes à l’issue du premier trimestre, et DAB 500 950 à la fin juin.Le ralentissement du nombre d’ouvertures de comptes concerne également plus la France que l’Allemagne. Ainsi, celles-ci ont progressé de 19,6 % au premier semestre 2000 chez DAB, contre 15,3 % pour les courtiers adhérents de Brokers On Line, et à peine 8,3 % pour Fimatex.Il faut ajouter à cela le nombre d’ordres exécutés qui, selon Brokers On Line, sont tombés à leur plus bas niveau depuis décembre 1999 à l’occasion du mois de juin. L’association recensait 599 500 ordres exécutés on line en juin 2001 ?” soit une moyenne de 1,25 ordre par mois et par compte, très loin des 1,090 million de mouvements encore enregistrés au mois de janvier 2001 (soit 2,53 ordres), ou du record de mars 2000 avec 1,333 million (soit 6,51 ordres).En conséquence, la part de marché des courtiers en ligne sur le nombre total d’ordres exécutés est passée de 25,3 % en avril 2000 à 16,4 % à la fin juin 2001.” Nous avons enregistré une nette baisse d’activité au premier semestre, confirme Juliette Brisac, directrice financière et de la communication à Cortal, qui officialisera ses résultats sur six mois en même temps que sa maison mère BNP Paribas cette semaine. Le nombre d’ordres par compte et par an atteint désormais une moyenne de 9 à 10 ordres sur les six premiers mois de l’année 2001, contre 23 en 2000. “

Développer l’épargne de long terme

De son côté, le marché allemand du courtage en ligne apparaît moins dégradé que son homologue français à l’issue du premier semestre. ” La taille du marché est plus importante qu’en France, remarque tout d’abord Juliette Brisac. Ensuite, les indices boursiers allemands se sont moins dépréciés que ceux de la Bourse de Paris. “Les courtiers allemands tirent parallèlement avantage de leur positionnement sur l’épargne à long terme. ” Les courtiers qui proposent des produits d’épargne à long terme comme Charles Schwab ou DAB résiste aujourd’hui mieux que ceux dont le modèle économique repose sur les comptes à termes (les marchés en actions) “, ajoute Juliette Brisac.Aussi, sur les 12,9 milliards d’euros d’encours gérés par DAB à la fin du deuxième trimestre, 5,2 milliards provenaient de produits de placement à long terme.Cortal, qui revendiquait 156 000 comptes à la fin 2000, a adopté depuis longtemps la même stratégie puisque, sur les 7 milliards d’euros gérés, près de 79 % proviennent aujourd’hui de produits d’épargne à long terme.D’autres courtiers ont enfin tenté de se développer dans l’e-banking. Cela a été le cas de l’américain E*Trade qui totalisait 3,829 millions de comptes au 30 juin dont 435 000 pour son service de banque en ligne. Résultat : l’établissement financier gérait 53,4 milliiards de dollars, dont 7,7 milliards grâce au e-banking.Tout n’est pas perdu pour autant pour les courtiers en ligne français. Une étude récente de Dexia Securities estime que Fimatex est ” le plus sous-valorisé du secteur “. Inversement, la banque belgo-néerlandaise maintenait une opinion négative sur Comdirect et neutre sur Consors.













































































































 Les courtiers français trop petits pour s’attaquer à l’Europe (chiffres du premier semestre 2001)
     E*Trade (Etats-Unis)     DAB (Allemagne)     Fimatex (France) 
             
 Nombre de comptes     3,829 millions     0,5 million     0,104 million 
             
 Transactions exécutées en rythme annuel     46,4 millions     6,2 millions     3,4 millions 
             
 Nombre moyen annualisé de transactions par comptes     12,7 ordres/an     12,8 ordres/an     32,3 ordres/an 
             
 Encours gérés en milliards d’euros (dont marchés en actions)     50,5 millions d’euros + 8,5 M euros provenant de la banque en ligne     12,9 milliards d’euros (dont 7,7 en actions)     1 milliard d’euros (quasi-totalité en actions) 
             
 Produits d’exploitation au premier semestre     1,175 milliard d’euros     60,7 millions d’euros (au deuxième trimestre 2001)     34,8 millions d’euros 
 

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Gérald Bouchez